Alévisme

Ali ibn Abi Talib, compagnon et parent proche du prophète, est une figure importante dans l'alévisme (peinture par Hakob Hovnatanyan (en)). «Khamsa Al-i Aba», calligraphie alevi-bektachi représentant un visage humain dans lequel on peut lire Mahomet, Ali, Fatima Zahra, Hassan et Hussein. Représentation de Zulfikar, l'épée d'Ali. Les alévis bektachis attribuent la phrase suivante au prophète Mahomet, « Il n'y a pas de héros comme Ali, Il n'y a pas d'épée comme Zulfikar (lā fatā ʾillā ʿalī, lā saīf ʾillā ḏū-l-fiqār, لا فتى إلا علي لا سيف إلا ذو الفقار) ». Pour les alévis bektachis, Asadullah est le surnom donné par le prophète Mahomet à son gendre et cousin Ali. Asadullah signifie le Lion de Dieu. L'alévisme, le soufisme et le chiisme duodécimain considèrent Ali comme le détenteur des secrets divins et de la signification ésotérique de l'islam qui lui seraient transmis par Mahomet. Script ambigramme, où Mahomet محمد à l'envers est lu comme Ali علي, et vice versa. L'imam Ali est le gendre et cousin du prophète Mahomet.

L'alévisme (Alevilik en turc, Elewî en zazaki, Elewî en kurmandji, al ‘alawīyyah en arabe) regroupe des membres de l'islam dits hétérodoxes et revendique en son sein la tradition universelle et originelle de l'islam et plus largement de toutes les religions monothéistes. L'alévisme se rattache au chiisme duodécimain à travers le sixième imam (Dja'far al-sadiq) et à Haci Bektaş Veli, fondateur de l'ordre des bektachi dont la généalogie mythique remonte aussi au sixième imam. Il se classe dans les traditions soufies et ses croyances sont assimilables au panenthéisme et d'autres un courant « libéral » ou « progressiste » de l'islam dont les dogmes diffèrent de ceux du sunnisme et du chiisme dit jafarisme.

Haci Bektaş Veli, mystique philosophe de l'alévisme, est le fondateur éponyme de la confrérie des bektachis qui joua un rôle primordial dans l'islamisation de l’Anatolie et des Balkans. Le culte alévi bektachi, avec les apports de Haci Bektas Veli, véhiculent des idées qui sont présentées par la Turquie (délégation permanente de la Turquie à l'UNESCO) comme coïncidant huit siècles plus tard avec la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948). Le semah, cérémonie religieuse des alévis bektachi, est classé au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO.

Les Alévis considèrent aussi comme sacrés les livres de l'ancien et du nouveau testaments, ainsi que les écrits apocryphes.

Introduction

Le lieu de culte, le cemevi, signifie maison ou lieu du rassemblement, où nous pouvons constater la prière mixte (hommes et femmes mélangés). Leurs cérémonies religieuses s'accompagnent d'un système de mouvements circulaires sacré (le semah) au rythme du baglama. Leurs chefs spirituels, aussi bien des hommes (Dede) que des femmes (Ana), sont vus comme descendants du prophète Mahomet, des dignitaires bektachis élus par la communauté ou de grandes figures de la cause alevi. Le Coran est considéré comme le dernier livre saint envoyé par Dieu. « Dört kitabın dördü de Hak » est une formule soulignant le fait que les quatre livres saints (Coran, Bible, Torah et Livre des Psaumes) ont le même degré d'importance. Pour les alévis bektachi, les textes relatifs au foulard des femmes n'ont aucun caractère universel et ces textes sont, selon les conditions de notre époque, caducs ou non valides. De plus, la révélation de Dieu ne se limite pas aux textes sacrés. La science et le savoir sont les paroles divines inépuisables et se conformer au savoir c'est bénéficier de la révélation inépuisable de Dieu. Aussi, le premier devoir du véritable croyant est de « lire » pour augmenter ses connaissances et comprendre l'Univers. Par ailleurs, Dieu est en tout dans l'Univers, y compris en l'Homme. Aussi, l'initié doit aimer chaque création d'Allah et ne pas discriminer les êtres humains. L'amour du genre humain est l'essence de l'alévisme bektachisme qui croit en la manifestation du Créateur en l'Homme et donc en l'immortalité de l'Humanité (« Vech-i Âdemde tecelli eyleyen Allah'tır »). Contrairement à l'islam sunnite, qui reste fidèle à la langue du Coran dans tous les domaines de la vie religieuse, les alévis et les bektachi utilisent leur langue vernaculaire dans la liturgie. Ils sont très conservateurs de la langue turque et fidèles à leurs ancêtres turkmènes.

Partisans de la laïcité, ils s'opposent à toute intrusion du pouvoir temporel (politique) dans la sphère spirituelle (ou atemporelle) et inversement,. Cette laïcité s'appuie sur l'interprétation de la bataille de Kerbala en 680, où les troupes omeyyades vainquirent les partisans d'Ali. Pour les alevi bektachi, cet évènement est l'une des premières formes d'intrusion du pouvoir politique dans la sphère religieuse. Leur version de cette bataille décrit les Omeyyades et Yazid avides de pouvoir et utilisant la religion comme un moyen pour maintenir leur autorité.

La grande majorité des alévis sont d’origine turque et turkmène (environ 70 à 80 %). On trouve également des alévis d'origine kurde, kurmandji et zaza (5 millions). Dans la région de la mer Noire, l'alévisme est aussi présent dans la communauté laze. Dans les Balkans, une partie importante des Albanais et de petits groupes bosniaques et macédoniens sont bektachis. Il existe également des communautés alévies en Grèce, en Bulgarie, à Chypre, en Crimée, en Azerbaïdjan, en Syrie, en Iran et en Irak.

L'alévisme constitue la seconde branche religieuse islamique en Turquie après le sunnisme. Les estimations divergent sur leur nombre : officiellement ils sont entre 10 et 15 %, mais d’après les sources alévies ils représenteraient entre 20 et 25 % de la population nationale. À la suite des répressions exercées sous l'Empire ottoman et la République, les communautés alévies pratiquent leur culte en secret ou « Takiye ». Les démographes et les universitaires avancent le chiffre de 15 à 20 millions.

En décembre 2014, la Cour européenne des droits de l'homme condamne la Turquie pour « discrimination sur la base de la religion » à l'égard du culte alévi-bektachi, en violation de la Convention européenne des droits de l'homme, article 9 relatif au droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, et article 14 relatif à l'interdiction de la discrimination.

À ce jour, l'alevisme bektachisme est officiellement ignoré, par les autorités turques et leurs lieux de culte n'ont aucune reconnaissance juridique. L'Allemagne, l'Autriche et le Danemark ont officiellement reconnu l'alévisme comme un culte. Le 10 décembre 2015, la Turquie annonce pour une énième fois qu'elle va reconnaître la communauté Alévie et ses lieux de culte.

L'appartenance des alévis à l'islam est polémique. Certains d'entre eux se considèrent comme musulmans, d'autres non. Ils sont tantôt considérés comme étant une branche du chiisme duodécimain, et qualifiés de ghulat, tantôt comme une religion à part.

Définition des termes Alevi, Kizilbach et Bektachi

Alevi signifie « adepte d'Ali », gendre et cousin du prophète de l'islam. À l'alévisme sont associés les termes « Qizilbash-Alevi » et « Bektachi ». Bien que les croyances soient similaires et que le distinguo ne soit plus d’actualité dans la Turquie républicaine, ces deux termes renvoient à des réalités sociales distinctes sous l'Empire ottoman :

Chez les alévis, il y a une condition de filiation : « on naît alevi » et pour devenir « dede » (chef spirituel), il faut démontrer son appartenance à un « ocak » ou être descendant du prophète. Il est possible de se convertir aux croyances alevies en devenant membre de la confrérie bektachi, chez qui le « baba » (chef religieux) est élu par la communauté du dergah.

L'alévisme a eu un impact fondamental dans l'histoire, la religion et la culture des peuples d'Asie centrale, d'Anatolie et des Balkans. En Turquie, les Mevlevi-Shemsis, font partie de l'islam alévi. Il existe aussi en Azerbaïdjan, en Iran et en Irak, d'autres groupes religieux chiites hétérodoxes (ghulāt) apparentés à l'alévisme et bektachisme tels le yârsânisme (Kurdes) dit aussi Ahl-e Haqq ou Ali-Ilahi, les Kakaiyya (Kurdes/Turkmènes), Shabak (Kurdes), Sarliyya (Kurdes), Ibrahimiyya, Kirklar ou Jahaltan (Turkmènes)… Ils reconnaissent tous notamment Hadji Bektash mais à des degrés divers. Les Nusayris (ou Alaouites) arabes dans le sud de la Turquie et en Syrie présentent des similitudes avec les alévis. En Turquie, les alawites et les kizilbash se considèrent coreligionnaires si bien que les alawites sont également appelés alevis arabes. Notamment, les deux donnent un aspect attribut divin à Ali.

Comme de nombreux courants ésotériques, l'alévisme a été marqué par des divergences et contradictions après un cycle où les ordres étaient cloisonnés géographiquement puis à une ouverture marquée par la confrontation à la religion dominante et aux divers rationalismes aussi bien scientifiques, politiques que religieux. La filiation spirituelle traditionnelle était rompue, de nombreux alévis d'origine se sont réfugiés dans d'autres courants : politiques (surtout de gauche), d'autres ont été assimilés au chiisme usuli propagandiste, d'autres au sunnisme.

Ainsi on dénombre respectivement quatre courants du plus important au plus marginal :

Histoire

L’alévisme est né en Asie centrale mais a pris sa forme finale en Anatolie, avec les influences:

Comme toutes les croyances monothéistes, influencées dans l'ordre chronologique de leur apparition (zoroastrisme, judaïsme, christianisme et islam), l'alévisme est influencées par les théologies qui la précèdent.

L'islam se divise après la mort de Mahomet en deux courants :

Au IXe siècle, le 8e des douze imams de l’Ehlibeyt, Imam Riza, se réfugie au Khorasan en raison des persécutions des dignitaires sunnites. Imam Riza y forme des disciples et les envoie parmi les populations turcophones du Khorasan et du Turkestan pour les convertir à la cause de l’Ehlibeyt. Ces conversions marquent la naissance de l’islam alévi.

Ismail Ier ou Chah Hatayi (1501-1524 d'origine turkmène) : il est le fondateur de la dynastie des Séfévides, Chah d'Iran et d'Azerbaïdjan. De nombreux deyiş alevi lui sont associés.

De 860 à 931 un État alévi avait été fondé au sud de la mer Caspienne par Hasan bin Zeyd, descendant de l’imam Hassan.

Vers les années 941-942 le voyageur arabe Abu Dulaf, qui se trouvait en Asie centrale, parle pour la première fois des Turcs alévis (alawi en arabe).

Au XIIIe siècle, le saint Hünkar Hajji Bektash Wali (Veli), disciple d'Ahmed Yasavi émigre en Anatolie parmi des populations turkmènes. Trois siècles après sa mort, Balim Sultan s'inspirera de sa théologie pour créer le bektachisme (Babagan), une confrérie religieuse.

Au début du XVe siècle, l’oppression ottomane envers les alévis devient insupportable et ces derniers soutiennent le Chah Ismail Ier d'origine turkmène. Ses partisans, qui portent un bonnet de couleur rouge avec douze plis en référence aux douze imams du chiisme duodécimain se font appeler Qizilbash. Les Ottomans qui s’étaient persanisés et arabisés considéraient comme ennemis les Qizilbash (alévis) d'origine turkmène. En 1514, l'Empire ottoman remporte la bataille de Tchaldiran marquant la défaite d'Ismail Ier et de ses partisans.

Cet évènement combiné à la victoire des armées ottomanes sur les Mamelouks en 1516 à la bataille d'Alep marque un tournant dans l'organisation de l'Empire ottoman. Avant 1517, l'Empire ottoman n'a pas de religion ou ne repose pas sur un système religieux. En 1516, les Ottomans mettent un terme au Califat des Mamelouks puis Yavuz Sultan Selim s'empare des insignes du pouvoir califal détenus au Caire (fin du Al-Mutawakkil III). En 1517 Yavuz Sultan Selim fait du sunnisme la religion de l'empire. Ce faisant il se démarque de son grand rival Ismail Ier acquis à la cause de l'Ehlibeyt. Environ deux mille oulémas sont importés de la mosquée al-Azhar d'Égypte pour «sunniser» le pays et les chefs religieux alevi, bektachi et mevlevi qui sont à l'origine de l'islamisation de l'Anatolie et des Balkans sont soit exécutés, soit exilé à Malte ou dans le Hedjaz.

Dès lors, l'alévisme est considérée comme hérétique par le pouvoir central sunnite ottoman. Yavuz Sultan Selim lance une politique de dénigrement, de répression et d'assimilation des alevis. Toutefois, les bektachis qui du vivant de Balim Sultan avaient assuré une mainmise sur le corps des janissaires dont le bektachisme sera la référence religieuse principale continuent à jouer un rôle important au sein de l'élite.

Durant tout le XVIe siècle et la première moitié du XVIIe siècle, il y eut des dizaines de soulèvements. Les alévis avaient deux possibilités : se convertir au sunnisme ou mourir. Les uns se sont convertis et les autres se sont retirés dans les montagnes.

En 1826, Mahmoud II met définitivement un terme au système des janissaires. L'ordre des bektachi est mis hors la loi, de nombreux dignitaires de la capitale sont exécutés, d'autres sont déportés en Anatolie. Les tekke sont fermés, détruits ou attribués à des institutions orthodoxes comme l'ordre des Naqshbandiyya.

Au début du XXe siècle, beaucoup d'alévis ont soutenu Atatürk lors de la guerre d'indépendance et les réformes qui suivirent, croyant pouvoir accéder à la laïcité et ainsi pouvoir pratiquer leur culte en liberté. Si certains seront cependant victimes de massacres en 1937-38 lors de l’insurrection des alévis kurdes appelés « zaza », ils restent majoritairement satisfaits du gouvernement, qui tente de marginaliser l’extrémisme religieux et la nostalgie de l'empire ottoman.

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l'absence d'esprit d'ouverture de nombreux responsables sunnites et leur main mise sectaire sur les corps d’État (dont les structures religieuses) n'a pas permis d'évoluer vers une reconnaissance officielle. Les alévis vivaient en milieu rural. Les pressions ottomanes sunnites les ont contraints à y rester et/ou s'y cacher.

Dans les années 1960, avec l’exode rural, ils ont commencé à émigrer dans les grandes villes comme İstanbul, Ankara, İzmir. En 1966, un parti politique, Birlik Partisi (Parti de l'unité) émanant de la communauté alévie est fondé. Cet évènement marque le début de l'organisation politique et associative des alévis.

Pendant les années de guerre froide, une polarisation idéologique s'opère, souvent à partir des identités confessionnelles. Les sunnites conservateurs adhèrent massivement aux partis de droite et d’extrême droite tandis que les alévis soutiennent généralement les partis de gauche ou d’extrême gauche. Au cours des années 1970, plusieurs villes ont été le théâtre de pogroms de la part des Loups Gris, un mouvement d’extrême droite. Des centaines d’alévis sont massacrés à Malatya, Kahramanmaras et Corum sur fond d’émeutes anticommunistes. Le régime issu du coup d’État militaire du 12 septembre 1980 se montre également hostile aux alévis. En mars 1995, les quartiers alévis d'Istanbul sont attaqués par des escadrons de la mort liés à la police, faisant vingt-deux morts.

Ces dernières années, avec le développent de théologies non-officielles, la grande majorité des théologiens sunnites reconnaissent ce que les alevi bektachi soulignent depuis des siècles : l'assassinat systématique et la traque des proches du prophète par les Califes Omeyyades et Abbassides. Ainsi, Yasar Nuri Ozturk théologien sunnite dénonce le règne des Omeyyades comme étant une tragédie pour l'Islam. Même les théologiens sunnites rigoristes comme Cübbeli Ahmet Hoca dénonce Yazīd Ier pour les oppressions qu'il fait subir à l'Ahl al-Bayt.

Aujourd'hui, les alévis ne sont toujours pas reconnu en Turquie alors que bon nombre de pays d'émigration de cette communauté reconnaissent officiellement leur culte. Le gouvernement Recep Tayyip Erdoğan cherche à les islamiser. Il a pour cela entrepris une vaste campagne de construction de mosquées dans chaque village alévi et rend obligatoire les cours de religion islamique dans les écoles.

Croyances

Trinité de l'Alévisme Bektachisme. Représentation de Hacı Bektaş Veli (1209-1271) descendant du Prophète Mahomet par Ali ar-Rida. Coiffé du Elifî Tâc il tient dans ses mains deux forces antagonistes: un animal faible et doux (le cervidé) et un lion qui représente la force triomphatrice. Ibn Arabî : théologien, juriste, poète, métaphysicien et maître arabe-andalous du taçawuff islamique. Dans le domaine métaphysique, il est le plus grand penseur de la doctrine ésotérique du "wahdat al wujud" également présent dans l'alévisme.

L'alévisme se rattache au chiisme duodécimain à travers le sixième imam (Dja'far al-sadiq) et à Haci Bektas Veli, fondateur de l'ordre des bektachi dont la généalogie mythique remonte aussi au cinquième imam. Il se distingue par son non-dogmatisme des dogmes religieux dits « orthodoxes » tels le sunnisme et le chiisme dit jafarisme.

L'alévisme bektachisme est une voie du tasawwouf (soufisme) qui privilégie

dans le but d'atteindre le Seyr-ü süluk ou la maturité spirituelle.

L'amour du genre Humain est l'essence de l'alévisme bektachisme qui croit en la manifestation du Créateur en l'Homme (tecelli) et donc en l'immortalité de l'Humanité.

Pour atteindre son essence, l'impétrant passe par une initiation (Dört kapı kırk makam) qui lui permet de sortir de l’enveloppe de son âme brute pour atteindre la Vérité et devenir Insani Kamil, « l'homme parfait » ayant atteint la vérité divine.

La trinité « Allah, Mahomet, Ali » et l'Ahl al-Bayt (Eylibeyt)

Tableau de l'Ahl al-bayt : Mahomet tenant ses petits-fils, Hassan et Hussayn sur ses genoux, et enlaçant Fatima Zahra et Ali ibn Abi Talib. « Ce sont mes quatre très chères amours » dit le prophète.

La croyance alévie est basée sur la foi en Allah, Mahomet (Prophétie) et Ali (Sainteté), la Prophétie étant close, la Sainteté demeure présente dans le temps. Ils sont appelés « Üçler » (les Trois). Ainsi, Haqq-Muhammad-Ali est la « trinité » de l'alévisme qui comporte :

Dans l'alévisme bektachisme, Mahomet est le dernier prophète et Ali est son successeur et l'«ami d'Allah» ou le guide spirituel (Veli ou Wali).

HÂKK-MUHAMMED-ALİ
HÂKK Muhammed-Ali
Mahomet ALİ
À gauche : Allah. Au milieu : Mahomet. À droite : Ali.

Dans sa signification, la trinité atteste qu'il n'y a qu'un seul Dieu (la Divinité), Mahomet est son prophète (la prophétie), Ali est son saint, l'ami de Dieu, le commandant des croyants (mumin) (l'imamat).

Les autres hiérarchies célestes sont :

La descendance du prophète et ses proches compagnons traqués et assassinés par les Califes Omeyades et Abbassides:

Les Douze Imams:

  1. Ali (علي) assassiné avec une épée empoisonnée
  2. Hasan (ألحسن) empoisonné par Muʿāwiyah Ier
  3. Husayn (ألحسین) sa tête est tranchée à Kerbela
  4. Ali Zayn al-Abidin (علي) mort empoisonné
  5. Muhammad al-Baqir (محمد) mort empoisonné
  6. Jafar as-Sadiq (جعفر) mort empoisonné
  7. Musa al-Kazim (موسی) empoisonné par Hâroun ar-Rachîd
  8. Ali ar-Rida (علي) empoisonné par Al-Ma’mūn
  9. Muhammad al-Jawad (محمد)
  10. Ali al-Hadi (علي)
  11. Hasan al-Askari (ألحسن) empoisonné par Al-Mutamid (Abbasside)
  12. Muhammad al-Mahdi (محمد)

On Yedi Kemerbestler : les proches du prophète et d'Ali

  1. Salman le Perse
  2. Ammar ibn Yasir, tué par Muʿāwiyah Ier
  3. Malik al-Achtar, empoisonné par Muʿāwiyah Ier
  4. Muhammed ibn Abubakr, torturé par Muʿāwiyah Ier
  5. Uwais al-Qarni, tué par Muʿāwiyah Ier
  6. Abu Dhar Al-Ghifari,
  7. Harim bin Haris, tué par Muʿāwiyah Ier
  8. Abdullah ibn Yadilhazai, tué par Muʿāwiyah Ier
  9. Abdullah ibn Adial Haris, tué par Muʿāwiyah Ier
  10. Abu el Hisham, tué par Muʿāwiyah Ier
  11. Haris Sheybani, tué par Muʿāwiyah Ier
  12. Hashim ibn Utba, tué par Muʿāwiyah Ier
  13. Muhammed ibn Ebu Hazika, tué par Abd.Nahaija
  14. Kanber, tué par Al-Hajjaj ben Yusef gouverneur des Omeyyades
  15. Mürtefi ibn Vezea, tué par Muʿāwiyah Ier
  16. Abu Said ibn Kays, tué par Muʿāwiyah Ier
  17. Abdullah ibn Abbas tué par Muʿāwiyah Ier

Poème de Nesimi Cimen exprimant l'amour du Prophète de sa famille (Ahl al-Bayt) :

En turc :

« Canım kurban olsun

Canım kurban olsun senin yoluna
Adı güzel kendi güzel Muhammet
Söylenirsin cümle alem dilinde

Adı güzel kendi güzel Muhammet
Adı güzel kendi güzel Mustafa

Terazinin bir ucunda Haydar oturur
Yanısıra cümle ümmet yetirir
Elinde de yeşil alem getirir

Adı güzel kendi güzel Muhammet
Adı güzel kendi güzel Mustafa

Sen bir peygambersin şeksiz gümansız
Sana inanmayan dinsiz imansız
Teslim Abdal neyler dünyayı sensiz

Adı güzel kendi güzel Muhammet

Adı güzel kendi güzel Mustafa »

Essai de traduction :

« Canım kurban olsun

Je me sacrifierai pour ta Voie
Ton nom est beau, O merveilleux Mohammed
Tu es dans toutes les bouches

Ton nom est beau, O merveilleux Mohammed
Ton nom est beau, O merveilleux Mustafa

Haydar (Ali) a pris place sur un côté de la balance
Ses paroles instruisent la communauté des croyants
De sa main il apporte le Royaume Vert

Ton nom est beau, O merveilleux Mohammed
Ton nom est beau, O merveilleux Mustafa

Tu es Prophète sans aucun doute
Païen est celui qui ne croit pas en toi
Sans Toi Teslim Abdal n'a que faire de ce monde

Ton nom est beau, O merveilleux Mohammed
Ton nom est beau, O merveilleux Mustafa »

Wahdat al-wujud et En-el Hak

Exécution de Mansur al-Hallaj ou Hallâc-ı Mansûr.

L'alévisme s’appuie également sur les concepts de :

Les concepts de Wahdat al-wujud et En-el Hak occupent une place importante dans la littérature alevi-bektashi. Aşık İsmail Daimi s'y réfère dans le poème intitulé « Madem Ki Ben Bir İnsanım » (« Dès lors que je suis un Homme »). Ce texte évoque le fait que Dieu est présent dans chaque particule de l'Univers et donc en l'Homme :

En turc :

« Kainatın Aynasıyım

Mademki Ben Bir İnsanım
Hakkın Varlık Deryasıyım
Mademki Ben Bir İnsanım

İnsan Hakta Hak İnsanda
Ne Ararsan Var İnsanda
Çok Marifet Var İnsanda
Mademki Ben Bir İnsanım

Tevrat'ı Yazabilirim
İncil'i Dizebilirim
Kur'an'ı Sezebilirim
Madem Ki Ben Bir İnsanım

Bunca Temenni Dilekler
Vız Gelir Çarkı Felekler
Bana Eğilsin Melekler

Mademki Ben Bir İnsanım »

Essai de traduction :

« Je suis le reflet de l'Univers (du Cosmos)
Dès lors que je suis un Homme
Je suis l'océan d'existence de Dieu
Dès lors que je suis un Homme

L'Homme est en Dieu, Dieu est en l'Homme
Tout ce que tu cherches tu le trouveras en l'Homme
Je peux accomplir les plus grands exploits
Dès lors que je suis un Homme (… et que Dieu se manifeste en moi)

Je peux écrire la Torah
Je peux juxtaposer l'Évangile
Je peux comprendre le Coran
Dès lors que je suis un Homme (… et que Dieu se manifeste en moi)

Tant de requêtes et de vœux
Je n'ai que faire de la fatalité (Rota Fortunea)
Aux Anges de s'incliner devant moi
Dès lors que je suis un Homme (… et que Dieu se manifeste en moi) »

Le système initiatique : Dört kapı kırk makam, le chemin menant à la Vérité

Dört kapı kırk makam est une expression turque, signifiant littéralement : « Quatre portes quarante étapes ». C'est un système initiatique fait de règles et de préceptes pour atteindre la Vérité et être l'homme parfait, Insani Kamil. Hünkar Hajji Bektash Wali (Veli) (1209-1271) s'appuie sur le Coran pour mettre en place ce système initiatique.

Les quatre portes sont :

Dört kapı kırk makam ou Quatre portes quarante étapes. L'accomplissement dans chacune de ces portes nécessite 10 étapes, soit au total quarante étapes :

Étapes de la Shariat :

  1. Croire en l'unicité de Dieu
  2. S'instruire, apprendre les Sciences
  3. Accomplir la prière (ibadet)
  4. Disposer d'un gain licite halâl
  5. Être utile à sa famille
  6. Ne pas causer de dommage à son environnement
  7. Se soumettre aux ordres du Prophète
  8. Compassion et indulgence
  9. Être propre
  10. Se garder de mauvaises actions

Étapes de la Tarikat

  1. Se repentir de ses fautes
  2. Obéir aux prescriptions du Murshid
  3. S'habiller proprement
  4. Lutter pour le bien
  5. Servir son prochain
  6. Craindre l'injustice
  7. Ne pas tomber dans le désespoir
  8. Tirer les leçons d'un incident
  9. Répandre le bien (aider son prochain)
  10. Avoir le fond ou l'essence du « fakir » (ne pas tomber dans l’excès)

Étapes de la Hakikat:

  1. Être décent, pudique
  2. Ne pas être égoïste, haineux et rancunier
  3. Être abstinent
  4. Patience, contentement et sobriété
  5. Modestie
  6. Générosité
  7. Apprendre les Sciences
  8. Être tolérant
  9. Connaître son essence, son fond
  10. Être sage (par sa connaissance)

Étapes de la Marifet:

  1. Être humble, sans prétention et modeste
  2. Ne pas voir les défauts de son prochain
  3. Ne pas faire l'économie d'une bonne action
  4. Aimer chaque créature ou création d'Allah
  5. Ne pas discriminer ou différencier les êtres humains
  6. S'orienter et orienter vers l'unité
  7. Ne pas dissimuler la vérité
  8. Connaître le sens, la signification : connaissance divine
  9. Apprendre le secret divin
  10. Atteindre la présence divine

Les alévis attribuent la phrase suivante à Mahomet : « Je suis la cité de la Connaissance et Ali en est la porte ». Le problème de la nature et du sens du Coran est au cœur de la démarche interprétative. Dans le prolongement de la représentation d'Ali comme porte de la Cité de la Connaissance, quatre portes conduisent à Dieu-Réalité (dort kapi kirk makam). La démarche interprétative est mise successivement à l'épreuve de ces quatre portes. Un guide (Murshid) accompagne l'impétrant dans son voyage initiatique au terme duquel celui-ci accède au statut d'amoureux de Dieu (muhip) ou eren (« celui qui est arrivé » ou « vrais hommes »).

« Eline, beline, diline sayip ol » : lors de son initiation, chaque alevi bektashi jure de rester maître de sa main (ne pas voler ou disposer d'un gain licite halâl), de sa ceinture (maîtriser ses lombes) et de sa langue (tenir sa langue).

Jusqu'à récemment, il était impossible de se convertir à l'alévisme. « On naît alévi(e) ». Il n'existe aucune pratique ou rituel adapté à cet acte. Toutefois, on peut se convertir aux croyances alevies en devenant membre de la confrérie Bektachi. L'initiation dans l'ordre bektachi découle du choix individuel de l'impétrant et n'engage que lui. Chez les alévis, il faut satisfaire une condition de filiation : les deux géniteurs du futur initié doivent être membres de la confrérie ; une fois marié le candidat postule à l'initiation et son initiation lie son épouse et ses enfants.

Livre saint : la Science et le Savoir sont les paroles divines inépuisables

« Dört Kitabin dördüde Hâkk »
Formule résumant le fait que pour les alevis bektachis les quatre livres saints (Coran, Bible, Torah et Livre des Psaumes) ont le même degré d'importance et mènent à la Vérité Divine
Le Coran, dernier livre saint envoyé par Dieu La Bible La Torah Le Livre des Psaumes
Le Coran Sourate 2 verset 136: Dites : « Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et aux Tribus ; à ce qui a été donné à Moïse et à Jésus ; à ce qui a été révélé aux prophètes par leur Seigneur, sans établir entre eux aucune différence. Et c’est à Dieu que nous sommes entièrement soumis. »

(en turc) Kur'ân-ı Kerîm Sure2/136: Şöyle deyin : "Allah'a, bize indirilene, İbrahim'e, İsmail'e, İshak'a, Yakub'a, onun torunlarına indirilene, Mûsa'ya ve İsa'ya verilene ve diğer nebilere verilene inandık. Bunlar arasından hiç kimseyi ayırmayız. Biz yalnız O'na/Allah'a teslim olanlarız."

Les piliers de l'islam

Pour les alévis bektachi, lors de la naissance de l'islam « les cinq piliers de l'islam » que nous connaissons actuellement n'existaient pas. À cette époque, c'est le contenu du Coran et la pratique religieuse de Mahomet et d'Ali ibn Abi Talib qui déterminaient les devoirs du musulman. Cette pensée est également partagée par des théologiens sunnites contemporains tels que Yasar Nuri Ozturk, Hüseyin Atay et Süleyman Ateş. Ces derniers affirment qu'il n'y a aucune expression intitulée « les cinq piliers de l'islam » dans le Coran. Aussi, réduire l'islam aux « cinq piliers » est une grande erreur. Ainsi, dans le Coran, travailler, entreprendre … sont aussi des devoirs du musulman et au regard d’Allah ces devoirs ont la même valeur que « les cinq piliers ». Pour ces hommes de sciences, le jeûne, le pèlerinage et le salat (prière) sont une pratique « personnelle » du culte dont l'objectif est d'éduquer les croyants. Ces pratiques du culte ne sont pas un « but » mais un « moyen ». Ils déplorent qu'aujourd'hui le jeûne, le pèlerinage et le salat (prière), loin de leur sens initial, soient devenus des « buts ». Pour les alevi bektachi, certaines pratiques religieuses qui n'existaient pas au temps du prophète Mahomet ont été ajoutées lors des trois premiers califats (Abou Bakr As-Siddiq, Omar ibn al-Khattâb, Othmân ibn Affân) et durant le règne des omeyades et des abbassides. De nombreux éléments de l'islam introduit par Mahomet ont été modifiés et d'autres éléments qui n'ont rien à voir avec l'essence de l'islam ont été insérés. Pour les alevi bektachi, Ali ibn Abi Talib était le représentant de l'islam de Mahomet et pratiquait avec détermination l'islam originel. Et c'est pour cette raison que ceux qui n'ont pas digéré le mahométisme depuis sa naissance ont usé de moyens politiques pour rendre Ali ibn Abi Talib inopérant dans un premier temps, puis l'ont fait assassiner et tuer ses enfants, c'est-à-dire les petits-enfants du Prophète:

Hu inscrit sur une pierre tombale de l'époque ottomane en Turquie. Hu ou Huwa est le nom de Dieu dans le soufisme. Hu se trouve également dans La Ilaha Ila Allah Hu: «Il n'y a d'autre Dieu qu'Allah», ou dans l'interprétation soufie «Il n'y a pas de réalité, sauf Dieu». Hu est également présent dans les cantiques et les prières alévies bektachies : « gerçekler demine hü ». Le premier devoir du véritable croyant, le premier mode d'adoration d'Allah est de « Lire ». Le Coran, Sourate 96 de l’Adhérence (Al-‘Alaq): pris dans l'ordre chronologique, le premier message du Coran ou la première injonction d'Allah est « Lis au nom de ton Seigneur qui a tout créé » (sourate 96, verset 1).

Les Alévis croient que le Coran, qui est récité pendant les cérémonies de djèm ou cem, est le dernier livre saint envoyé par Dieu. Toutefois ils croient également au Livre des Psaumes, à la Torah et à la Bible, les considérant comme des livres saints envoyés par Dieu. « Dört kitabın dördü de Hâkk » est une formule résumant le fait que pour les alevis bektachis les quatre livres saints (Coran, Bible, Torah et Livre des Psaumes) sont « égaux » ou ont le même degré d'importance.

Cependant, ils se distinguent des autres croyances monothéistes par l'interprétation des textes sacrés : les alevi bektachis pensent que le Coran et les autres livres saints doivent être lus à deux niveaux :

Les alévis font prévaloir une transmission orale de la connaissance spirituelle (d'âme à âme), cette quête de la Vérité s'engageant par la connaissance de soi, de l'Homme (« Se connaître soi-même son essence c'est connaître son seigneur »). Ainsi, le Livre (Kitab) à lire est l'Homme qui Parle : le Coran.

Les alévis se réfèrent également à des recueils de livres sacrés en langue turque ou persane dont les commandements alévis, et autres traités de saints :

Le saz ou le « Coran à cordes » Saz ou Bağlama à manche long avec plectre.

Contrairement à l'islam sunnite et chiite qui se sont appuyés sur un financement officiel pour développer leur théologie, la théologie Alevi Bektachi s'est principalement développée de manière orale. Cette transmission orale s’appuie :

L'alévisme ne montre aucune hostilité envers les différentes branches des sciences de l'art. La poésie (nefes, duaz imam, ağıt, mersiye ou mars̠iyya), les rythmes du corps avec le semah et les rythmes musicaux du bağlama sont des composantes du dhikr et donc du culte alevi bektachi.

Sous l'Empire Ottoman pratiquer le dhikr avec des rythmes musicaux était passible de la peine de mort. D'où ces quelques vers d'Aşık Dertli (1772-1846):

En turc :

« telli sazdır bunun adı

ne ayet dinler ne kadı
bunu çalan anlar kendi
şeytan bunun neresinde

venedik’ten gelir teli
ardıç ağacından kolu
be allah’ın sersem kulu
şeytan bunun neresinde

abdest alsan aldın demez
namaz kılsan kıldın demez
kadı gibi haram yemez

şeytan bunun neresinde »

Essai de traduction :

« Il se prénomme le saz
Il n'entend ni verset ni Cadi (juge religieux)
Celui qui en joue le sait
D'où vient réellement le mal

Son cordage provient de Venise
Son manche est sculpté dans le genévrier
Oh stupide esclave d'Allah
Dis moi où est le maléfice en lui?

Si tu réalises tes ablutions, il ne l'ébruitera pas
Si tu pratiques la salat, il ne le répètera pas
Contrairement au Cadi il ignore le péché (haram)
Alors dis moi où est le maléfice en lui? »

Interprétation du Coran

Contrairement aux courants majoritaires de l'islam, les alévis ne se limitent pas au sens apparent du Coran (zâhir, la forme). Une seule lecture littérale des versets occulte les sens cachés. Or le Coran contient beaucoup de versets avec une signification ésotérique. Aussi, les alévis bektashis pensent qu'il faut atteindre la signification intérieure du Coran (le bâtin, son essence, son fond). Cette croyance s'appuie sur :

Pour les alévis bektashis, une lecture seulement littérale du Coran réduit le message de Dieu à un espace temps donné puisqu'une grande partie des versets ne s'adressent :

Or le message du Coran est atemporel et universel et le seul moyen de comprendre son essence passe par une initiation : dört kapı kırk makam.

Pour les alévis bektashis, les sunnites et chiites se trompent sur l'interprétation de nombreux versets parce qu'ils se contentent d'une lecture seulement littérale (le zahir, la forme, le sens extérieur) et n'atteignent pas l'essence du Coran. Par ailleurs, ils prétendent que tous les versets du Coran sont universels et atemporels alors qu'ils ne les appliquent pas tous. Ils n'acceptent pas que les préceptes qu'ils ne peuvent appliquer sont des préceptes inapplicables parce qu'ils s'adressent aux hommes de la période de la révélation. Ils montrent un comportement agressif envers les alévis bektashis qui soutiennent depuis des siècles que certains préceptes sont propres à un pays et à une période donnés et que par conséquent ils ne sont plus valides.

Pour les alévis bektashis, le Coran impose son interprétation selon les conditions de vie d'une époque donnée :

Les conditions étant différentes d'une époque à l'autre, à chaque époque correspond une interprétation du Coran.

Quelques exemples de versets rendus caducs par les conditions de vie de notre époque :

Aujourd'hui la technologie permet de savoir en moins de trois mois si une femme est enceinte. L'Homme est aujourd’hui capable de prévoir la météo, le sexe de l'enfant à naître, les maladies mortelles… Ainsi, les développements technologiques et scientifiques rendent certains versets non applicables.

Concernant les femmes:

On ne retrouve pas cet usage dans d'autres communautés. Aussi, les versets cités n'ont aucun caractère universel.

Le Coran s'adresse d'abord aux habitants de La Mecque et de ses alentours et c'est le Coran lui-même qui le dit. C'est pour cette raison que le Coran est en arabe :

Le Coran contient donc naturellement des versets qui ne concernent en théorie et en pratique que le premier peuple interlocuteur lors de sa révélation. Ainsi, chaque verset et chaque précepte n'est pas universel. Ce qui fait l'universalité du Coran, c'est son message, son âme, son fond, son essence et ses préceptes généraux (universels).

Le premier devoir du véritable croyant, le premier mode d'adoration d'Allah est de « Lire »

Selon Yasar Nuri Ozturk la révélation de Dieu s'est réalisée selon un ordre chronologique précis. Or le Coran actuel n’ordonnance pas cette révélation (sourates) selon cet ordre chronologique mais selon la taille des sourates. À la suite de la mort de Mahomet, Abou Bakr fut désigné comme Ier calife pour « gouverner les croyants ». Les chiites reconnaissent la succession de Mahomet à Ali ibn Abi Talib : cousin, gendre du prophète et premier homme à accepter l'islam. Lors de son règne, Abou Bakr ordonna de rassembler tous les versets du Coran. Toutefois, l'agencement des versets n'a pas été réalisé dans l'ordre chronologique de leurs révélations. Pris dans l'ordre chronologique, la première révélation de Dieu, le premier verset du Coran est (Sourate 96 de l’Adhérence Al-‘Alaq, verset 1): « Lis au nom de ton Seigneur qui a tout créé ». Donc la première injonction de Dieu aux croyants, le premier message ou mot, le premier devoir du véritable croyant, le premier mode d'adoration d'Allah est de « Lire » ou d'étudier les Sciences. Aujourd'hui, ce verset se retrouve à la fin du Coran. Ali ibn Abi Talib avait une version du Coran avec un ordonnancement des sourates classés dans l'ordre chronologique de leur révélation. Les Omeyyades (Emevîler) arrivés au pouvoir (Califat) ont détruit cette version du Coran. Certains théologiens, y compris un sunnite turc (Yasar Nuri Ozturk), y voient une volonté politique de modifier le message du Coran pour rendre le peuple illettré et inculte et mieux maîtriser la population. "L'ordonnancement actuel est un jeu politique pour faire en sorte que le namaz (cinq prières quotidiennes) soit le mode d'adoration principal de Dieu : ce qui est faux et contraire au Coran. Le premier mode d'adoration d'Allah est de « Lire »". Par ailleurs, Yasar Nuri Ozturk se plaint des « chefs religieux contemporains qui font trop souvent référence au Hadîth et mettent de côté le livre saint révélateur, le Coran. La référence principale de l'islam, les textes révélateurs de la vérité divine ne sont pas les Hadîth mais le Coran ». Il va même jusqu'à qualifier la grande majorité des Hadîth « d'invention des Omeyyades ».

Par ailleurs, la révélation de Dieu ne se limite pas au seul Coran et c'est le Coran lui-même qui le dit :

Ainsi la révélation d'Allah ne prend pas fin avec le Coran. La révélation d'Allah est atemporelle et continuelle. Étant donné qu'il n'y aura pas d'autre prophète (cf Coran), la révélation est continuelle à travers un don du Tout-Puissant aux hommes : la Raison, l'Esprit, la Pensée ou l'Intellect. Il ne s'agit pas de la raison d'une personne en particulier mais de la Raison Universelle ou collective. Elle permet à l'Homme, avec la grâce de Dieu, d'augmenter ses connaissances et de lire et comprendre la plus grande création d'Allah : l'Univers. Ainsi, la Science et le Savoir sont les paroles divines inépuisables ou la révélation continuelle. Aussi, se conformer au Savoir c'est bénéficier ou partager la révélation de Dieu :

Avec la grâce de Dieu et sa révélation continuelle (la Science, le Savoir), l'Homme est aujourd’hui capable de prévoir la météo, le sexe de l'enfant à naître, les maladies mortelles…

Pour les alévis bektashis, l'Homme est la manifestation de Dieu et donc « lire » l'Homme, comprendre l'Homme et se rendre à la Raison et se conformer au Savoir, c'est être un véritable croyant.

Hünkar Hacı Bektaş Veli :

Le Prophète était un homme bon et un progressiste en son temps

La sourate 16 verset 58 et 59 condamne l'enterrement des jeunes filles par leurs parents qui désiraient des garçons. Bien que cette affirmation soit une évidence de nos jours, comparé aux conditions de vie de son époque, le Prophète apparaît comme un homme de progrès. De nombreux versets du Coran apportent une amélioration des conditions de vie des fidèles de cette époque. Ainsi, l'égalité entre la femme et l'homme est un commandement du Coran et de nombreux versets font référence aux notions de justice et de solidarité. Pour toutes ces raisons, les alévis bektachis privilégient l'imitation de l'état d'esprit progressiste et humaniste du Prophète à la reproduction des conditions de vie de son époque.

L'alévisme n'est pas la quête des conditions de vie archaïques du siècle de la naissance de l'islam. L'alévisme est la quête des traits de la personnalité du Prophète :

Épisode du Ghadir Khumm, Tragédie de Kerbala, Mouharram et Ashure

Mahomet, de retour du hajj, accompagné de son cousin et gendre Ali devant une foule de fidèles. Mahomet désigne alors Ali sous le nom de « Vali », terme polysémique, interprété dans le sens de « maître » par les musulmans chiites.

Pour les alevi bektachi, les successeurs légitimes du prophète de l'islam sont Ali et sa descendance :

« Qui aimera Ali, m’aura aimé ; et qui m’aimera aura aimé Allah ; et qui détestera Ali, m’aura détesté ; et qui me détestera aura détesté Allah ».

Or cette succession est mise à mal par les Omeyyades et en particulier par Yazid qui à travers la tragédie de Kerbala montre jusqu’où peut mener l'avidité, la cupidité ou la voracité politique des hommes. Aveuglés par l'amour du pouvoir, les Omeyyades assassinent les petits enfants du prophète et la Bataille de Kerbala marque l'apogée de la cruauté de Yazid. Hussein et ses compagnons y sont massacrés après un siège qui les prive de nourriture et d'eau. Yazid va jusqu’à faire trancher la tête d'Hussein représentant de l'Ahl al-Bayt (la famille du prophète).

Pour les alevi bektachi, les événements de Kerbala marquent une cassure dans l'histoire de l'islam. C'est l'une des premières formes d'intrusion du pouvoir politique dans la sphère religieuse. Muʿāwiyah et Yazid avides du pouvoir utilisent la religion comme un moyen pour maintenir leur autorité et sont à l'origine de la dénaturation de l'islam à travers l'assassinat des descendants du prophète. Aussi, cette intrusion du politique dans les affaires religieuses est une véritable tragédie pour l'islam. D’où l'importance de nos jours du respect de la laïcité pour éviter que l'islam ne soit mis à mal et utilisé comme un moyen politique de se maintenir au pouvoir.

Hussein est le martyr qui s'est sacrifié et n'a pas cédé aux pressions et persécutions de l'oppresseur. Aussi, chaque année, les alevi bektachi commémorent les événements de Kerbala durant le mois de Mouharram marqué par douze jours de deuil et de jeûne. À travers cette pratique, ils montrent leur amour et leur attachement à l'Ahl al-Bayt (la famille du prophète). Il s'agit non seulement de commémorer et de comprendre les souffrances infligées par les autorités religieuses officielles de l'islam à Hussein mais aussi celles que subissent les douze imams. À travers cette commémoration, le but est de s’imprégner des valeurs humaines et d'augmenter sa connaissance spirituelle afin que de telles souffrances et injustices ne se reproduisent pas. En mémoire de la privation d'eau d'Hussein et de son assassinat par Yazid, le jeûne du Mouharram s'accompagne d'une interdiction de boire de l'eau ainsi que celle d’ôter la vie d'animaux pour se nourrir.

Ali Zayn al-Abidin, fils d'Hussein et petit-fils d'Ali, ayant survécu aux massacres, la descendance du prophète étant assurée, le deuil de Mouharram prend fin avec l'Ashure symbole de la réjouissance et de la tolérance. L'Ashure ou Achoura est un dessert sacré contenant au minimum 12 ingrédients partagé avec ses proches et ses voisins.

Musahiplik ou Fraternité religieuse

Dans le Tasawwouf ou Soufisme, l'objectif est d'atteindre la gnose ou la connaissance d'Allah. Le salut de l'âme (ou sa libération du monde matériel) passe par une connaissance (expérience ou révélation) directe de la divinité, et donc par une connaissance de soi. Pour atteindre cette connaissance d'Allah, le passage par 4 grandes étapes ou « portes » sont nécessaires : * la Şeriat ou charia : le droit * le Tarikat : la communauté, la voie ou le chemin * la Hakikat : la Vérité ultime ou la Vérité Divine * le Marifet : la connaissance, la gnose. La dernière étape, que l'homme ne peut concevoir qu'à travers la gnose, est atteinte seulement en traversant la porte du Marifet. Cette porte est située au centre du Hakikat c'est-à-dire de la Vérité ultime ou Divine. Cette connaissance résulte de l'Amour (entretien) entre l'homme et Allah et ne peut être atteinte qu'en s'engageant dans le Tarikat.

Le musahiplik est une fraternité religieuse qui amène chaque alevi à avoir un compagnon (Musâhip) avec lequel il est uni pour la vie. Ce lien est considéré comme plus fort que le lien du sang. Dans le cas où deux hommes mariés sont Musâhip, leurs épouses sont également Musâhip. Ces couples se solidarisent tout au long de leur vie. En cas de décès des parents d'un des couples, les enfants sont pris en charge par l'autre couple.

La coutume du Musâhip ou Ahiret Kardesi (« Frère de l'Au-delà ») est consacrée par le Pir ou Dede. Les origines de la coutume du musahiplik sont très anciennes. Il semblerait qu'elle ait existé, sous certaines formes, en Asie centrale. Le devoir d'avoir un Musâhip est un « devoir obligatoire ». Dans la voie de l'Imam Djafer-i Sâdik, il y a Quatre Portes : Şeriat ou charia, Tarikat, Marifet, Hakikat. Chaque Porte a dix Étapes (Makam). Chacun des membres doit connaître :

  1. Croire en l'unicité d'Allah : « Dilinden Tevhit kelimesini, Allah’ın kelamını eksik etmemek »
  2. Tenir son cœur loin de la suspicion, de la haine et de l'arrogance. Éviter toute hostilité et sentiment de jalousie envers quiconque : « Kalbinden şüpheyi, kin ve kibri uzaklaştırmak, kıskançlık etmemek, kimseye düşmanlık yapmamak »
  3. Se consacrer à la voie : « Yola gönülden bağlı olmak »

On ne peut devenir Musâhip que si certaines conditions sont remplies. Les deux musâhip doivent parler la même langue, être du même âge, de la même religion, appartenir à la même classe sociale et aux mêmes conditions sociales (un célibataire ne peut devenir le Musâhip d'un homme marié), être du même village, de la même ville ou du même quartier. Les liens qui unissent les Musâhip ont un caractère social : les musâhip doivent s'entraider et aider mutuellement leurs familles, pendant toute leur vie.

L'allégorie au service de la démarche interprétative

L'allégorie du « Banquet des Quarante » ou « Kirklar Cemi »

Le « Banquet des Quarante » ou « Kirklar Cemi » est un phénomène métaphysique. Selon le Buyruk, les écrits de Sha Hatai et des Sept Sublimes Poètes (Sept Ulu Ozan), Dieu ou le Hak, invite Mahomet au Miraj ou voyage céleste durant lequel le prophète va à la rencontre du Créateur à l'aide de sa monture Bouraq. Pendant son périple, le prophète reçoit de Dieu du miel, des pommes et du lait. Le miel symbolise l'amour, les pommes l'amitié et le lait l'affection. En chemin, un lion lui barre le chemin et Mahomet se met à penser que si Ali avait été auprès de lui, il l'aurait défendu. Une voix, celle du Créateur ou du Hak, lui dit de jeter son sceau dans la gueule du fauve. Mahomet s’exécute, échappe à l'animal et poursuit son chemin.

À la rencontre de Dieu, Mahomet entend dans un premier temps sa voix puis le voit physiquement. À l'écoute de sa voix, il est surpris de sa ressemblance avec celle d'Ali et s'exclame « Ya Ali est-ce que c'est toi ? ». Ce à quoi Dieu lui répond « Je m'adresse à toi avec la voix de la personne qui t'est la plus chère ». Quand le voile se lève, Mahomet s'apprête à voir le Hak mais il voit le visage d'Ali et s'exclame de nouveau « Ya Ali est-ce que c'est toi ? ». Ce à quoi le Hak lui répond « Je ne suis pas Ali mais pour me manifester devant toi je prends la forme de la personne qui t'est la plus chère ». Une fois le Créateur rencontré, Mahomet réalise avec lui quatre-vingt-dix mille « Kalâm » ou entretiens. Chacun de ces entretiens correspond à une révélation de Dieu.

De retour du Miraj, Mahomet aperçoit un Dargah et décide de s'y rendre. Il frappe à la porte et une voix lui demande « Qui es-tu ? ». Mahomet répond : « Je suis le prophète et je veux vous rencontrer ». De l'intérieur du Dargah, une voix retentit « Va réaliser ta prophétie auprès de ta communauté de croyants, ici il n'y a pas de place pour les prophètes ». Surpris, Mahomet décide de rebrousser chemin lorsque la voix du Hak l'invite à frapper à nouveau à la porte. Le prophète essuie un deuxième échec et, circonspect, il se retourne et s'en va quand la voix du Hak l'invite à nouveau à se présenter à la porte du Dargah. Lorsqu'on lui demande de se présenter, Mahomet répond « Je suis un fakir et le compagnon des pauvres » ce à quoi la porte s'ouvre et une voix lui souhaite la bienvenue dans le Dargah.

À l'intérieur du Dargah se trouvaient trente-neuf personnes, dix-sept femmes et vingt-deux hommes. On montre à Mahomet l'endroit où il doit s'assoir. Sans le savoir, il était assis à côté d'Ali. Mahomet demande « Qui êtes-vous ? ». L'assemblée répond « nous sommes les Quarante, les Quarante sont un et chacun d’entre nous est les Quarante » ce à quoi le prophète rétorque « Mais je ne compte que trente-neuf personnes ici ». Sur ces propos, Ali tend son bras et y réalise une petite incision. Une goutte de sang jaillit du bras d'Ali mais aussi de celle des autres participants. Mahomet remarque qu'une larme de sang tombe également par une ouverture extérieure. Il s'agit du quarantième, Salman le Perse, qui se trouve à l'extérieur. Par ailleurs, Mahomet remarque que l'anneau (le sceau) qu'il jeta au Lion se trouve au doigt d'Ali.

Ali tend un raisin à Mahomet et lui dit « Puisque tu es prophète, partage ce raisin en quarante ». Mahomet qui entend à nouveau le Hak saisit le fruit, le presse dans la paume de sa main et fait boire le jus à l'un des Quarante. L'ensemble des Quarante rassasié, ils s'exclament « Allah Allah » et décrivent un système de mouvements circulaire, le Samā‘, autour du prophète ou de son « Nour » (sa lumière).

Les enseignements de cette allégorie

Cette allégorie transmet plusieurs messages :

Lieu de prière et prière

Cemevi de Arapgir, construit par Şeyh Hasan en 1224.

Le lieu de culte des alevis bektachi est le cemevi ou maison de jam (Bayt-ul Jam), une maison adaptée à la communion. La prière est nommée le cem (prononcé djème de l'arabe jam qui signifie rassemblement, communion). Étymologiquement, « cemevi » et « mosquée ou camii » ont le même sens en arabe : Masjid ou lieu de réunion. Le mot « camii ou mosquée » n'existaient pas à la naissance de l'islam. Le coran emploie les termes « mescid » ou « masjid ». À l'image des majid que fréquentait le prophète ou des premières mescid telle que la Majid al-Aqsa, les cemevi n'ont pas de minaret. De plus, si nous comparons le lieu de culte des alévis qui sont les Cem Evi aux lieux des cultes des sunnites, nous réalisons que les Cem Evi sont plus en accords avec le "Mescid" du prophète Mahomet à l'époque, car dans les Mescid, des décisions politiques sont prises, de la nourriture est distribuée (lokma), et les cem evi peuvent même accueillir des réfugiés, contrairement aux mosquées sunnites ou chiites.

Les cemevi les plus anciens connus à ce jour en Turquie sont :

Dans les cemevi, les croyants pratiquent le zikr (ou dhikr), c'est-à-dire la pratique qui avive le souvenir de Dieu. Le zikr est au cœur de la pratique du soufisme. La cérémonie du cem est l'occasion pour les initiés :

Le lieu de prière

Il existe des lieux de prière, « mescid » ou « masjid », depuis les débuts de l'Islam. En 622, le prophète s'installe à Medine et fait construire un masjid. Ce masjid est construit avec la solidarité d'un grand nombre de croyants, sans excès et avec humilité. Il n'y avait ni minaret, ni décorations, ni faste (luxe). Très vite, les mosquées deviennent un lieu de propagande de groupes voulant suivre des voies politiques différentes. D'où l’ordre de Mahomet de détruire le Masjid al-Dirar :

  • Sourate 9 (At-Tawba) :
    • verset 107 : « Il en est qui ont édifié une Masjid par rivalité et par impiété pour semer la discorde entre les croyants et faire de ce lieu le repaire de celui qui, auparavant, avait combattu contre Dieu et Son Prophète. Ce sont ces gens-là qui, aujourd’hui, viennent jurer de toute leur force qu’ils ne voulaient faire que du bien, alors que Dieu est Témoin qu’ils ne racontent que des mensonges !
    • verset 108 : « Ne fréquente jamais une telle Masjid ! Car il en est une autre qui a été fondée dès le premier jour, sur la crainte révérencielle du Seigneur et qui est plus digne de ta présence. On y trouve des hommes qui aiment se purifier, et Dieu aime ceux qui sont propres ».

La participation aux cérémonies du cemevi est normée :

Le salat (la prière)

Le Coran, source principale de l'islam, ne mentionne pas précisément la salat (prière) : ni la forme, ni à quelle heure de la journée elle doit être pratiquée, ni la rekât (série de mouvements rituels qui forment le namaz). Le Coran précise que le croyant doit réaliser son culte la nuit, à une heure ne perturbant pas les horaires de travail, le jour étant consacré au travail :

  • Sourate 17 (Al-Isrâ’) verset 78 : « Acquitte-toi de la salât du déclin du soleil jusqu’à la tombée de la nuit, sans oublier de réciter une partie du Coran à l’aube, car la récitation du Coran à l’aube ne se passe jamais sans témoins ».

Le Coran ne contient aucune indication concernant les « cinq prières quotidiennes », aussi les « cinq prières quotidiennes » ne sont pas un commandement d'Allah mais une modification de l'islam originel. Pour Yasar Nuri Ozturk, théologien coraniste, « la forme actuelle du namaz est largement déterminée par les Emevi (Omeyades). Toujours selon Yasar Nuri Ozturk, même Anas ibn Malik, compagnon du Prophète, se plaint de l'altération de la « salat » par les Emevi (Omeyades) ».

De plus, aucun verset ne commande au croyant de réaliser la salat pendant la journée. Par ailleurs, aucun verset ne décrit le namaz sous sa forme actuelle pratiquée dans les mosquées : le Coran utilise le terme « salat » qui signifie « prière » sans préciser la forme de celle-ci.

La forme globale du salat alevi-bektachi diffère du salat des courants majoritaires de l'islam. Toutefois les mouvements qui composent le namaz sont présents dans les prières alevi-bektachi :

  • le "Kiyam" ou "Qiyam" est réalisé lors de la prière "dar duasi"
  • le "Rükü" ou "Ruku" est réalisé lors de la prière "tecella duasi"
  • le "Secde" ou "Sujud" est réalisé lors de la prière "temena duasi".

Déroulement du rituel du cem :

Dans l'alévisme et le bektachisme, Ali ibn Abi Talib est commémoré en étant nommé « Shah », qui signifie « roi » en persan ancien. Il est également appelé « Shah-i-Mardan », « le sultan des braves ou courageux ». Ali ibn Abi Talib et Mahomet étant considérés comme la manifestation de la lumière de Dieu, certaines prières ou gülbeng commencent par « Bismişah » au lieu de « Bismillah ».

Contrairement à l'islam sunnite qui reste fidèle à la langue du Coran dans tous les domaines de la vie religieuse, les alevi et les bektachi utilisent leur langue maternelle pour une meilleure compréhension des textes sacrés.

Le Semah

Le semah, système de mouvements circulaires et sacrés des alevi bektachi. Le semah alevi bektachi reflète le fait que tout est en mouvement dans l'Univers.

D'un point de vue mystique, le semah alevi bektachi reflète le fait que tout est en mouvement dans l'Univers. Ainsi, selon Mevlana, « Tüm evren semah döner » : rien ne reste en place et tout est en perpétuel changement. Le semah est une forme de Dhikr ou Zikr durant lequel le croyant reproduit le mouvement du Cosmos et réalise sa prière relatant l'unicité du Créateur au rythme du baglama et de cantiques, sans aucune distinction de genre humain (homme/femme, langue, ethnie, religion). Les bras écartés, la main droite tournée vers le ciel et la main gauche tournée vers le sol représentent le croyant qui répand sur Terre et donc à toute l'Humanité ce qu'il reçoit de son Créateur.

Les semahs alévi bektashi présentent des particularités géographiques si bien qu'a chaque semah est attribuée une désignation propre :

Pour Ahmed Yesevi ou Ahmed Yasavi, « İnsanda, eğer aşk ve vecd hali yoksa semahta yoktur », autrement dit : « S'il n'y a pas d'amour (entretien avec le divin) et d'oubli de soi dans l'amour divin, il n'y a pas de semah ».

Le Semah, système de mouvements circulaires et sacrés, reflète également le vol du turna (grue cendrée). Cet oiseau migrateur est le symbole :

Les prières

Les Sourates du Coran récitées lors des cérémonies dans les cemevi

Lors des cérémonies alevi bektashi certains versets des sourates suivantes sont récitées : Fatiha (al-fātiḥa), Bakara (al-baqara), Âl-i-Imran (āli ʿimrān), En'am (al-anʿām), Ar'af (al-aʿrāf), Yûnus (Yūnus), Ibrahim (Ibrāhīm), Isra (al-isrāʾ), Kehf (al-kahf), Taha (ṭa ha), Enbiya (anbiyāʾ), Müminûn (al-muʾminūn), Furkan (al-furqān), Suara (aš-šuʿarāʾ), Neml (an-naml), Kasas (al-qaṣaṣ), Sebe (sabaʾ), Fatir (fāṭir), Saffat (aṣ-ṣāffāt), Zümer (az-zumar), Mümin (ġāfir), Ahkaf (al-aḥqāf), Hasr (al-ḥašr), Mümtehine (al-mumtaḥana), Tahrim (at-taḥrīm), Nuh (nūḥ), Felak (al-falaq), Nas (an-nās).

Les Gülbang (prière) Harmonie du cem et union des cœurs

En turc :

« Allah u akbar seul Allah mérite qu'on croit en lui

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İbadetlerimiz kabul ola. Secdelerimiz meleklerin yaptığı secde ola.
Meydanlarımız abad ola, gönülerimiz iman ola. Cemlerimiz Kırklar Cemi ola.
Evrenin yaratıcısı o yüce Hakk, Muhammed Mustafa'nın, Aliy'ül Murteza'nın şefaatlarından mahrum etmesin.
Müminlerin anası Hatice't-ül Kibriya, Fatime't-ül Zöre, huzuru mahşerde bizlerin yardımcısı olsunlar.
Yüce Allah cümlemizi ve cümle muhibbanı, resulu kibriyanın, Şahı Evliya'nın, Ehlibeyt'in hürmetine,
cehennemin narından, şeytanın şerrinden, kabir azabından, zalimin zulmünden, kâfirin küfründen,
haksızın nekrinden, ateş ve afetlerden, görünür görünmez kazalardan belalardan, saklasın, beklesin, korusun.
Eli erde, yüzü secdede, Allah, Allah diyenlerin, Hakk alemin dilden dileklerini, gönülden muratlarını versin.
Ey yüce Allah, Adem-i Safuyullah, Nuh-u Naciyullah, İbrahim-i Halilullah, İsmail-i Teslimullah, Musa-i Kelâmullah,
İsa-hi Ruhullah, Muhammed-i Habibullah, Aliy'el Veliyullah yüzü suyu hürmetine, emeklerimizi boşa verme,
bizi doğru yoldan ayırma, dertlerimize derman, hastalarımıza şifa eyle.
Kerbela'da susuz şehit düşen erenlerin evliyaların yüzü suyu hürmetine, bilerek bilmeyerek yaptığımız günahlarımızı af eyle.
Korktuğumuza uğratma, umduğumuza nail eyle. Gökte hayırlı rahmet, yerden hayırlı bereket ihsan eyle, ya Rabb.
Üçlerin, Beşlerin, Yedilerin, Oniki İmamların, Ondört Masum-u Pakların, Onyedi Kemerbestlerin, Kırkların katarından, didarından ayırma.
Onların hürmetine, milletimizin, toplumumuzun birlik ve beraberliğini bozma, huzur ve sükûnet nasip eyle, ya Rabb.
Bütün geçmişlerimize rahmet, geleceğimize selamet ihsan eyle. Emeklerimizi boşa verme, dualarımızı dergâh-ı izzet'inde kabul eyle.
Nur-i Nebi, Kerem-i Ali, gülbankı Seyyid Mahmudi Hayrani. Dil bizden, şefaat Hz. Muhammed'den olsun.

Gerçeğe Hüü, mümine ya Ali, yatan şehitler uyansın. »

Essai de traduction :

« Bismşhah, Allah, Allah!

















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Gülbang d'ouverture du Cemevi

En turc,, :

« Bismişah, Allah, Allah!

Çerağ‐ı ruşan, Fahr‐i dervişan, Mana‐i Piran, kuvvet‐i Abdalan, selamet‐i gariban,
huzur‐u hâzirun, kaanun‐u evliyâ, nur‐u âl‐i âba Allah Allah.
Akşamlar hayr ola, hayırlar feth ola, şerler def ola, müminler ber‐murad ola,
münafiklar berbad ola, demler daim, cemler kaim ola, ibadetlerimiz makbul ola,
Üçler, Beşler, Yediler, On Iki Imam, On Dört Masum-i Pak,
On Yedi Kemerbest Efendilerimiz şefaatçimiz ola, çerağ‐ı kanun‐u Evliyâ ebedi ola,

Nur‐u Nebi Kerem‐i Ali Pirimiz Hünkâr Hacı Bektaş Veli ve gerçek erenler demine devranına Hû. »

Essai de traduction :

« Bismşhah, Allah, Allah!







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Gübang de début de cem

En turc :

« Bismişah, Allah, Allah!

Akşamlar hayır ola, hayırlar fethola, meydan âbad ola, sırlar mestur ola, gönüller mesrur ola,
fakir fukara mamur ola, Er Hak Muhammed Ali yardımcımız gözcümüz bekçimiz ola,
On Iki Imam, On Dört Masum‐u Pak, On Yedi Kemerbest efendilerimiz katarlarından didarlarından ayırmaya.
Pirimiz Üstadımız Hünkâr Hacı Bektaş Velî, Balım Sultan Efendilerimiz muin ve dest‐girimiz ola,
üçlerin, beşlerin, yedilerin, kırkların ve Ricalülgayıb erenlerinin,
Kutbül-aktab efendilerimizin hayır ve himmetleri sefa nazarları üzerimizde hazır ve nâzır ola,
Allah erenler münkir münafık şerrinden, şeytanın mekrinden emin ve hıfzı himaye eyliye,
iki cihanda korktugumuzdan emin, umduğumuzu nail eyleye.
Dertlerimize derman, gönüllerimize iman, hastalarımıza şifa, borçlarımıza edalar ihsan eyleye.
Zümre‐i Salih'den, Güruhu Naci'den eyliye.
Allah erenler devlet ve milletimizin kılıcını keskin, sözünü üstün eyliye,
gökten hayırlı rahmetler, yerden hayırlı bereketler ihsan eyliye.
Niyazlarimizi (lokmaları) kabul eyliye, hizmetlerinizi zaya götürmeye,
dualarımızı dergâh-ı izzetinde kabul eyleye, vaktimiz hayırlı gele.
Dil bizden nefes Hazreti Hünkâr Efendimizden ola. Yuh münkire, lanet Yezid’e, rahmet mümine.

Nûr-ı Nebi, Kerem-i Imam-ı Ali, Pirimiz üstâdımız Hünkar Hacı Bektaş-ı Veli, gerçekler demine Hû… »

Essai de traduction :

« Bismşhah, Allah, Allah!















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Gübang de fin de cem

En turc, :

« Bismişah.. Allah, Allah… Allah-Muhammed-Ali…

Pirimiz, üstadımız Hünkar Hacı Bektaş-ı Veli.
Saklaya, bekleye, göre, gözete; neyleyim, nideyim dedirtmeye…
Hastalara şifalar, dertlilere devalar, evlat isteyene hayırlı evlatlar,
devlet isteyene hayırlı devletler ihsan ederek;
deryada denizde, top-tüfek ağzında, sahrada-çölde-girdapta kalıp da,
“Ya Ali, cârımıza yetiş!” diyenin cârına imdadına yetişesin; darda buğda koymayasın…
Cemi cümle Ümmet-i Muhammed ile eşimizin, dostumuzun, tâlibimizin, muhibbimizin ağız tadlarını bozmaya;
elem, keder vermeyerek, daim bugünlere çıkmamızı nasip ve mukadder eyleyesin.
Yâ Rabb-el-Alemin! Envâr-ı âşıkan, nusret-i piran, mürşid-i safiyân, kutb-ül ârifin,
Hazret-i Hünkar Hacı Bektaş-ı Veli ve kâşif-ül-Kerâmât-ı zâhir ve bâtın
Es-Sultan Seyyid Hıdır Abdal bin-i Karaca Ahmed Sultan bin-i Es-Seyyid Nureddin Seyyid-i
sâdâtlarinin hürmetlerine, hayırlı huzur ve refahlar eyleyesin!
Ali'nin inâyetinden, Muhammed'in şefaatinden mahrum koymayarak; âlimlerin, âbidlerin, pirlerin şefaatiyle yargılayasın.

Nûr-ı Nebi, Kerem-i Imam-ı Ali, Pirimiz üstâdımız Hünkar Hacı Bektaş-ı Veli, gerçekler demine Hû… »

Essai de traduction :

« Bismşhah, Allah, Allah!














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« Ikrar vermek »

La prière récitée par l'initié pour marquer son entrée dans la communauté alevi-bektashi et jurer son attachement et sa fidélité aux préceptes.

En turc :

« Bismişah!

Hamdülillah kim ben oldum bende-i Al-ı abâ
Canı dilden aşk ile hem çâker-i Al-ı abâ.
Rah-ı zulmetten çıkıp doğru yola bastım kadem.
Hâb-ı gafletten uyandım can gözüm kıldum küşa.
Mezhebim haktır, Caferidir, gayriler batıldır.
Pirim üstadım Hacı Bektaş Veli kutbul evliya.
Sevdiğim On Iki Imam, ben Güruhu Nacidenim.
Yetmiş iki fırkadan oldum beri.
Dahi cüda hak deyip bel bağladım, ikrar verip erenlere.

Rehberimiz oldu Muhammed, mürşidimdir Murtaza. »

Essai de traduction :

« Bismşhah!










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« Hakka yürümek »

Les alevi bektashi utilisent l'expression « Hakka yürümek », s'en aller vers le Hakk (la Vérité) ou retourner à son essence, pour désigner le décès d'une personne. Dans le concept de Wahdat al-wujud, l’être entier est à Dieu, et la création ne fait qu’exister ex-istare, c’est-à-dire sortir de l’Être divin pour y retourner à la mort.

Lors de la cérémonie d'enterrement, une prière, le « Telkin duasi », est récitée :

En turc :

« Bismişah! Allah Allah!

Ey canı teninden ayrı düşen kişi!
Bilirsin ki, Tanrı'dan başka tapılacak ilah yoktur.
Yine bilirsin ki, Hz. Muhammed Mustafa, Tanrı'nin kulu ve resulüdür; inanlara tebliğci olarak gelmiştir.
Ve yine bilirsin ki Şah'ı Merdan Ali, Tanrı'nın velisidir.
Hem gene bilirsin ki, On Iki Imamlar, Hak ve gerçektir.
Kuşkusuz ki, cennet Hak'tir, cehennem Hak'tir.
Ve öldükten sonra dirilmek Hak'tır…
Ey canı teninden ayrı düşen kişi!
Bilmiş ol ki ulu Tanrı, tüm ölmüşleri diriltecek, mahşer günü biraraya toplayacaktır.
Bundan kuşku duyma sakın.
Ey bedeni toprağa koyduğumuz can!
Sakın verdiğin ikrarı unutma ve ikrarından dönme!
Bil ki, Rabbin, tek yaratıcı Tanrı'ndır.
Ondan başka Tanrı yoktur.
Dinin Islam, Peygamberin Mustafa'dır.
Imamın ise, Hz. Ali ve O'nun evlatlarıdır.
Kitabın Kur'an-ı Kerim'dir.
Ve tüm inanıp iman etmiş senin kardeşlerindir.
Ey bedeni toprağa koyduğumuz can!
Sığınacağın tek yer, seni yaradan Tanrı'ndır.
Şu an onun koynundasın, aslına döndün.
Ondan korkma.
Çünkü O, bağışlayandır, esirgeyendir, koruyup, kollayandır.
Biz O'na teslim ettik seni.

Sen de O'na teslim et kendini, huzur içinde yat! … »

Essai de traduction :

« Bismşhah, Allah, Allah!























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Gübang du « Nevruz » : nouvel an

Le Norouz (Nevroz, Nowrouz, Nooruz, Navruz, Nauroz ou Nevruz) qui correspond au premier jour du printemps est une fête qui symbolise le renouveau en Asie Centrale, en Iran et au Kurdistan. Chez les alevis, le Nevroz correspond également à la date anniversaire de la naissance de Ali ibn Abi Talib.

En turc :

« Bismişah! Allah! Allah!

Nevruz-Sultan, mevlüd-ü Şah'ı Merdan.
Allah Allah!
Vakitler hayrola, hayirlar fethola, şerler defola,
Hak erenler yıllarımızı mübarek eyliye,
Meydanlarimizi şen, gönüllerimizi ruşen eyliye.
Hak Muhammed Ali soframızdan yâranımızı eksik etmiye.
Tuttuğumuz işleri asan ve gönüllerimizin umduğunu ihsan eyliye.
Hazır, gâib, zahir, batın Hak erenlerin hayr nimetlerini üzerimizde sayebân eyliye.
Ehl-i Beyt düşmanlarını berbad eyliye.
Münkir münafık nâ-murat eyliye.
Muhiblere kötülük düşünen münkir münafık ve müfsid'in boynundan Zülfikar-ı Haydar-ı Kerrar eksik olmaya.

Yuh münkire, lânet Yezid'e, Rahmet Mü'mine, Hak erenler demine Pir'an keremine Hû… »

Essai de traduction :

« Bismişah! Allah! Allah!










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Chef spirituel

Le chef spirituel est le dede, ou Seyyid (Sayyed), descendant du Prophète Mahomet par un des 12 imams (Ahl al-Bayt). Selon le Buyruk (« le commandement » en turc), le livre de référence pour la religion et « la façon de vivre » dans l’Islam alevi, le dede est un descendant du Prophète (ocakzade). Le Buyruk contient les versets coraniques, les citations du prophète et des 12 imams et les principes de l’alévisme. Le rôle du dede est de faire appliquer le droit religieux, de conduire les cérémonies et de prêcher.

Chez les bektachi, le dede se nomme baba (en turc, « père »). Dans la confrérie bektachi, le « baba » (chef religieux) est élu par la communauté du dergah.

Le dede, littéralement « grand-père » en turc, est le chef religieux et spirituel de l’alévisme. Il est le représentant d’un ocak (foyer). Pour être dede il faut obligatoirement descendre de Mahomet donc être un seyyid.

L'institution des dedes est basée sur une hiérarchie à trois niveaux :

  1. Murshid
  2. Pir
  3. Rehber

Dans la pratique seuls les dede ayant acquis une connaissance approfondie de la « voie » (yol) officient. Les dede ne sont en aucun cas les représentants d'Allah ou du prophète. Pour les alevis, nul ne peut parler au nom d'Allah ou de son prophète. Nul ne peut s'interposer entre l'homme et son Créateur et prétendre parler en son nom. Les Dede, par leur connaissance, guident l'impétrant dans son initiation le menant à la Hakikat. Par ailleurs, la connaissance spirituelle est également diffusée par des femmes à travers les Ana, descendante ou épouse de dede. Littéralement ana signifie mère à l'image de Fatma Ana ou Fatima Zahra.

Plus récemment, à Kahramanmaraş, un türbe est érigé où repose une femme, Elif Ana, grande figure locale de l'alévisme qui chaque année fait l'objet d'une commémoration.

Les différents jeûnes

Hizir, Khezr ou Al-Khidr est très présent dans l'alévisme et la mystique musulmane, le « tasawwuf ».

Les commémorations religieuses

Pour l'année 2016 selon la Alevi Dernekleri Federasyonu :

Le hadj : la véritable Kaaba est le cœur de l'homme

Chez les alévis le hajj formel (pèlerinage à La Mecque) n'est plus une obligation rituelle soutenant le véritable pèlerinage autour de la véritable Kaaba : le cœur de l'homme. Ainsi les pèlerinages aux tombeaux des saints prévalent.

Les alevis se rendent également dans des lieux saints naturels :

Courants et personnalités ayant influencé l'alévisme et le bektachisme

                             
          Hachim ibn Abd Manaf             
                             
          Hachémites: descendants des Quraych ou Kureyş, tribu de Mahomet et de Ali ibn Abi Talib             
                             
          Abd al-Muttalib             
                                
                         
 Amina bint Wahb      'Abdullah ibn 'Abdil-Mouttalib Abû Tâlib Ez-Zûbeyr Hamza ibn Abd al-Muttalib Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib 
       
                                
     
 Khadija bint Khuwaylid      Mahomet              Abd Allah ibn Abbas   
       
                                  
     
          Fatima Zahra Ali ibn Abi Talib     Khawlah bint Ja'far al-Hanafiyyah `Alî bin ʿAbd Allâh 
        
     Salman le Perse                                
                  
            Al-Hassan ibn Ali Al-Hussein ibn Ali Muhammad ibn al-Hanafiya  Abbassides Muhammed "el-İmâm" bin `Alî bin el-`Abbâs  
   
                                    
         
   Hasan ibn Zayd ibn Hasan Zeyyîd bin Hasan Hasan el-Mû'tenâ Ali Zayn al-Abidin Kaysanites  Abu Muslim al-Khurasani Zoroastrisme
 
                                      
            
   Alavî du Taberistan Hasan ibn Zayd  ʿAbd Allâh el-Kâmil Muhammad al-Bâqir Zayd ibn Ali Sinbâd’îyye Neo Mazdakisme
     
                                     
                
   İbrahim bin ʿAbd Allâh  Muhammad al-Nafs al-Zakiya Idris Ier
Idrissides (Zaïdisme)
 Imamat Zaïdisme Al-Muqanna Khurramiya
(Babak Khorramdin)
  
 
                                   
          
   Yahya bin ʿAbd Allâh  Dhul-Nûn al-Misri Jabir Ibn Hayyan Ja'far al-Sâdiq  Hasan bin Zeyd’ûl-Alevî Qizilbash Gnosticisme
     
                                          
                   
   Bayazid Bastami  ʿAbd Allâh bin Câʿfer el-Eftâh Ismaïl ben Jafar Musa al-Kazim      Çepni Tahtacı  
    
                                     
      
   Eftâhisme Ahmad al-Wafi (Abadullah) Muhammad ibn Ismâ`îl (chiisme septimain) Ali ar-Rida      Alavides du Taberistan Malamati du Khorassan   
     
                                     
  
   Muhammed bin ʿAbd Allâh el-Eftâh Muhammad at-Taqi (Ahmed ibn Abadullah) Ismaélisme (chiisme septimain) Muhammad al-Jawad  Tavvûs’îyye Batinisme(Ismaélisme Batinite) Ésotérisme 
  
                                       
      
  Soufisme Rabi Abdullah  Hamdân Kârmat de Koufa (Qarmates/Chiisme septimain) Ali al-Hadi  Vâkıf’îyye Culte de Mithra      
    
                                     
             
    Mandéisme Ubayd Allah al-Mahdi Ebû-Saʿid Hasan bin Behrâm Cennâbî (Bahreyn) Hasan al-Askari Muhammed‘bin’Ali al-Hadi Mahométisme ou Muhammed’îyye       
   
                                   
        
    Muhammed ed-Derezî Fatimides Qarmates (Chiisme septimain/Qarmates) Muhammad al-Mahdi FazlʿAllâh Esterâbâdî (Nâimî)  Ibn Nusayr      
  
                                     
              
   Druzes Mustaliens Nizârites  Chiisme duodécimain Hurufisme  Alaouites    
   
                                     
      
     Hâfızî’yye Abû al-Qâsim al-Tayyib  Nasir e Khosraw     Muhammed Kebir Azizî  Kabbale    
    
                                       
       
   Abu al-Hassan al-Kharaqani   Dawoodi Bohras  Alévisme de Pamir ou du Turkestan    Tâcü’l-Ârifîn Ebu’l Vefâ (Vefâ’îyye)  Mahmud Pâsikhânî    
   
                                      
          
   Shams ed Dîn Tabrîzî Batinisme Sabbah’îyye d'Alamut  Les Douze Imams  Baba Ilyas (Babâ’îyye)  Nûktâv’îyye      
   
                                      
                
   Mevlânâ Celâl’ed-Dîn-i Rûmî
(Ordre mevlevi)
  Uwais al-Qarni Suhrawardiyya  Hasan-ı Basrî  Sheikh Zahed Gilani Khalwatiyya/Zahed’îyyah  Çehariyâr (Sari Saltik, Lokman Baba, Aybek Baba et Behlül Baba)  Saiyid Imad-ad-din Nassimi (Hurûf’îyye)     
     
                                      
      
   Hadrat Abu Yaqub Yusuf Hamdani Melâmet’îyye ou Malamati/Chaféisme  Mansur al-Hallaj (Anal Haq)  Cûneyd El-Bağdâdî  Safi al-Din Ardabili Safavieh  Baba Ishak (İshak’îyye)  Dedebabalık (Bektaş’îyye)    
    
                                    
   Ahmed Yasavi
Yesevisme/Melâmet’îyye
  Wahdat al-wujud  Abd al Qadir al-Jilani Qadiriyya/Hanbalisme  Sheikh Sadr al-Din Musa / Safavieh Hâmid’ûd-Dîn-i Veli / Hacı Bayram-ı Veli  Ahmed ar-Rifa'i (Rifa'iyya)     
     
                                         
     
   Qutb ad-Di-n Haydar Qalandariyya/Yesevisme Ibn Arabî (Al Akbariyya/Malikisme)  Nématollahi (Qadiriyya)  Şeyh İbrahim Sheikh Junayd / Sheikh Haydar  Bayramiyya/Jelveti Aziz Mahmud Hudayi  Sari Saltik (Saltuk’îyye)   
    
                                      
       
   Haci Bektas Veli
Haydarisme/Al Akbariyya
  Sadr al-Dîn al-Qûnawî (Al Akbariyya) Ni‘metullâh’îyye Sultân Ali Mirza Séfévides / Ismail Ier  Aybek Baba  Galip Hassan Kuscuoglu    
   
                                        
               
   Ahilik / Ahi Evren  Qizilbashisme Nématollahi İsnâ‘aşer’îyye ou Chiisme duodécimain  Burak’îyyûn (Barak Baba)  Ordre Galibi      
                                       
     
   Taptuk Emre formateur de Yunus Emre  Abdal Musa Burhan’ed-Dîn Hâlil’ûllâh    Alévisme d'Anatolie  Yazdanisme ou "Alévisme Kurde"         
  
                                     
       
   Yunus Emre Balim Sultan      Nâdir Châh Sultan Sahâk  Sheikh Adi ibn Musafir       
 
                                    
  Kaygusuz Abdal Bektaş’îyye ou Bektachisme Nûrbakş’îyye (Javad Nurbakhsh) Jafarisme ou Câʿfer’îyye Yârsânisme  Yézidisme     
 
                                   
       
     Âli’îyye ou Tekke Demir Baba en Bulgarie  Harabât’îyye ou Tekke Arabati Baba en Macédoine       Louvite  Kabbale ou kabbalisme     
 
                                   
     
  Pir Sultan Abdal Révoltes des Celali ou Celâl’îyye           Ichikisme    
                          
  Kul Himmet                       
                            

Ordres et confréries alevi bektashi

Pir Sultan Abdal

Pir Sultan Abdal (1480-1550) est un célèbre poète turc alevi du XVIe siècle. La beauté et la richesse de ses vers reflète la vie sociale, culturelle et religieuse du peuple anatolien. Humaniste, il écrit au sujet de la résistance, l'amour, la paix, la mort et Dieu. En raison de sa révolte contre l'autoritarisme du pouvoir ottoman et sa proximité avec le Chah Ismail Ier ou Chah Hatayi il fut pendu par le pouvoir central en 1550.

Chaque communauté est placée sous la dépendance d'un foyer (ocak), instance qui désigne un maître spirituel et sa discipline. Les fondateurs des foyers sont d'origines diverses : on y trouve des dignitaires bektachi (Sari Saltik, Dede Kargin), un des douze imams ou un grand poète (Pir Sultan Abdal). Les alevi font remonter la généalogie mythique de ces fondateurs de foyers au Prophète. Chaque dede ou descendant du foyer (ocakzade) se voit attribuer un certain nombre de communautés qu'il visite une fois par an pour officier lors du rituel d'initiation ayin-i cem.

Relations avec les sunnites

Les Alevi Bektachi respectent et acceptent les lieux de prières (mosquée) et la forme de prière (namaz) des croyants sunnites et chiites et plus largement de toutes les croyances. Ainsi en Turquie pour une prière réalisée à la mosquée la formule « Allah kabul etsin » (« Que Dieu accepte  ») montre ce respect. Cette formule et ce respect sont valables pour tous les autres lieux de culte parce que le nom de Dieu y est évoqué (Dhikr ou Zikr). En retour les alevi attendent ce même degré de respect et d'acceptation. En Turquie les griefs alevi ne s'adressent pas à leurs concitoyens sunnites mais aux autorités politiques et religieuses qui refusent toujours une reconnaissance officielle de leur culte et privilégient une politique d'assimilation. Les relations entre les alevis et la grande majorité de leurs concitoyens sunnites sont bonnes et les mariages existent. Outre les similitudes théologiques, de grandes figures comme Ahmed Yasavi, Djalâl ad-Dîn Rûmî et Yunus Emre sont une référence aussi bien pour les alevi que pour les sunnites. Toutefois les alevi se plaignent d’être l’objet de pressions plus ou moins violentes de la part d’une mouvance sunnite radicale. Ces derniers, instrumentalisés par l'État à des fins politiques, sont à l'origine des pogroms à l'encontre des alevis.

Présence alévie bektachi

Répartition géographique des Alévis en Turquie. Turquie: part des Alévis dans la population totale : cette carte montre les provinces turques avec un taux élevé d'Alévis (niveaux bleu) et d'autres provinces avec un taux plus faible (< 10 %) (blanc). Répartition géographique des Alévis en Bulgarie. Tekke Kutulu Baba en Thrace, Grèce. Tekke Arabati Baba à Kalkandelen, Macédoine. Tekke Sari Saltik (Alperenler Tekkesi) à Blagaj, Bosnie-Herzégovine. Tombeau de Gül Baba à Budapest en Hongrie.

La grande majorité des alévis sont d’origine turque et turkmène (environ 70 à 80 %). On trouve également des alévis d'origine kurdes kurmandji et zazas qui comme les kurdes appartiennent à la famille des langues indo-européennes. Dans les Balkans, une partie importante des Albanais et de petits groupes bosniaques sont bektachis. Il existe également des communautés alévies en Bulgarie.

L'aire d'influence de l'alevisme eut d'abord pour cadre la société nomade, puis au fil des politiques de sédentarisation forcée menées par le pouvoir central ottoman, le monde rural. En contrepoint, le bektachisme apparaît plutôt comme un phénomène urbain : à travers son influence auprès du corps de janissaires d'une part, et d'autre part, à travers l'organisation de sa structure monastique dont les cités ottomanes fournissent le cadre.

Turquie

En 1826, date des massacres qui mirent fin au corps des janissaires, étroitement associés à l'ordre des Bektachi, l'Empire ottoman comptait sept millions d'alevi bektachi. Aucune source statistique de l'ère républicaine ne fournit aujourd'hui des indications fiables permettant une évaluation démographique de cette minorité. L'islam alevi bektachis constitue la seconde croyance en Turquie après l'islam sunnite. Les avis divergent sur leur nombre : officiellement, ils sont entre 10 et 15 % mais d’après les sources alévies ils représenteraient entre 20 et 25 % de la population nationale. Les répressions exercées contre la communauté sous l'Empire ottoman et la République ont provoqué chez les Alevis un sentiment de peur qui les a contraints à pratiquer leur culte en secret ou « Takiye ». Aussi, tant que la liberté de conscience religieuse et politique ne sera pas totale en Turquie, aucune estimation ne pourra être totalement fiable. Les démographes et les universitaires avancent le chiffre de 15 à 20 millions.

Aujourd'hui, l'Islam alévi bektachi est officiellement ignoré par la Turquie. Il existe en Turquie une administration dédiée aux affaires religieuses, la « Présidence des affaires religieuses » ou « Diyanet ». Cet organisme étatique finance uniquement le culte musulman sunnite, les cultes non-sunnites doivent assurer un fonctionnement financièrement autonome, quand ils ne rencontrent pas d'obstacle administratif à ce même fonctionnement. Lors de la récolte de l'impôt, tous les citoyens turcs sont égaux. Le taux d'imposition n'est pas fonction de la confession religieuse. Toutefois, à travers la « Présidence des affaires religieuses » ou « Diyanet », les citoyens turcs ne sont pas égaux devant l'utilisation des recettes. La « Présidence des affaires religieuses », qui est dotée d'un budget de plus de 2,5 milliards de USD en 2012, ne finance que le culte musulman sunnite. Ainsi, les musulmans alevi bektachis participent au financement des mosquées et au paiement des salaires des imams sunnites alors que leurs lieux de culte, qui ne sont pas officiellement reconnus par l’État, ne reçoivent aucun financement.

En théorie, la Turquie, à travers le traité de Lausanne de 1923, reconnaît les droits civils, politiques et culturels des minorités non musulmanes. En pratique, la Turquie ne reconnaît que les minorités religieuses grecques, arméniennes et israélites sans pour autant leur accorder tous les droits cités dans le traité de Lausanne. Les musulmans alevi-bektachis et câferî, les catholiques latins et les protestants ne font l'objet d'aucune reconnaissance officielle.

En 1978, des massacres orchestrés par des ultranationalistes et des fondamentalistes sunnites, dont l'emblématique massacre de Maraş, frappent la population alévie de la province de Kahramanmaras. En 1993, à Sivas, une ville conservatrice du centre de la Turquie, 37 personnes, majoritairement alévies, meurent dans l’incendie criminel de leur hôtel assiégé par des extrémistes religieux.

À deux reprises, en 1966 et en 1996, des alévis ont mis sur pied un parti politique spécifique, le Parti de l'unité (1966-1981), qui a fait élire dix députés aux élections de 1969, un à celles de 1973 et aucun à celles de 1977, puis le Parti de la paix (1996-1999), qui a recueilli 0,25 % aux législatives de 1999 et s'est autodissout quelques mois plus tard. Le peu de considération du Parti républicain du peuple vis-à-vis des revendications spécifiques alévies en matière de reconnaissance et de subsidiation de leur culte faisait partie des motivations lors de la création du Parti de la paix, précédée en 1995 de celle du Mouvement démocratique de la paix.

Les Alévis demeurent discriminés dans la Turquie contemporaine. L’État ne les reconnait pas comme un mouvement religieux à part entière et ne considère pas non plus leur cemevis comme des lieux de culte, les privant ainsi de son soutien financier. Recep Tayyip Erdogan, issu de l’AKP, parti conservateur, a lui-même visé cette minorité, accusant ses membres d’être « dominants » parmi les juges en Turquie et d’inventer « une nouvelle religion ».

Selon la revue Croire et Lire 30-35 % des turcs sont de confession Alévi-Jafari.

Liste des pogroms ou massacres Politique d'assimilation

Avant le règne de Yavuz Sultan Selim, la présence alévie en Anatolie est fortement corrélée avec la présence turkmène. Après les massacres perpétrés par Yavuz Sultan Selim, de nombreux turkmènes alévis se sont convertis au sunnisme pour avoir la vie sauve. Cette politique d'assimilation est poursuivie sous la république avec les cours de religion sunnite dans l'enseignement et le conditionnement de l’accès des localités alevis aux services et équipements publics à la construction de mosquée. Finalement, des provinces historiques de l'alevisme bektachisme (Thrace, Eskişehir, Afyon, Bilecik, Bursa, Sinop…) sont aujourd'hui majoritairement peuplées de turkmènes sunnites. Les traces de cette présence alevie se retrouve toujours dans le nom des localités et des rues (Pirler Mahallesi, Dedeler Sok, Erenler Sok…),.

Une autre forme d'assimilation : l'Alévisme sans Ali (Alisiz Alevilik)

Récemment, une nouvelle politique d'assimilation s'est manifestée notamment par des kurdes « alévis » assurant à la communauté alévi que celle-ci était en réalité influencée par le zoroastrisme et qu'elle n'avait rien à voir avec l'islam, que l'imam Ali était juste une image, un symbole ainsi que des arguments instables semblables à ces derniers. L'Alévisme sans Ali est donc un nouvel alévisme qui prône le refus total du livre Sacré, des 12 imams, de certaines pratiques et rituels également sans oublier cette nouvelle mode de qualifier les chefs religieux alévis (les dedes) d'illettrés et d'incultes. Notons que cette politique s'est vu développé en Allemagne par des kurdes alévis n'acceptant pas les origines Turkmènes de la communauté en question. Elle se répand petit à petit en Turquie. Véritable danger pour les chefs religieux alévis qui mettent en garde la communauté et particulièrement les jeunes, contre ces opportunistes essayant d'assimiler un peuple, une croyance en métamorphosant goutte à goutte ses valeurs, ses pratiques, ses rituels voir Alisiz alevilik de Faik bulut (1997)

Albanie et Kosovo

Il n'existe pas de chiffres officiels récents sur la population de la communauté bektachi. Les anciennes statistiques parlent de 150 000 (Kingsley, 1994:85) à 200 000 ménages (Tomor, Interview, 1994) (statistiques de 1912 et 1967).

Les bektachi représentent environ 15 % de la population albanaise soit 425 000 individus

Bulgarie

Selon des sources non officielles, les Alévis représentent entre 18-20 % la population turcophone du pays, 13 % selon les chiffres officiels.

Selon une enquête réalisée par Irène Mélikoff en 1985, le nombre d'alévis en Bulgarie est d'environ 90 à 100 000. Le recensement du 4 décembre 1992 dénombre 83 537 habitant qui se définissent comme alévis.

Ce chiffre est certainement sous-estimé dans la mesure où les qizilbash et les bektachi de Bulgarie ne se définissent pas en tant qu'alévi comme en Turquie.

La population alévie est concentrée dans les provinces de Razgrad, Ruse, Silistra et Sliven.

Grèce

La communauté pomak, 30 000 habitants, est principalement de confession bektachi.

Chypre

La population historique (hors migrations récentes) est principalement constituée de turkmènes alevis. Entrés en révoltes contre le pouvoir central ottoman (XVIe siècle) , ces derniers sont réprimés et déportés d’Anatolie vers Chypre où ils se convertissent majoritairement au sunnisme à la suite d'une politique d'assimilation. Aujourd'hui la communauté qui se déclare alevie de Chypre se monte à 30 000 âmes.

Macédoine

La communauté alevis bektachi est estimée à 30 000 personnes selon les autorités bektachi.

Bosnie-Herzégovine

Hongrie

Budapest où se situe le tombeau de Gül Baba (mort en 1541). Également connu sous le nom Cafer, Gül Baba était un poète ottoman, un derviche bektashi et un proche du sultan Soliman le Magnifique.

Roumanie

Iran, Irak et Azerbaïdjan

Égypte

Le couvent bektashi sur le Mokattam, au-dessus de la citadelle au Caire, est le seul établissement de l'ordre en Égypte. Une grande grotte dans l'enceinte du couvent abrite le türbe ou mausolée de Kaigousouz Sultan, le fondateur du couvent,.

Migrations contemporaines

Synthèse sur la situation des alévis bektachis dans le monde

Aire d’influence de l'alévisme bektachisme et du yesevisme qui promeut l'égalité entre les hommes et les femmes (Ahmed Yesevi ou Ahmed Yasavi est une grande figure de l'alévisme). Situation des alevi bektachi dans le monde
Pays Reconnaissance officielle du culte Reconnaissance des chefs religieux Reconnaissance des jours sacrés (kurban, ashura, Hizir et newroz) comme jours fériés Enseignement de l'alévisme dans les programmes scolaires en tant que culte
Drapeau de la Turquie Turquie Non Non
Drapeau de l'Albanie Albanie
Drapeau de la Bulgarie Bulgarie
Drapeau de la Grèce Grèce
Drapeau de la Macédoine Macédoine
Drapeau de l'Allemagne Allemagne Oui Oui
Drapeau de la France France
Drapeau de la Suisse Suisse Oui (canton de Bâle-Ville)
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Oui
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Drapeau de la Belgique Belgique
Drapeau de l'Autriche Autriche Oui Oui Oui Oui
Drapeau du Danemark Danemark Oui
Drapeau de la Suède Suède
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau du Canada Canada
Drapeau des États-Unis États-Unis

L'alévisme et la question kurde

Si la majorité des alévis de Turquie sont incontestablement de culture et de langue turques, les alévis kurdes forment une forte minorité. Les alévis kurdes de Turquie vivent essentiellement dans les régions de Dersîm, de Maras et de Malatya, ainsi que dans quelques enclaves de la région de Sivas. Ils parlent les dialectes zaza (surtout à Dersîm) et kurmandji.

Au contraire d'autres alévis qui, au début des années 1920, saluent l'avènement de la république turque où ils espèrent vivre sur un pied égal avec les sunnites majoritaires, la plupart des alévis du Dersim et de ses environs se méfient du miliî mûcadele (lutte nationale) menée par Mustafa Kemal. En effet, celui-ci met alors en avant la solidarité musulmane, de facto sunnite, avant de soumettre et d'incorporer l'aspect religieux au concept nationaliste. Des tribus alévies du Dersim et du Koçkiri (à la frontière occidentale du Dersim) déclenchent fin 1920 un soulèvement, préparé dès 1919, contre le nouveau pouvoir. Ce soulèvement est, chronologiquement, la première des révoltes kurdes des années 1920-1930. Il faut ici noter que, durant cette série de révoltes, les Kurdes alévis ne participent pas aux soulèvements des sunnites et les Kurdes sunnites pas à ceux des alévis, ce qui profite évidemment à leurs adversaires. La révolte des alévis kurdes de Dersîm en 1938, qui clôt par ailleurs la période des révoltes des années 1920-1930, se termine par un massacre effroyable dans l'indifférence générale.

Littérature

Fontaine Yunus Emre à Türkenschanzpark à Vienne en Autriche. Fuzûlî ou Mehmet Süleymanoglu Fuzulî est un poète turcophone du XVIe.

La littérature alévie a influencé profondément la littérature turque en général ainsi que la littérature chiite.

Les hymnes chantés avec ou sans accompagnement de bağlama (saz) sont appelés nefes (souffle). Les chants religieux et spirituels chantés avec le bağlama sont appelés deyiş (dit). Les cantiques traitant du martyr de Hussein sont appelés mersiye. Les cantiques qui racontent l'ascension céleste de Mahomet sont appelés miraçlama. Les cantiques adressés aux 12 imams sont appelés duvaz-imam (12 Imams en persan). Les cantiques traitant des cycles d'incarnation de prophétie et de sainteté sont appelés devriye (en arabe, dawr, révolution/cycle). Les cantiques psalmodiés le jour du Nevruz (Newroz) (21 mars) rappelant la naissance de Ali dans la Kaaba, du jour de la révélation prophétique, du mariage d'Ali et Fatima, sont appelés nevruziye.

Comme c'est une littérature très étendue dans l'espace et dans le temps, du Turkestan au Balkans, il faut la diviser par région et par siècle. La grande littérature alévie est née au XIIe siècle.

Au Turkestan son premier représentant est Ahmed Yesevi ou Ahmed Yasavi (XIIe siècle).

En Azerbaïdjan ses représentants sont :

En Iran:

En Anatolie nous avons :

Dans les Balkans les représentants sont :

Fuzuli était aussi un poète chiite. Nesimi, Yemini étaient en même temps des poètes Houroufis. Virani se considérait aussi poète Nusayris. Il y a aussi d'autres poètes alévis appelés halk ozanı c’est-à-dire « bardes du peuple » car ils n'ont pas été derviches ou abdals ; parmi eux, citons Köroğlu, Karacaoğlan, Kerem, Garip, Gevheri, Dadaloğlu.

Nefes Bektachi

En turc :

« Zahid bizi tan eyleme


Hak ismin okur dilimiz
Sakın efsane söyleme
Hazrete varır yolumuz

Sayılmayız parmak ile
Tükenmeyiz kırmak ile
Taşramızdan sormak ile


Kimse bilmez ahvalimiz »

Essai de traduction :

« Croyant ne nous dénigre pas
C'est le nom d'Allah qui sort de notre bouche
Ne vilipende pas après nous
Car c'est bien au prophète que mène notre voie

Tes doigts sont insuffisants pour nous compter
Tes destructions ne nous consumeront pas
Tes connaissances ne sont qu’ouï-dire
Ne prétends pas connaître notre voie »

Musique

« Yedi ulu ozan », les sept sublimes poètes

« Yedi ulu ozan », les Sept Sublimes Poètes sont les chantres qui par leur deyiş ont propagé la culture alevi-bektachi :

Liste des artistes

Notes et références

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Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes