Équation aux dérivées partielles

En mathématiques, plus précisément en calcul différentiel, une équation aux dérivées partielles (parfois appelée équation différentielle partielle et abrégée en EDP) est une équation différentielle dont les solutions sont les fonctions inconnues dépendant de plusieurs variables vérifiant certaines conditions concernant leurs dérivées partielles.

Une EDP a souvent de très nombreuses solutions, les conditions étant moins strictes que dans le cas d'une équation différentielle ordinaire à une seule variable ; les problèmes comportent souvent des conditions aux limites qui restreignent l'ensemble des solutions. Alors que les ensembles de solutions d'une équation différentielle ordinaire sont paramétrées par un ou plusieurs paramètres correspondant aux conditions supplémentaires, dans le cas des EDP, les conditions aux limites se présentent plutôt sous la forme de fonction ; intuitivement cela signifie que l'ensemble des solutions est beaucoup plus grand, ce qui est vrai dans la quasi-totalité des problèmes.

Les EDP sont omniprésentes dans les sciences puisqu'elles apparaissent aussi bien en dynamique des structures ou en mécanique des fluides que dans les théories de la gravitation, de l'électromagnétisme (équations de Maxwell), ou des mathématiques financières (équation de Black-Scholes). Elles sont primordiales dans des domaines tels que la simulation aéronautique, la synthèse d'images, ou la prévision météorologique. Enfin, les équations les plus importantes de la relativité générale et de la mécanique quantique sont également des EDP.

L'un des sept problèmes du prix du millénaire consiste à montrer l'existence et la continuité par rapport aux données initiales d'un système d'EDP appelé équations de Navier-Stokes.

Introduction

Une équation différentielle partielle très simple est :

∂ u ∂ x = 0 {\displaystyle {\frac {\partial u}{\partial x}}=0}

où u est une fonction inconnue de x et y sur un ouvert convexe. Cette équation implique que les valeurs u(x,y) sont indépendantes de x. Les solutions de cette équation sont :

u ( x , y ) = f ( y ) , {\displaystyle u(x,y)=f(y),}

où f est une fonction de y.

L'équation différentielle ordinaire

d u d x = 0 {\displaystyle {\frac {\mathrm {d} u}{\mathrm {d} x}}=0}

a pour solution :

u ( x ) = c , {\displaystyle u(x)=c,}

avec c une valeur constante (indépendante de x). Ces deux exemples illustrent qu'en général, la solution d'une équation différentielle ordinaire met en jeu une constante arbitraire, tandis que les équations aux dérivées partielles mettent en jeu des fonctions arbitraires. Une solution des équations aux dérivées partielles n'est généralement pas unique.

Trois catégories importantes d'EDP sont les équations aux dérivées partielles linéaires et homogènes du second-ordre dites elliptiques, hyperboliques et paraboliques.

Notations

En mathématiques

Pour les EDP, par souci de simplification, il est d'usage d'écrire u la fonction inconnue et Dxu (notation française) ou ux (notation anglo-saxonne, plus répandue) sa dérivée partielle par rapport à x, soit avec les notations habituelles du calcul différentiel :

u x = ∂ u ∂ x {\displaystyle u_{x}={\partial u \over \partial x}}

et pour les dérivées partielles secondes :

u x y = ∂ 2 u ∂ y ∂ x = ∂ ∂ y ( ∂ u ∂ x ) {\displaystyle u_{xy}={\partial ^{2}u \over \partial y\,\partial x}={\partial \over \partial y}\left({\partial u \over \partial x}\right)}

En physique

Les opérateurs de l'analyse vectorielle sont utilisés.

Résumé d'analyse vectorielle L'opérateur nabla   {\displaystyle \left\ } représente le jeu des dérivées partielles d'ordre 1 Pour une fonction vectorielle u → ( x , y , z , t ) = ( u x ( x , y , z , t ) u y ( x , y , z , t ) u z ( x , y , z , t ) ) {\displaystyle {\vec {u}}\left(x,y,z,t\right)=\left({\begin{array}{c}u_{x}\left(x,y,z,t\right)\\u_{y}\left(x,y,z,t\right)\\u_{z}\left(x,y,z,t\right)\end{array}}\right)} , en lui appliquant le produit scalaire par ∇ → {\displaystyle {\vec {\nabla }}} , on définit la divergence :

  ∇ → ⋅ u → ( x , y , z , t ) = ( ∂ ∂ x ∂ ∂ y ∂ ∂ z ) . ( u x u y u z ) = ∂ u x ∂ x + ∂ u y ∂ y + ∂ u z ∂ z ≡ d i v u → {\displaystyle \ {\vec {\nabla }}\cdot {\vec {u}}\left(x,y,z,t\right)=\left({\begin{array}{c}{\frac {\partial }{\partial x}}\\{\frac {\partial }{\partial y}}\\{\frac {\partial }{\partial z}}\end{array}}\right).\left({\begin{array}{c}u_{x}\\u_{y}\\u_{z}\end{array}}\right)={\frac {\partial u_{x}}{\partial x}}+{\frac {\partial u_{y}}{\partial y}}+{\frac {\partial u_{z}}{\partial z}}\equiv {\rm {div}}\,{\vec {u}}} En utilisant le produit vectoriel, on définit le rotationnel :

  ∇ → ∧ u → ( x , y , z , t ) = ( ∂ ∂ x ∂ ∂ y ∂ ∂ z ) ∧ ( u x u y u z ) = ( ∂ u z ∂ y − ∂ u y ∂ z ∂ u x ∂ z − ∂ u z ∂ x ∂ u y ∂ x − ∂ u x ∂ y ) ≡ r o t → u → ≡ c u r l → u → {\displaystyle \ {\vec {\nabla }}\wedge {\vec {u}}\left(x,y,z,t\right)=\left({\begin{array}{c}{\frac {\partial }{\partial x}}\\{\frac {\partial }{\partial y}}\\{\frac {\partial }{\partial z}}\end{array}}\right)\wedge \left({\begin{array}{c}u_{x}\\u_{y}\\u_{z}\end{array}}\right)=\left({\begin{array}{c}{\frac {\partial u_{z}}{\partial y}}-{\frac {\partial u_{y}}{\partial z}}\\{\frac {\partial u_{x}}{\partial z}}-{\frac {\partial u_{z}}{\partial x}}\\{\frac {\partial u_{y}}{\partial x}}-{\frac {\partial u_{x}}{\partial y}}\end{array}}\right)\equiv {\overrightarrow {\rm {rot}}}\,{\vec {u}}\equiv {\overrightarrow {\rm {curl}}}\,{\vec {u}}} Pour une fonction qui à tout point de l'espace associe un nombre scalaire, u ( x , y , z , t ) {\displaystyle u\left(x,y,z,t\right)} , on définit le gradient:

∇ → u ( x , y , z , t ) = ( ∂ ∂ x ∂ ∂ y ∂ ∂ z ) . u ( x , y , z , t ) = ( ∂ u ∂ x ∂ u ∂ y ∂ u ∂ z ) = g r a d → u {\displaystyle {\vec {\nabla }}\,u\left(x,y,z,t\right)=\left({\begin{array}{c}{\frac {\partial }{\partial x}}\\{\frac {\partial }{\partial y}}\\{\frac {\partial }{\partial z}}\end{array}}\right).u\left(x,y,z,t\right)=\left({\begin{array}{c}{\frac {\partial u}{\partial x}}\\{\frac {\partial u}{\partial y}}\\{\frac {\partial u}{\partial z}}\end{array}}\right)={\overrightarrow {\rm {grad}}}\,u} On utilise également l'opérateur laplacien, analogue de la divergence pour la dérivation d'ordre 2

Δ ≡ ∇ 2 = ∂ 2 ∂ x 2 + ∂ 2 ∂ y 2 + ∂ 2 ∂ z 2 {\displaystyle \Delta \equiv \nabla ^{2}={\frac {\partial ^{2}}{\partial x^{2}}}+{\frac {\partial ^{2}}{\partial y^{2}}}+{\frac {\partial ^{2}}{\partial z^{2}}}} voir aussi l'opérateur laplacien vectoriel.  

Exemples d'EDP

Équation de Laplace

L'équation de Laplace est une EDP de base très importante :

∂ 2 u ∂ x 2 + ∂ 2 u ∂ y 2 + ∂ 2 u ∂ z 2 = 0 {\displaystyle {\partial ^{2}u \over \partial x^{2}}+{\partial ^{2}u \over \partial y^{2}}+{\partial ^{2}u \over \partial z^{2}}=0}

où u=u(x,y,z) désigne la fonction inconnue.

Il est possible d'écrire cette fonction de manière analytique dans certaines conditions limites et avec une géométrie donnée, par exemple avec des coordonnées sphériques.

En notation d'analyse vectorielle, en utilisant l'opérateur laplacien Δ

Soit ψ ≡ u ( x , y , z , t )   {\displaystyle \psi \equiv u\left(x,y,z,t\right)\ } , fonction d'onde. Δ ψ   =   0 {\displaystyle \Delta \psi \ =\ 0}

Équation de propagation (ou équation des cordes vibrantes)

Cette EDP, appelée équation de propagation des ondes, décrit les phénomènes de propagation des ondes sonores et des ondes électromagnétiques (dont la lumière). La fonction d'onde inconnue est notée u(x,y,z,t), t représentant le temps :

∂ 2 u ∂ x 2 + ∂ 2 u ∂ y 2 + ∂ 2 u ∂ z 2 = 1 c 2 ∂ 2 u ∂ t 2 {\displaystyle {\partial ^{2}u \over \partial x^{2}}+{\partial ^{2}u \over \partial y^{2}}+{\partial ^{2}u \over \partial z^{2}}={1 \over c^{2}}{\partial ^{2}u \over \partial t^{2}}}

Le nombre c représente la célérité ou vitesse de propagation de l'onde u.

En notation d'analyse vectorielle, en utilisant l'opérateur laplacien Δ :

Soit ψ ≡ u ( x , y , z , t )   {\displaystyle \psi \equiv u\left(x,y,z,t\right)\ } , fonction d'onde. Δ ψ   =   1 c 2 ∂ 2 ψ ∂ t 2 {\displaystyle \Delta \psi \ =\ {1 \over c^{2}}{\partial ^{2}\psi \over \partial t^{2}}} Équation d'onde, forme générale
Onde   ψ {\displaystyle ~\psi } Partie longitudinale Partie transversale Propagation Dissipation
  Δ ψ {\displaystyle ~\Delta \psi }   = {\displaystyle \ =} grad → {\displaystyle {\overrightarrow {\textrm {grad}}}}   − {\displaystyle \ -} rot → {\displaystyle {\overrightarrow {\textrm {rot}}}\left}   = {\displaystyle \ =} 1 c 2 ∂ 2 ψ ∂ t 2 {\displaystyle {1 \over c^{2}}{\partial ^{2}\psi \over \partial t^{2}}}   + {\displaystyle \ +} 1 α ∂ ψ ∂ t {\displaystyle {1 \over \alpha }{\partial \psi \over \partial t}}

Voir aussi Onde sismique, onde mécanique, Son, Onde sur une corde vibrante, Onde stationnaire dans un tuyau, Équations de Maxwell

Équation de Fourier

∂ 2 u ∂ x 2 + ∂ 2 u ∂ y 2 + ∂ 2 u ∂ z 2 = 1 α ∂ u ∂ t {\displaystyle {\partial ^{2}u \over \partial x^{2}}+{\partial ^{2}u \over \partial y^{2}}+{\partial ^{2}u \over \partial z^{2}}={1 \over \alpha }{\partial u \over \partial t}}

Cette EDP est également appelée équation de la chaleur. La fonction u représente la température. La dérivée d'ordre 1 par rapport au temps traduit l'irréversibilité du phénomène. Le nombre α {\displaystyle \alpha } est appelé diffusivité thermique du milieu.

En notation d'analyse vectorielle, en utilisant l'opérateur laplacien Δ :

Soit ψ ≡ u ( x , y , z , t )   {\displaystyle \psi \equiv u\left(x,y,z,t\right)\ } , fonction d'onde de température. Δ ψ   =   1 α ∂ ψ ∂ t {\displaystyle \Delta \psi \ =\ {1 \over \alpha }{\partial \psi \over \partial t}}

Équation de Poisson

En utilisant l'opérateur laplacien Δ :

Soient ψ ( x , y , z )   {\displaystyle \psi \left(x,y,z\right)\ } , fonction d'onde et ρ ( x , y , z , t ) {\displaystyle \rho \left(x,y,z,t\right)} densité de charge. Δ ψ   = − 4 π ρ {\displaystyle \Delta \psi \ =-4\pi \rho }

Équation d'advection

L'équation d'advection en dimension 1 d'espace et de temps décrit le transport de la quantité u ( x , t ) {\displaystyle u(x,t)} par la vitesse d'advection a {\displaystyle a}

∂ u ∂ t + a ∂ u ∂ x = 0 {\displaystyle {\frac {\partial u}{\partial t}}+a{\frac {\partial u}{\partial x}}=0}

Elle a pour solution u ( x , t ) = η ( x − a t ) {\displaystyle u(x,t)=\eta (x-at)} pour t ⩾ 0 {\displaystyle t\geqslant 0} où η ( x ) {\displaystyle \eta (x)} est la condition initiale à t = 0 {\displaystyle t=0} .

L'équation d'advection joue un rôle fondamental dans l'étude des méthodes de résolution numérique par la méthode des volumes finis des systèmes hyperboliques de lois de conservation comme les équations d'Euler en dynamique des fluides compressibles.

Équation d'onde de Langmuir

Soient ψ ( x , y , z , t )   {\displaystyle \psi \left(x,y,z,t\right)\ } , fonction d'onde et ρ ( x , y , z , t ) {\displaystyle \rho \left(x,y,z,t\right)} densité de charge.

Δ ψ   = 1 c 2 . ∂ 2 ψ ∂ t 2 − ρ ϵ {\displaystyle \Delta \psi \ ={1 \over c^{2}}.{\partial ^{2}\psi \over \partial t^{2}}-{\rho \over \epsilon }}

Cette équation décrit des ondes électriques longitudinales en propagation dans un plasma.

Équation de Stokes

Le système de Stokes, qui décrit l'écoulement d'un fluide newtonien incompressible en régime permanent et à faible nombre de Reynolds, s'écrit :

η Δ v → = g r a d → p − ρ f → {\displaystyle \eta \Delta {\vec {v}}={\overrightarrow {\mathrm {grad} }}\,p-\rho {\vec {f}}} d i v v → = 0 {\displaystyle {\rm {div}}\,{\vec {v}}=0} Notations :  

Équation de Schrödinger

Article détaillé : Équation de Schrödinger. i ℏ ∂ ψ ∂ t   = ψ {\displaystyle i\hbar {\partial \psi \over \partial t}\ =\left\psi } Notations :  

Équation de Klein-Gordon

Article détaillé : Équation de Klein-Gordon.

Soit ψ ( x , y , z , t ) {\displaystyle \psi \left(x,y,z,t\right)} , fonction d'onde.

− ℏ 2 ∂ 2 ψ ∂ t 2   = − ℏ 2 c 2 Δ ψ + m 2 c 4 ψ {\displaystyle -\hbar ^{2}{\partial ^{2}\psi \over \partial t^{2}}\ =-\hbar ^{2}c^{2}\Delta \psi +m^{2}c^{4}\psi } Notations :  

Méthodes de résolution

Approche analytique

Résolution numérique

Les méthodes numériques les plus couramment utilisées pour la résolution des équations aux dérivées partielles sont :

Notes et références

  1. Stéphane Mottin, « An analytical solution of the Laplace equation with Robin conditions by applying Legendre transform », Integral Transforms and Special Functions, vol. 27 (no 4), 2016, p.289–306. Lire en ligne

Articles connexes

Bibliographie

Cette bibliographie recense trop d'ouvrages (février 2018). Les ouvrages doivent être de « référence » dans le domaine du sujet de l'article. Il peut être souhaitable de les insérer dans une référence et de les enlever de la section « bibliographie ». Il peut être également utile de créer un article bibliographique spécifique.

Cours généraux

Cours et exercices corrigés

Applications particulières

En anglais

Cours anciens

Liens externes