Trioxyde de soufre

Trioxyde de soufre


Structure du trioxyde de soufre.
Identification
Nom UICPA Trioxyde de soufre
Synonymes

anhydride sulfurique

No CAS 7446-11-9
No ECHA 100.028.361
No CE 231-197-3
No RTECS WT4830000
PubChem 24682
ChEBI 29384
SMILES O=S(=O)=O
PubChem, vue 3D
InChI InChI : vue 3D
InChI=1S/O3S/c1-4(2)3
InChIKey :
AKEJUJNQAAGONA-UHFFFAOYSA-N
Apparence liquide fumant, hygroscopique, incolore ou cristaux incolores à blancs.
Propriétés chimiques
Formule O3SSO3
Masse molaire 80,063 ± 0,006 g/mol
O 59,95 %, S 40,05 %,
Moment dipolaire 0
Propriétés physiques
T° fusion 16,9 °C
T° ébullition 45 °C
Solubilité dans l'eau : réaction
Masse volumique 1,9 g cm−3

équation : ρ = 1.4969 / 0.19013 ( 1 + ( 1 − T / 490.85 ) 0.4359 ) {\displaystyle \rho =1.4969/0.19013^{(1+(1-T/490.85)^{0.4359})}}
Masse volumique du liquide en kmol·m-3 et température en kelvins, de 289,95 à 490,85 K.
Valeurs calculées :
1,90197 g·cm-3 à 25 °C.

T (K) T (°C) ρ (kmol·m-3) ρ (g·cm-3)
289,95 16,8 24,241 1,94083
303,34 30,19 23,447 1,87726
310,04 36,89 23,048 1,84532
316,74 43,59 22,64758 1,81326
323,43 50,28 22,24556 1,78107
330,13 56,98 21,84175 1,74874
336,83 63,68 21,43591 1,71625
343,52 70,37 21,02783 1,68357
350,22 77,07 20,61721 1,6507
356,92 83,77 20,20375 1,61759
363,61 90,46 19,78711 1,58423
370,31 97,16 19,36688 1,55059
377,01 103,86 18,94263 1,51662
383,7 110,55 18,51382 1,48229
390,4 117,25 18,07984 1,44754
T (K) T (°C) ρ (kmol·m-3) ρ (g·cm-3)
397,1 123,95 17,63997 1,41233
403,79 130,64 17,19337 1,37657
410,49 137,34 16,739 1,34019
417,19 144,04 16,27561 1,30309
423,88 150,73 15,80165 1,26514
430,58 157,43 15,31515 1,22619
437,28 164,13 14,81354 1,18603
443,97 170,82 14,29343 1,14439
450,67 177,52 13,75008 1,10089
457,37 184,22 13,17664 1,05497
464,06 190,91 12,56244 1,0058
470,76 197,61 11,88932 0,95191
477,46 204,31 11,12131 0,89042
484,15 211 10,16336 0,81372
490,85 217,7 7,873 0,63034

Graphique P=f(T)

Pression de vapeur saturante

équation : P v s = e x p ( 180.99 + − 12060 T + ( − 22.839 ) × l n ( T ) + ( 7.2350 E − 17 ) × T 6 ) {\displaystyle P_{vs}=exp(180.99+{\frac {-12060}{T}}+(-22.839)\times ln(T)+(7.2350E-17)\times T^{6})}
Pression en pascals et température en kelvins, de 289,95 à 490,85 K.
Valeurs calculées :
35 030,41 Pa à 25 °C.

T (K) T (°C) P (Pa)
289,95 16,8 20 934
303,34 30,19 47 459,43
310,04 36,89 68 564,66
316,74 43,59 96 633,46
323,43 50,28 133 114,37
330,13 56,98 179 534,51
336,83 63,68 237 461,76
343,52 70,37 308 466,04
350,22 77,07 394 082,86
356,92 83,77 495 782,53
363,61 90,46 614 947,48
370,31 97,16 752 859,91
377,01 103,86 910 701,14
383,7 110,55 1 089 563,42
390,4 117,25 1 290 474,27
T (K) T (°C) P (Pa)
397,1 123,95 1 514 433,11
403,79 130,64 1 762 459,63
410,49 137,34 2 035 653,15
417,19 144,04 2 335 262,62
423,88 150,73 2 662 767,02
430,58 157,43 3 019 966,65
437,28 164,13 3 409 086,32
443,97 170,82 3 832 892,73
450,67 177,52 4 294 829,09
457,37 184,22 4 799 171,73
464,06 190,91 5 351 215,29
470,76 197,61 5 957 494,89
477,46 204,31 6 626 057,09
484,15 211 7 366 794,6
490,85 217,7 8 191 900
P=f(T)
Viscosité dynamique 1,820 cP à 25 °C
Point critique 82,1 bar, 217,85 °C
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 256,77 J mol−1 K−1
ΔfH0gaz −397,77 kJ/mol
ΔvapH° 40,69 kJ mol−1 (1 atm, 44,5 °C) ;

43,14 kJ mol−1 (1 atm, 25 °C)

Cp 24,02 J mol−1 K−1
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 12,82 ± 0,03 eV (gaz)
Précautions
SGH
SGH05 : CorrosifSGH06 : ToxiqueSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagène, cancérogène, reprotoxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
DangerH314, H318, H330, H335, H351, H411, P260, P261, P264, P271, P273, P280, P284, P320, P301+P330+P331 et P304+P340H314 : Provoque de graves brûlures de la peau et des lésions oculaires
H318 : Provoque des lésions oculaires graves
H330 : Mortel par inhalation
H335 : Peut irriter les voies respiratoires
H351 : Susceptible de provoquer le cancer (indiquer la voie d'exposition s'il est formellement prouvé qu'aucune autre voie d'exposition ne conduit au même danger)
H411 : Toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets à long terme
P260 : Ne pas respirer les poussières/fumées/gaz/brouillards/vapeurs/aérosols.
P261 : Éviter de respirer les poussières/fumées/gaz/brouillards/vapeurs/aérosols.
P264 : Se laver … soigneusement après manipulation.
P271 : Utiliser seulement en plein air ou dans un endroit bien ventilé.
P273 : Éviter le rejet dans l’environnement.
P280 : Porter des gants de protection/des vêtements de protection/un équipement de protection des yeux/du visage.
P284 : Porter un équipement de protection respiratoire.
P320 : Un traitement spécifique est urgent (voir … sur cette étiquette).
P301+P330+P331 : En cas d'ingestion : rincer la bouche. NE PAS faire vomir.
P304+P340 : En cas d'inhalation : transporter la victime à l’extérieur et la maintenir au repos dans une position où elle peut confortablement respirer.
SIMDUT

Produit non classéLa classification de ce produit n'a pas encore été validée par le Service du répertoire toxicologique

Divulgation à 1,0 % selon la liste de divulgation des ingrédients
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.
Trioxyde de soufre.

Le trioxyde de soufre, jadis également appelé anhydride sulfurique, est un composé chimique de formule SO3. Cet oxyde du soufre, élément non métallique, est un solide cristallisé incolore fondant dès 16,9 °C. Il se présente souvent sous forme de particules blanches par dépôt de ses fumées. Entre 16,9 et 44,8 °C, il est liquide, incolore et hygroscopique.

C'est un polluant majeur de l'atmosphère terrestre, résultant de l'oxydation du dioxyde de soufre SO2, et notamment responsable des pluies acides. Il est produit industriellement comme précurseur de l'acide sulfurique, principalement dans le cadre du procédé de contact.

Propriétés

La molécule de SO3 en phase gazeuse est trigonale et plane avec une symétrie D3h, comme prédit par la théorie VSEPR. En phase gazeuse, SO3 est en équilibre avec le trimère S3O9. La constante d'équilibre est Kp = 1 atm−1 à 25 °C et ΔH° = 125 kJ/mol de S3O9.

Le trioxyde de soufre est un liquide hygroscopique de masse volumique 1,92 g/cm3, de point d'ébullition 43,7 °C, et de point de fusion 16,8 °C.

Il existe trois variétés polymorphiques du trioxyde de soufre :

Le trioxyde de soufre réagit avec l'eau pour donner l'acide sulfurique, un acide fort dans l'eau.

SO3 gaz + H2O liquide (en pratique avec excès) → H2SO4aqueux

En milieu aqueux, le trioxyde de soufre est plus acide que le pentaoxyde d'azote N2O5 ou que le dioxyde de carbone ou gaz carbonique CO2.

Le trioxyde de soufre est un déshydratant puissant (comme l'acide sulfurique). Il déshydrate par exemple les sucres et la matière organique, laissant un résidu charbonneux.

Le trioxyde de soufre pur est extrêmement agressif vis-à-vis de la plupart des matériaux, par piqûres de surface. Les attaques (à chaud) de différents minerais par l'acide sulfurique libèrent lors des procédés industriels des quantités non négligeables de trioxyde de soufre non consommées. L'atmosphère environnante générée, par défaut de filtres efficaces, se révèle en pratique corrosive, et ceci d'autant plus que l'air en présence peut contenir d'autres fines dispersions de poussières salines (chlorure de sodium, de potassium, sulfates, etc.).

Autres réactions

Sa réaction avec les acides halogénohydriques (HCl, HBr…) donne l'acide halosulfurique correspondant.

SO3 + HCl → HSO3Cl

où un atome de Cl a remplacé un groupe OH de l'acide sulfurique.

Il réagit comme acide de Lewis vis-à-vis d'une large variété de ligands inorganiques et organiques :

Toxicité et danger de manipulation

Le corps gazeux ou liquide pur est toxique et très dangereux. Comme il peut être souvent manipulé en simple capsule ou ampoule de verre, casser accidentellement le petit récipient étanche entraîne la libération du gaz, la contamination de l'air (irrespirable), l'agression des mains et des muqueuses des opérateurs sans compter l'attaque oxydante des matériaux à son voisinage.

Production

La production américaine annuelle de ce composé (hors production pour l'acide sulfurique) est de 90 000 tonnes.

La production française est d'environ deux millions de tonnes par an, exclusivement par le procédé de contact, également appelé « procédé Bayer ». Sa production est quasi intégralement transformée en acide sulfurique.

Production industrielle

Le trioxyde de soufre est produit comme intermédiaire de la production industrielle d'acide sulfurique par le procédé de contact, également appelé « procédé Bayer ». Le dioxyde est oxydé par le dioxygène en présence d'oxyde de vanadium(V) V2O5 comme catalyseur. Chaque réacteur industriel en contient environ 80 tonnes. Ce dernier est constitué de kieselguhr enrobé d'un mélange de VOSO4 et de KHSO4 qui produit V2O5 lors de l'oxydation de SO2.

2 SO2 + O2   ⇌ {\displaystyle \rightleftharpoons }   2 SO3.

En sortie de réacteur, le trioxyde de soufre est absorbé par de l'acide sulfurique initialement à 98,5 %, et non par de l'eau car la réaction,

SO3 + H2O   ⇌ {\displaystyle \rightleftharpoons }   H2SO4

bien que très exothermique (ΔH = −88 kJ/mol), est lente.

La solution résultante de trioxyde de soufre dans l'acide sulfurique s'appelle « oléum ». L'acide sulfurique pouvant être considéré comme un mélange particulier de 1 H2O avec 1 SO3, l'oléum est un mélange de 1 H2O avec x SO3 (x > 1). Le trioxyde de soufre est infiniment soluble dans l'acide sulfurique.

Le trioxyde de soufre et l'acide sulfurique sont en équilibre avec l'acide disulfurique H2S2O7 :

H2SO4 (l) + SO3 (g)   ⇌ {\displaystyle \rightleftharpoons }   H2S2O7 (l).

Détail du procédé Bayer

Le procédé Bayer consiste à faire passer le mélange de dioxyde de soufre et d'air dans un premier lit de catalyseur. La transformation est de 90 %. Le mélange passe dans un second lit, ce qui pousse le taux de conversion à 98 %. Après le 4e lit, la conversion est quasiment totale (99,6 %) et le trioxyde de soufre formé est refroidi à 200 °C. Il est alors conduit dans une tour d'absorption. Cette succession de lits permet d'une part d'augmenter le rendement du procédé, mais surtout de limiter les rejets de dioxyde de soufre à 350 ppm dans l'atmosphère.

Histoire de la production de SO3

Le procédé des chambres de plomb préexistait au procédé Bayer. En 1954, il permettait encore 55 % de la production de trioxyde de soufre. En 1979, seul 1 % de cet oxyde était produit par les chambres de plomb, procédé maintenant totalement disparu.

Production non industrielle

Au laboratoire

Le trioxyde de soufre peut être obtenu au laboratoire par une double distillation de l'oléum dans un appareillage en verre. Une petite quantité de permanganate de potassium est généralement ajoutée pour oxyder les traces de dioxyde de soufre.

Autres productions

Le trioxyde peut être produit par thermolyse de sulfates à température élevée. Ce procédé n'est pas industriel.

Le trioxyde de soufre est produit pour lui-même en quantité faible au regard de ce qui est converti en acide sulfurique. Il lui est adjoint un additif pour l’empêcher de polymériser. Il s'agit le plus souvent d'oxyde de bore B2O3.

Notes et références

  1. TRIOXYDE DE SOUFRE, Fiches internationales de sécurité chimique .
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, États-Unis, McGraw-Hill, 1997, 7e éd., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
  4. (en) « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le 12 avril 2010).
  5. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, 3 juin 2009, 90e éd., 2804 p. (ISBN 9781420090840, présentation en ligne).
  6. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, 17 juin 2008, 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 10-205.
  7. (en) « Sulphur trioxide », sur European Chemicals Agency (ECHA) (consulté le 4 juin 2022).
  8. « Trioxyde de soufre » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  9. (en) Greenwood N. N. et Eanrshaw A. (2003), Chemistry of the elements, 2e éd., Elsevier.
  10. (en) CRC Handbook of Chemistry and Physics, Physical constants of inorganic compounds.
  11. Douanes suisses, Produits chimiques inorganiques ; composés inorganiques ou organiques de métaux précieux, d'éléments radioactifs, de métaux des terres rares ou d'isotopes, chap. 28.
  12. (en) J. L. Vigne et A. G. Kapala (2009), Données industrielles, économiques, géographiques sur les principaux produits chimiques, métaux et matériaux, 8e éd., SFC Éds., http://www.societechimiquedefrance.fr/extras/Donnees/acc.htm

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes