Dans le contexte de Jean Vilar, il est important de souligner l'importance et la pertinence de ce sujet ou de cette personne dans la société actuelle. Jean Vilar fait l'objet d'intérêt et de débats depuis longtemps, et son impact s'est fait sentir dans différents domaines de la vie quotidienne. Dans cet article, nous explorerons les différents aspects liés à Jean Vilar, de son histoire et de son évolution, à son influence sur la culture populaire et sa pertinence aujourd'hui. Grâce à une analyse approfondie, nous chercherons à mieux comprendre l'importance de Jean Vilar et son rôle dans la société moderne.
Jean Louis Côme Vilar est né le à Sète où ses parents, modestes commerçants, tenaient une boutique de mercerie-bonneterie fondée par Côme Vilar, son grand-père, d'origine catalane[3].
Son père, Étienne Vilar, affiche des opinions républicaines et laïques, voire socialistes[4]. Il lui fait étudier le grec et le latin, pratiquer une heure de violon quotidienne et lui fait découvrir les classiques de la littérature au travers des éditions populaires de l’époque[5].
Entrée dans le monde du théâtre et services militaires (1937-1940)
En 1933, à vingt et un ans, il assiste par hasard à une représentation de Richard III de Shakespeare par Charles Dullin au Théâtre de l'Atelier et trouve alors sa véritable vocation[8]. Il commence à suivre les cours de Charles Dullin, puis quitte le collège Sainte Barbe, et vit quatre ans au Théâtre de l'Atelier où il apprend le métier et devient second régisseur[9].
Il fait son service militaire à Hyères en 1937. Il est rappelé sous les drapeaux en , au moment où Hitler occupe la Tchécoslovaquie, contrairement aux engagements des accords de Munich de 1938. En septembre 1939, après l'invasion de la Pologne, la France déclare la guerre à l'Allemagne. C'est le début de la Seconde Guerre mondiale, d'abord sous la forme de la drôle de guerre. Jean Vilar est réformé pour raisons de santé en , avant le déclenchement de l'offensive allemande de mai 1940, qui aboutit à l'écrasement de l'armée française en juin.
Chez les Comédiens de la Roulotte (1941-1942)
En , André Clavé, créateur et directeur de la compagnie des Comédiens de La Roulotte depuis 1936, engage Jean Vilar, qui accepte d'y venir, « simplement en tant qu'auteur »[11],[12],[13], rejoint rapidement par Hélène Gerber, tous deux élèves de Charles Dullin. Alors que Geneviève Wronecki-Kellershohn, Jean Desailly[14], et François Darbon y jouaient déjà, et qu'en , Clavé, avait été engagé par Pierre Schaeffer pour s'occuper des Maîtrises de Jeune France[15],[16],[17], pour la zone occupée, la troupe peut préparer des tournées théâtrales, avec quelques financements.
André Clavé propose à Pierre Schaeffer d'engager certains comédiens de La Roulotte, pour des tâches diverses. Vilar, est engagé en tant que lecteur, adaptateur et auteur, Geneviève Wronecki comme assistante de la direction[18].
Durant l'été 1941, les Comédiens de La Roulotte partent dans l'ouest de la France (Maine-et-Loire, Sarthe et Mayenne).
Clavé réussit à faire monter sur les planches Jean Vilar, pour la toute première fois, pour remplacer un comédien dans le rôle de Monsieur de Sottenville, dans George Dandin de Molière. « Il avait été d'une énorme drôlerie, mais cela n'avait pas réussi à le décider » à poursuivre, dit Clavé. « Pour arriver à (ses) fins, » il lui commande une pièce, à condition qu'il la joue et la mette en scène : La Farce des filles à Marier[19]. « Ce fut un triomphe » écrit Clavé dans son hommage à Vilar, après sa mort, en 1971[20]. Ainsi c'est durant ces tournées, jusqu'en , que Vilar découvre le plaisir de jouer devant des publics populaires. Après La Farce des filles à marier il écrit Dans le plus beau pays du monde.
En 1947, le poète René Char et Christian Zervos, éditeur des Cahiers d’art, préparant une exposition de peinture contemporaine pour septembre dans le Palais des papes d'Avignon, lui demandent de jouer Meurtre dans la cathédrale dans la Cour d'honneur, mais il préfère présenter à la municipalité (communiste) d’Avignon un projet de renouveau du théâtre populaire, en contact direct avec le public, en mettant en scène trois créations dramatiques : Richard II de Shakespeare, Tobie et Sara de Paul Claudel et La Terrasse de midi de Maurice Clavel dans trois lieux différents, la cour d'honneur du palais des papes, le verger d'Urbain V et le théâtre municipal[21]. Ces trois créations réunissent un peu plus de 4 000 spectateurs. Cette « semaine d’art dramatique » devient l'année suivante un « festival » que Jean Vilar va diriger jusqu'à sa mort en 1971.
Cette orientation et le succès immense rencontré par les productions de Vilar à Avignon, notamment Le Cid, incitent Jeanne Laurent, alors sous-directrice des spectacles et de la musique à la direction des arts et des lettres, à le nommer directeur du théâtre national de Chaillot en ; Vilar rend au lieu son nom d'origine, Théâtre national populaire - TNP, créé par Firmin Gémier en 1920. Le palais de Chaillot étant indisponible (occupé par l’ONU jusqu’en 1952), Vilar emmène le TNP dans les banlieues parisiennes. Il assure ainsi les premières représentations du Cid avec Gérard Philipe et crée Mère Courage lors des week-ends de Suresnes au centre Albert-Thomas, où il délocalise le Théâtre national populaire dans les années 1950 afin de créer des « bastions dramatiques » en banlieue parisienne.
En avril 1952, la première représentation du TNP à Chaillot, avec L'Avare, inaugure une impressionnante série de créations : en 12 ans, le palais de Chaillot enregistrera 5 193 895 entrées (dont 486 000 la dernière année), soit en moyenne 2 336 spectateurs par représentation, et plus de 30 pays étrangers visités.
En 1963, face au refus du gouvernement de renégocier le contrat du TNP, Vilar ne demande pas le renouvellement du contrat qui le lie à l’État. Il poursuit l’aventure d’Avignon et signe des mises en scène lyriques (Venise, Milan) ou théâtrales (à l’Athénée avec Le Dossier Oppenheimer). Georges Wilson lui succède à la direction du TNP.
Les premières Rencontres d'Avignon ont lieu en 1964 : regroupant intellectuels, hommes politiques et artistes, elles contribuent à transformer le festival en laboratoire des politiques culturelles.
]
En 1966, le festival ouvre de nouveaux lieux de représentation et s’élargit à d’autres disciplines, particulièrement la danse avec Maurice Béjart.
Le cinéma fait son entrée dans la cour d’honneur d’Avignon en 1967, avec l’avant-première de La Chinoise de Jean-Luc Godard. André Malraux missionne d’autre part Jean Vilar sur la réorganisation de l’Opéra.
À la suite du discours du général de Gaulle du , Jean Vilar refuse de servir le gouvernement avec lequel il est en profond désaccord. En juillet, « les enragés de l’Odéon » descendus de Paris et le Living Theatre de Julian Beck cherchent à ébranler le festival. Les insultes « Vilar, Béjart, Salazar ! » résonnent dans Avignon. Vilar résiste, mais restera très affecté par ces attaques (infarctus à l'automne).
De 1969 à 1971, il continue de diriger le festival d'Avignon tout en poursuivant ses innombrables activités, et ses fréquents voyages (U.R.S.S. et Amérique du Sud). Il rédige Chronique romanesque, qui sort en librairie un mois après sa mort survenue, le , d'un second infarctus dans sa maison de Sète, Midi le Juste.
À Avignon, la Maison Jean-Vilar rassemble ses archives personnelles, les maquettes et les costumes des spectacles qu’il a créés à Avignon à partir de 1947 et au Théâtre national populaire (1951-1963). Cette collection est complétée par un fonds exceptionnel (livres, revues, vidéos, affiches, presse, photos, programmes…), consacré à l’histoire du Festival d'Avignon depuis 1947 jusqu’à aujourd’hui, et plus largement aux arts du spectacle.
Outre des études et des monographies, l’Association Jean Vilar publie la revue les Cahiers Jean Vilar qui inscrit la pensée du créateur du Festival d’Avignon dans une perspective résolument contemporaine en analysant la place du théâtre dans la société, et l'enjeu des politiques culturelles.
1941 : La Farce des filles à marier de Jean Vilar, avec la compagnie des Comédiens de La Roulotte d'André Clavé, en tournée (Anjou, Sarthe, Mayenne)
1942 : La Fontaine aux saints de John Millington Synge, mise en scène André Clavé : Martin Doul, avec la compagnie des Comédiens de La Roulotte, en tournée en Bretagne, Anjou, Sarthe, Mayenne, Morvan et au Théâtre Lancry
De la tradition théâtrale, éd. de l’Arche, 1955, rééd. Gallimard 1963 (Idées-Littérature no 33), rééd. L’Arche, 1999.
Chronique romanesque, éd. Grasset, 1971.
Jean Vilar, mot pour mot, textes réunis et présentés par Jacques Téphany et Melly Touzoul, éd. Stock, 1972.
Le Théâtre, service public et autres textes, présentation et notes d’Armand Delcamp, éd. Gallimard, 1975 (coll. Pratique du théâtre), nouvelle édition, 1986.
Mémento (du au ), présentation et notes d’Armand Delcampe, éd. Gallimard, 1981 (coll. Pratique du théâtre).
Du Tableau de service au théâtre : notes de service de Jean Vilar à sa troupe. Cahiers Théâtre Louvain, no 53, 1985, rééd. 1994.
J’imagine mal la victoire sans toi… Lettres, notes et propos (1951-1959) de Jean Vilar et Gérard Philipe, Texte établi par Roland Monod, Association Jean Vilar, Avignon, 2004. (ISBN2-907028-14-6)
Vilar ou La Ligne droite, correspondance inédite de Jean Vilar avec son épouse, texte établi par Jacques Téphany, Cahiers Jean Vilar no 112 et no 113, Association Jean Vilar, Avignon, 2012.
Dans le plus beau pays du monde, comédie en 3 actes de Jean Vilar (1941), L’avant-scène théâtre no 1323-1324, . Texte établi par Rodolphe Fouano.
La Farce des filles à marier, comédie en 1 acte de Jean Vilar commandée par André Clavé en 1941, L’avant-scène théâtre no 1342, . Texte établi par Rodolphe Fouano, avec le journal de la tournée de la compagnie des Comédiens de la Roulotte, en Anjou en août / [22].
↑Francine Galliard-Risler, André Clavé : Théâtre et Résistance – Utopies et Réalités, A.A.A.C., Paris, 1998.
↑Jean Vilar, Le Théâtre, service public, Gallimard, nrf, Pratique du théâtre, Paris, 1975, p. 29, texte inédit de 1942.
↑« Qu'André Clavé, jeune patron de La Roulotte, m'ait par sa gentillesse (et ses camarades par leur attitude saine et réaliste) tiré de l'Acropole dorée et illusoire où je cogitais, n'a pas été sans changer absolument ma façon de voir la scène, n'a pas été sans m'incliner et violemment, cruellement, à une vue plus simple, plus réaliste du problème posé, de la question que je me posais, et qu'à la vérité je me pose toujours: "mais bon Dieu ! à quoi sert donc ce petit monstre : la mise en scène ?" » dit Jean Vilar, in Le Théâtre, service public, Gallimard, nrf, Pratique du théâtre, Paris, 1975, p. 255, conférence à la Sorbonne, le 15 mars 1961.
↑Jean Desailly, Un destin pour deux, Ramsay, Paris, 1996 - p. 31 - « Autant qu'il m'en souvienne, c'est dans une salle des fêtes du XIVe arrondissement de Paris que je fis mes débuts sur les planches, sous les auspices de Molière et d'André Clavé. André était un esprit de qualité, ses indications étaient toujours d'une grande justesse, exempte de cabotinage. Il savait créer et entretenir un esprit, une harmonie dans sa troupe. Sa convivialité était appréciée de tous ».
↑Véronique Chabrol, Jeune France, une expérience de recherche et de décentralisation culturelle (novembre 1940 / mars 1942), thèse pour l'Université de Paris III, 1974
↑Le mouvement Jeune France est mis en place par Schaeffer et Emmanuel Mounier. Véritable préfiguration d'un ministère de la culture à venir, et rêvé par Jean Zay avant guerre, elle tire ses financements du régime de Vichy pendant dix-huit mois (de novembre 1940 à mars 1942), le temps que le pouvoir s'aperçoive que ses propres objectifs ne sont pas suivis. Dans ce mouvement, naîtront de très nombreuses vocations de résistants.
↑Véronique Chabrol, « L'ambition de Jeune France », in La Vie culturelle sous Vichy, Bruxelles, Éditions Complexe, 1990.
↑André Clavé, à Paris, au siège des Éditions du Seuil, rue des Poitevins, puis rue Jean Mermoz, organise son temps entre les répétitions de la troupe et son activité pour Jeune France. Son travail consiste à accueillir des auteurs, des metteurs en scènes, des comédiens, à les mettre en relation les uns avec les autres, à présélectionner les manuscrits qui arrivent, à organiser des tournées théâtrales avec d'autres compagnies, mais en veillant soigneusement à ne jamais favoriser sa propre troupe, à « recruter et former des moniteurs dont la mission était d'élever le niveau culturel de la France », précise Geneviève Wronecki, in Francine Galliard-Risler, André Clavé : Théâtre et Résistance – Utopies et Réalités, A.A.A.C., Paris, 1998.
Jean Vilar, Catherine Valogne, les Presses Littéraires de France, Paris, 1954.
Avignon, 20 Ans de festival, Souvenirs et documents, Dedalus éditeur, 1967.
Le Festival d’Avignon (1947-1968), de Catherine Arlaud ; thèse de doctorat, imp. Rullière-Libeccio, Avignon, 1969.
Avignon, le royaume du théâtre, d'Antoine de Baecque, Découvertes Gallimard, 1996.
Histoire du festival d’Avignon, d'Antoine de Baecque, en collaboration avec Emmanuelle Loyer, Gallimard, 2007.
Jean Vilar, de Jean-Claude Bardot Armand Colin Éditeur, 1991.
Gérard Philipe, de Gérard Bonal Éditions de Seuil, 1994, nouvelle éd. en 2009.
Cahiers de l'herne Jean Vilar, témoignages et textes rares réunis sous la direction de Jacques Téphany, Éditions de L’Herne, 1995. (ISBN2-85197-072-0)
Cahiers Jean Vilar, analyses, études, inédits (plusieurs numéros consacrés à la mémoire de Jean Vilar et à l’actualité de sa pensée), Association Jean Vilar, Avignon, depuis 2004. (ISSN0294-3417)
Le T.N.P. de Vilar. Une expérience de démocratisation de la culture, de Laurent Fleury, aux Presses Universitaires de Rennes, « Res Publica », 2006.
Jean Vilar par lui-même, Association Jean Vilar, Avignon, 1991, rééd. 2003. (ISBN2-907028-13-8)
Jean Vilar, théâtre et utopie, articles de Sonia Debeauvais, Armand Delcampe, Bernard Dort, Claude Roy, Louvain-la-Neuve, Cahiers Théâtre Louvain no 56-57, 1986.
Le Festival d'Avignon, une école du spectacle, livret accompagné d’un DVD, CRDP de l’Académie d’Aix-Marseille, 2006.
Le TNP de Jean Vilar, de Guy Leclerc, Union générale d’éditions, 1971 (10-18).
Les Vosges. Au pays de Maurice Pottecher, par Pierre Chan, Anne Hauttecœur, Pierre Pelot, Pierre Voltz, Casterman, 1995.
Loyer (Emmanuelle), Familles de scènes en liberté, Avignon, Association Jean Vilar, 1998.
Maurice Pottecher, l'aventure du théâtre populaire, parcours proposé par Catherine Foki et Marie-José Pottecher-Onderet, Metz, Éditions Serpenoise, 1990.
Ory (Pascal), Théâtre citoyen. Du Théâtre du Peuple au Théâtre du Soleil, Association Jean Vilar, Avignon, 1995.
Francine Galliard-Risler, André Clavé : Théâtre et Résistance – Utopies et Réalités, A.A.A.C., Paris, 1998
Pottecher (Maurice), Le Théâtre du peuple de Bussang (Vosges). Son origine, son développement, son but exposés par son fondateur, Paris, Librairie P.-V. Stock, 1913.
Pottecher (Maurice), Renaissance et destinée du théâtre populaire, Paris, Ollendorff, 1899.
Rolland (Romain), Le Théâtre du peuple, 1903, rééd. sous la dir. De Chantal Meyer-Plantureux, Bruxelles, Éditions Complexe, 2003.
Le travail de Jean Vilar et la totalité des 300 000 manifestations programmées au Festival d'Avignon depuis ses débuts en 1947 sont accessibles à la Maison Jean-Vilar, située à Avignon au 8, rue Mons, Montée Paul Puaux (bibliothèque, vidéothèque, expositions, base de données…)