Empúries

Empúries
Image illustrative de l’article Empúries
Carte du site archéologique d'Empuries
Localisation
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Communauté autonome Drapeau de la Catalogne Catalogne
Comarque Alt Empordà
Commune L'Escala
Protection Classé BIC (1931)
Classé BCIN (1931)
Coordonnées 42° 08′ 05″ nord, 3° 07′ 14″ est
Géolocalisation sur la carte : Catalogne
(Voir situation sur carte : Catalogne) EmpúriesEmpúriesEmpúries
Géolocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne) EmpúriesEmpúriesEmpúries
Grand cratère grec à figures rouges du IVe siècle, montrant une ménade poursuivie par un satyre.

Empuries (Empúries en catalan et officiellement, plus rarement Ampurias, en castillan), est un port antique gréco-romain, situé sur la commune de L'Escala, près de Gérone, en Catalogne (Espagne).

Empúries vient du latin Emporiæ, issu lui-même du grec Ἐμπόριον / Emporion, signifiant « marché », « entrepôt ».

Fondée vers 580 av. J.-C. par des colons phocéens, comme comptoir - emporion - la ville fut ensuite occupée par les Romains, et presque abandonnée au haut Moyen Âge, après avoir donné son nom au comté d'Empúries.

Histoire

Le site archéologique présente en réalité trois ensembles radicalement différents et séparés géographiquement, correspondant à trois étapes distinctes d'occupation :

La période grecque

Drachme d'Emporion, période -241/-218.

Vers 600 av. J.-C., les Phocéens, venant de la cité grecque de Phocée, en Ionie (Asie Mineure), fondent des villes autour de la Méditerranée, dont Massalia (Marseille) et Alalia (Aléria, Corse, vers 565). Peu après, la fondation de Massalia, ils créent un comptoir nommé Emporion (Ampurias). Le mot grec emporion désigne un comptoir destiné au commerce, par opposition aux colonies de peuplement.

La Paléopolis

Ces fondateurs phocéens choisissent de s'établir sur une île proche de la côte, de dimensions modestes et facile à défendre, dominant une anse aménageable en port, ce qui est loin d'être un cas isolé en Méditerranée : Syracuse, Tarente et bien d'autres cités présentent une configuration géographique similaire au moment de leur fondation.

Cette Paléopolis (nom donné par les archéologues au site du premier établissement phocéen), ancien îlot aujourd'hui rattaché au continent par l'envasement du port antique, reste mal connue, car de nos jours en totalité occupée par le village de Sant Martí d'Empúries. De fait très peu de fouilles ont pu être entreprises en cet endroit habité et très resserré. Elles ont révélé quelques vestiges romains et médiévaux, ainsi qu'une courte section d'enceinte grecque, probablement du IVe siècle av. J.-C.

La Néapolis

En -546, les habitants de Phocée sont chassés de leur cité ionienne, détruite par les conquérants perses de Cyrus le Grand. Forcés à l'exode, ils affluent vers leurs colonies, dont Emporion : l'îlot fondateur se trouve alors surpeuplé, et les nouveaux habitants vont s'établir de l'autre côté du port, dans des maisons à la grecque, faites de petites pièces construites selon la place disponible. Ces constructions en dehors du site de la Paléopolis établissent une nouvelle ville (appelée la Néapolis par les archéologues). La construction d'une enceinte fortifiée pour protéger cette partie de la ville devient alors nécessaire. Les imposants vestiges de cette muraille sont encore visible au sud du site de la Néapolis.

La période romaine

Emporion, par sa parenté et ses relations avec Massalia, se trouvait aux IIIe et IIe siècles av. J.-C. une cité alliée aux Romains. Scipion l'Africain débarqua à Emporion en -218 avec l'intention de couper l'arrière-garde de l'armée d'Hannibal qui s'avançait vers l'Italie. C'est aussi à partir d'Emporion que Caton l'Ancien, en -195, pacifie les indigènes de toute la région.

Puis la ville finit par perdre son autonomie, et l'installation des vétérans de Pompée, en -45, en fait la très romaine Emporiæ.

La nouvelle ville romaine, bien différente des deux premiers établissements grecs qui continuent cependant à exister, est établie sur le large plateau qui domine le port et les quartiers grecs. Il devait y avoir un certain contraste entre d'un côté les artisans et le petit peuple du port s'activant dans les ruelles basses, et de l'autre les riches négociants romains établis en hauteur dans leurs vastes et somptueuses domus.

La ville atteint son apogée aux Ier et IIe siècles. De nos jours, seul un cinquième du site romain a été fouillé.

Cathédrale de Castelló d'Empúries, avec son portail gothique

Du Moyen Âge à nos jours

La ville est détruite à la fin du IIIe siècle par une invasion venue du nord, à l'origine de la basilique paléochrétienne visible de nos jours, siège d'un épiscopat wisigothique. Cet établissement est à son tour saccagé par une invasion normande.

Les musulmans arrivent en 718 et trouvent des habitants dans l'ancien îlot fondateur sur lequel s'élève aujourd'hui le village de Sant Martí d'Empúries. Ils l'occupent donc un temps, puis ce furent les Francs, et Charlemagne, qui y établit une garnison solide. C'est ainsi, nous dit Éginhard (tome I) que le comte Ermengol mit les musulmans en déroute, capturant huit navires et repoussant les autres vers Majorque.

L'endroit étant devenu peu à peu insalubre, les populations des alentours se regroupèrent pour fonder, à 15 km vers le nord, la cité épiscopale de Castelló d'Empúries, où l'on vit se construire une magnifique cathédrale, d'abord romane, puis gothique.

Des moines, établis sur le site antique, fondèrent le couvent de Sainte Marie de Grâce, au-dessus de la Néapolis, là où se trouve actuellement le musée monographique.

Le site archéologique

La ville grecque

La Paléopolis Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ? La Néapolis

Le visiteur moderne entre dans le site par une porte de la nouvelle enceinte grecque, d'aspect très redoutable, avec ses tours et murailles en grand appareil. Puis il parcourt le dédale des ruelles, rencontrant un habitat simple et accueillant : l'entrée des maisons conserve des mosaïques de petits galets, parfois avec des paroles de bienvenue encore lisibles, comme cette inscription « HΔY KOITOΣ » (èdu koïtos), qui signifie en grec « agréable repos », et absolument pas « doux coït », comme certains voudraient le faire croire : la racine latine du mot coït (qui signifie aller ensemble) n'a en effet rien à voir avec la racine grecque du mot koïtos, signifiant repos.

La ville romaine

Le Cardo Maximus

La ville romaine est établie sur le large plateau qui domine le port et l'établissement grec. Aujourd'hui à peine un cinquième de la ville romaine a été fouillé ; ont notamment été dégagés le front sud du rempart romain, les fondations de l'amphithéâtre, le forum, des thermes, et trois domus. Le tracé des rues, rectilignes et orthogonales (les cardo et decumanus), est parfaitement visible.

L'enceinte romaine

L'enceinte, de plan rectangulaire, entourait, de manière plus symbolique que défensive au regard des vestiges conservés, l'intégralité de l'établissement romain, soit une superficie d'environ 22 hectares. Le pan oriental de l'enceinte, qui séparait la ville grecque de la ville romaine, fut démantelé peu après sa construction, pour une raison qui demeure encore inconnue à ce jour. Les tronçons septentrionaux et occidentaux sont très ruinés, mais le pan méridional de la muraille est très bien conservé.
La muraille sud est construite sur une base puissante, faite de grands blocs, et surmontée autrefois d'un parement maçonné qui encadrait un remplissage de gravats, qui reste encore en place aujourd'hui. Deux portes s'ouvrent dans ce pan de mur, une au sud-ouest, et l'autre au niveau du cardo maximus, axe nord-sud allant au forum.

Fondations de l'amphithéâtre. L'amphithéâtre

L'amphithéâtre, extérieur à la muraille (42° 07′ 48″ N, 3° 07′ 02″ E), est très modeste, mais bien lisible au sol : on voit bien la forme assez allongée de l'arène, ainsi que les murs rayonnants des fondations de la cavea.

Le forum

L'implantation du forum sur un espace incluant deux insulae est prévue dès la fondation de la ville romaine. L'évolution historique et architecturale du forum est ensuite assez complexe, et certaines zones d'ombre subsistent encore aujourd'hui.

De l'état premier du forum, datant de l'époque républicaine tardive, on ne connaît avec précision que les côtés nord et sud. Au sud s'élevait un bâtiment à usage commercial, et au nord un temple, voué à la Triade Capitoline, entouré d'une double colonnade s'élevant sur un cryptoportique, délimitant ainsi une aire sacrée. De cet ensemble il ne subsiste plus aujourd'hui que les fondations du podium et du cryptoportique.

À l'époque d'Auguste (Ier siècle av. J.-C.), le forum républicain est profondément remanié : l'aire sacré du temple capitolin est ceinte d'une muraille, la place est repavée en grès, et un nouveau portique construit. Ce portique, supporté par des colonnes d'ordre ionique, a été partiellement reconstitué. Une basilique, dont il ne reste que quelques fondations, est adjointe au côté est de la place. Enfin, deux petites chapelles furent établies de part et d'autre du grand temple. Une d'entre elles a été intégralement reconstituée.

Les domus et leurs mosaïques

Trois domus, luxueuses maisons urbaines, numérotées 1, 2A et 2B, ont été dégagées dans l'angle nord-est du forum.
On y voit de vastes pièces, avec de luxueuses mosaïques de sol à décors artistiques souvent polychromes.

Les thermes. Les thermes

Juste au nord-est du forum, les bains publics, datés du Ier et du IIe siècle, ont été dégagés.

Le port antique

Môle du port antique ensablé.

Le port antique est situé entre les deux villes grecques. Il est totalement ensablé, mais présente un môle antique d'une longueur de 80 m environ (42° 08′ 12″ N, 3° 07′ 16″ E). Le môle est constitué d'un double parement en grand appareil (opus quadratum) avec remplissage en mortier (opus caementicium).

Du fait de la forte exposition du port aux houles d'Est, on peut imaginer la présence impérative d'un brise-lames pour protéger les quais du port. Selon J.M. De La Pena ce môle protégeait un canal reliant le « vieux port » (phocéen) au Nord et le « nouveau port » (romain) au Sud.

On distingue par ailleurs des restes submergés du port antique sur les photos aériennes.

Basilique paléochrétienne.

Les vestiges paléochrétiens

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Le musée archéologique

Article détaillé : Musée d'archéologie de Catalogne.

Présentation

Le siège du musée d’archéologie de Catalogne à Empúries (MAC-Empúries) cherche à offrir au visiteur une expérience à la fois émouvante et enrichissante au contact direct des vestiges archéologiques. La visite de la ville grecque ―la seule à être conservée de toute la péninsule Ibérique ― et de la ville romaine est complétée par celle du musée, où l’on peut admirer des objets représentatifs de l’histoire du site. Ils ont été découverts au cours des plus de cent ans de fouilles menées à Empúries.

Objets remarquables

Expositions

Le Musée archéologique de Catalogne-Empúries a organisé du 18 octobre 2017 au 7 janvier 2018 une rétrospective inédite des mosaïques du site d'Empúries sous le nom de : "Antiqua Pavimenta : Mosaics i Paviments d’Empúries". L'exposition aborde les différents types de mosaïques existantes, grecques et romaines, leurs techniques de construction, leurs décors, leur situation dans l'espace domestique ou public. Est traitée également la question de la conservation des pavements du début des fouilles au XXe siècle jusqu'aux dernières restaurations des emblemata, ces petits tableaux aux tesselles très fines censés s'insérer au milieu des grands pavements.

Protection

Le site d'Empúries fait l’objet d’un classement en Espagne en tant que zone archéologique au titre de bien d'intérêt culturel depuis le 3 juin 1931 sous le n° de référence RI-55-0000023.

Il fait également l’objet d’un classement en Catalogne en tant que zone archéologique au titre de bien culturel d'intérêt national depuis le 3 juin 1931 sous le n° de référence 2027-ZA.

Notes et références

  1. Lefèvre 2007, p. 128
  2. Lefèvre 2007, p. 129
  3. Tite-Live, 34,9.
  4. Collectif, Empúries, Tarragone, El Mèdol, coll. « Guides du Museu d'Arqueologia de Catalunya », 2001 (ISBN 84-95559-27-7), p. 79-81
  5. Collectif, Empúries, Tarragone, El Mèdol, coll. « Guides du Museu d'Arqueologia de Catalunya », 2001 (ISBN 84-95559-27-7), p. 84-86
  6. Collectif, Empúries, Tarragone, El Mèdol, coll. « Guides du Museu d'Arqueologia de Catalunya », 2001 (ISBN 84-95559-27-7), p. 96-100
  7. J.M. De La Pena, E.J.M. Prada, M.C. Redondo, Mediterranean ports in ancient times. PIANC Bulletin N° 83/84, pp 227-237, Brussels, 1994.
  8. Généralité de Catalogne, Agència Catalana del Patrimoni, « Musée d’archéologie de Catalogne - Empúries · Visitmuseum · Catalonia museums », sur visitmuseum.gencat.cat (consulté le 25 janvier 2017)
  9. (ca) « Antiqua Pavimenta », sur www.mac.cat (consulté le 11 novembre 2017)
  10. Base BIC du ministère espagnol de la Culture sous le nom Ruinas de Ampurias.
  11. Fiche descriptive sur Empúries dans la base de données du patrimoine archéologique de Catalogne.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes