Ambroise Croizat | |
Ambroise Croizat à son bureau au ministère du Travail. | |
Fonctions | |
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Député français | |
6 novembre 1945 – 11 février 1951 (5 ans, 3 mois et 5 jours) |
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Élection | 21 octobre 1945 |
Réélection | 2 juin 1946 10 novembre 1946 |
Circonscription | Seine (1945-1946) 1re de la Seine (1946-1951) |
Législature | Ire Constituante IIe Constituante Ire (Quatrième République) |
Groupe politique | COM |
1er juin 1936 – 21 janvier 1940 (3 ans, 7 mois et 20 jours) |
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Élection | 3 mai 1936 |
Circonscription | Seine |
Législature | XVIe (Troisième République) |
Groupe politique | COM |
Ministre du Travail | |
21 novembre 1945 – 20 janvier 1946 (1 mois et 30 jours) |
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Gouvernement | de Gaulle II |
Prédécesseur | Alexandre Parodi |
Ministre du Travail et de la Sécurité sociale | |
26 janvier – 16 décembre 1946 (10 mois et 20 jours) |
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Gouvernement | Gouin Bidault I |
Successeur | Daniel Mayer |
22 janvier – 4 mai 1947 (3 mois et 12 jours) |
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Président | Vincent Auriol |
Gouvernement | Ramadier I |
Successeur | Robert Lacoste (intérim) |
Biographie | |
Surnom | ministre des Travailleurs |
Date de naissance | 28 janvier 1901 |
Lieu de naissance | Notre-Dame-de-Briançon (France) |
Date de décès | 11 février 1951 (à 50 ans) |
Lieu de décès | Suresnes (France) |
Parti politique | PCF |
Profession | ajusteur-outilleur |
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Ambroise Croizat, né le 28 janvier 1901 à Notre-Dame-de-Briançon (Savoie) et mort le 11 février 1951 à Suresnes (Hauts-de-Seine), est un syndicaliste et homme politique français, membre du Parti communiste français (PCF) et fondateur de la Sécurité sociale.
Ouvrier ajusteur-outilleur travaillant en usine depuis ses 13 ans, il devient en 1928 secrétaire général de la fédération des travailleurs de la métallurgie CGT et député de la Seine.
En tant que ministre du Travail de novembre 1945 à mai 1947 dans le Gouvernement Charles de Gaulle, il met en place le régime général de la sécurité sociale sur le territoire français, en collaboration avec le haut fonctionnaire Pierre Laroque. Il est alors surnommé le « ministre des travailleurs ».
A sa mort en 1951, d'un cancer du poumon, un million de personnes endeuillées l’accompagnent au cimetière du Père-Lachaise où il est inhumé.
Le père d'Ambroise Croizat, Antoine, est ouvrier, et sa mère, Louise Jeannette Piccino, employée dans un tissage de velours. Lui-même travaille en usine dès l'âge de 13 ans lorsque son père est appelé sous les drapeaux en 1914. Apprenti métallurgiste, il suit en même temps des cours du soir et devient ouvrier ajusteur-outilleur dans la région lyonnaise.
En 1917, il s'inscrit aux Jeunesses socialistes et adhère au Parti socialiste en 1918. Il se déclare partisan de l'affiliation de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) à l'Internationale communiste. Il anime les grandes grèves de la métallurgie lyonnaise. Il entre au Parti communiste dès sa fondation en 1920 et il est l'un des dirigeants des Jeunesses communistes de 1920 à 1928. Il devient permanent du Parti communiste en 1925. En 1928, il est nommé secrétaire de la Fédération unitaire des métaux. En 1929 — et jusqu'à sa mort en 1951 — il est membre du comité central, puis membre du bureau de la Fédération de la jeunesse. Il déploie une intense activité militante dans de multiples endroits en France. En 1936, au moment où se réalise l'unité syndicale, il devient secrétaire général de la Fédération unique des métallurgistes CGT, qui regroupe alors 20 % des effectifs de la CGT.
Aux élections législatives de 1936, il est élu dans la deuxième circonscription du 14e arrondissement de la Seine. Il est négociateur de la convention de la métallurgie parisienne, rapporteur sur la loi des conventions collectives à la Chambre. Il est également négociateur dans le secteur des grands magasins et membre à la Chambre de la commission sur les armements.
Membre du Groupe ouvrier et paysan constitué légalement en remplacement du groupe parlementaire communiste dissous, et rassemblant la majorité des députés communistes qui avaient approuvé le Pacte germano-soviétique, il est arrêté dans la nuit du 7 au 8 octobre 1939, déchu de son mandat le 20 février 1940 et condamné le 3 avril 1940 par le 3e tribunal militaire de Paris à 5 ans de prison, 4 000 francs d'amende et 5 ans de privation de ses droits civiques et politiques,. Ayant transité par 14 prisons, il finit par être transféré en mars 1941 au bagne de Maison Carrée dans la banlieue d'Alger.
Libéré le 5 février 1943, trois mois après le débarquement allié en Afrique du Nord, il est nommé par la CGT clandestine à la commission consultative du gouvernement provisoire d'Alger. Au titre de la CGT, à partir de novembre 1943, il siège à l'Assemblée consultative provisoire et participe à ses délibérations, notamment au sein de la Commission du travail et des affaires sociales dont il devient le président. À la Libération, il est élu membre des deux Assemblées constituantes (scrutins du 21 octobre 1945 et du 2 juin 1946) puis de l'Assemblée nationale de 1946 à 1951.
Ambroise Croizat est nommé ministre du Travail du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946 par de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République. Il est à nouveau nommé ministre du Travail et de la Sécurité sociale du 26 janvier au 16 décembre 1946 (gouvernements Gouin et Bidault) puis du 22 janvier au 4 mai 1947 (gouvernement Paul Ramadier, fin de la participation communiste au gouvernement). Dans son premier discours en tant que ministre à l’Assemblée, le 3 décembre 1945, il affirme la priorité, pour le gouvernement, que doivent constituer la Sécurité sociale et la retraite des vieux travailleurs : « Il faut en finir avec la souffrance, l’indignité et l’exclusion. Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie. »
Il est chargé d'organiser la Sécurité sociale (assurance maladie, retraites, allocations familiales), en application des ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 émanant du programme du Conseil national de la Résistance,, et en subversion de certaines lois promulguées par le régime de Vichy, notamment en matière de retraites. S'appuyant sur le travail de son prédécesseur Alexandre Parodi, bénéficiant des compétences techniques de Pierre Laroque, Croizat impulse la création du régime général de Sécurité sociale qui sera mis en œuvre par les militants de la CGT. Sous son ministère, les allocations familiales sont doublées, puis il augmente de 50 % la rémunération des heures supplémentaires et supprime l’abattement de 10 % sur les salaires féminins. II contribue à l'amélioration du droit du travail français en renforçant les comités d'entreprise, il organise et généralise la médecine du travail, réglemente les heures supplémentaires et crée le statut des mineurs.
Il met en place un régime général de couverture sociale qui non seulement mutualise une part importante de la valeur produite par le travail, mais qui en confie aussi la gestion aux travailleurs eux-mêmes. Croizat n’invente pas la sécurité sociale, dont les éléments existent déjà ; il rassemble en une seule caisse toutes les formes antérieures d’assurance sociale et finance l’ensemble par une cotisation interprofessionnelle à taux unique. Ainsi, les allocations familiales, l’assurance-maladie, les retraites et la couverture des accidents du travail ne dépendent ni de l’Etat ni du patronat, mais d’une caisse gérée par des représentants syndicaux. Selon l’estimation de l’Assemblée consultative provisoire en août 1945, le régime général socialise dès le départ le tiers de la masse totale des salaires. Avec Pierre Laroque, il supervise l’installation du nouveau système unifié en lieu et place du préexistant millefeuille de couvertures par profession, par branche, par catégorie de salariés, par type de risque, auxquelles s’ajoutaient les mutuelles et les caisses syndicales et patronales.
Ambroise Croizat épouse tout d'abord Germaine Marie Girod (1902-1977), dont il divorce pour épouser en secondes noces le 11 mars 1939, à Bagneux, Denise Mettetal (1912-1972). Il a une fille naturelle, Liliane Caillaud Croizat (1936-2018) reconnue le 1er mars 1939.
Un fils issu de son premier mariage, Roger, électricien, meurt d’un accident de chantier EDF, électrocuté lors d’une intervention sur une ligne à haute tension, en juillet 1950.
Il meurt d'un cancer du poumon à 50 ans le 11 février 1951 à l'hôpital Foch de Suresnes. Le Parti communiste lui fait de grandioses funérailles : son corps est exposé à la Maison des métallurgistes (aujourd'hui Maison des métallos) puis au siège de la CGT ; un million de personnes endeuillées l’accompagnent au cimetière du Père-Lachaise où il est inhumé,,,. Pourtant, d'après Bernard Friot et Christine Jackse, l'histoire officielle décidera ensuite de l'ignorer.
Surnommé le « ministre des travailleurs », le nom d'Ambroise Croizat reste attaché aux grandes lois relatives au régime général de la Sécurité sociale : chargé de son organisation (contre le système capitaliste de sécurité sociale mis en place tout au long du XIXe siècle,), organisation administrative des caisses et des élections aux conseils d'administration des caisses et régimes des fonctionnaires.
Son influence s'exerce aussi sur les projets concernant les comités d'entreprise, le statut des délégués du personnel, les conventions collectives, la prévention et la réparation des accidents du travail, le régime des prestations familiales.
« Jamais nous ne tolérerons que soit renié un seul des avantages de la sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès… »
— Dernier discours d’Ambroise Croizat à la tribune de l’Assemblée nationale, en octobre 1950.