Abies alba

Sapin blanc, sapin pectiné, sapin commun

Abies alba Description de cette image, également commentée ci-après Planche botaniqueClassification
Règne Plantae
Division Pinophyta
Classe Pinopsida
Ordre Pinales
Famille Pinaceae
Sous-famille Abietoideae
Genre Abies

Espèce

Abies alba
Mill., 1759

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Le Sapin blanc, Sapin commun, Sapin pectiné ou plus simplement Sapin (Abies alba Mill.) est un conifère de la famille des Pinacées. Il est localement appelé Sapin de Normandie ou Sapin de l'Aigle (Normandie), Sapin de croix (Bretagne), Sapin des Vosges, Sapin noir, Sapin à feuilles d’if, ainsi que Vuargne, Ouargne ou Warne (Pays de Savoie et Suisse), Sap (Provence, aire vivaro-alpine, Languedoc et Auvergne), Avet ou Aveth (Gascogne et Béarn), Ghjalgu (Corse) et plus rarement Sapin argenté. C'est une essence importante pour la foresterie en Europe.

Description

Port

Le sapin pectiné est l'arbre européen le plus haut, il peut en effet atteindre 60 mètres, voire 80 m de hauteur. Il vit jusqu'à 600 ans et le diamètre de son tronc atteint 2 mètres. La cime est d’abord conique, pointue puis ovoïde, et enfin tabulaire (étalée). Le tronc est droit, les branches horizontales.

Écorce

L'écorce est lisse, gris argenté, à petites poches de résine (vésicules), puis crevassée à un certain âge. Les rhytidomes présentent des crevasses longitudinales chez l’adulte. L’écorce contient de la résine composée notamment de sesquiterpénoïdes, ainsi que de la cellulose, des sels minéraux, des tanins, des acides gras, des diterpènes (tels que l'acide abiétique, par exemple) et des lectines (de type AAA).

Rameaux

Les rameaux de deux ans sont lisses, beige gris, à pubescence grossière noire ou jaunâtre chez certaines sous-espèces.

Les branches et les rameaux sont en majorité horizontaux. Avec l’âge, les branches latérales prennent un port irrégulier caractéristique, tandis que celles de la cime tendent à dépasser la pousse terminale (cime en nid de cigogne).

Feuilles

Les bourgeons sont assez gros, ovoïdes, lisses. De couleur brun châtain, ils sont luisants et non résineux. Ils contiennent des limonènes, des alpha-pinène et bêta-pinène. Ces bourgeons ont été utilisés pour faire différentes liqueur : la liqueur aux bourgeons de sapin. De plus, en faisant fermenter ses bourgeons, les moines cisterciens au Moyen Âge avaient réussi à créer une bière : la Berthom.

Les feuilles sont des aiguilles persistantes, non piquantes, solitaires, de longueur variable sur un même rameau (15-30 mm). Elles sont fixées par une petite ampoule à bords limités laissant une cicatrice ovale, nette après la chute. Elles sont implantées tout autour du rameau et se tordent à la base pour se placer dans un plan comme les dents d’un peigne ; elles paraissent ainsi disposées sur 2 rangs dans un plan sur les rameaux stériles (les rameaux fertiles sont en brosse).

Les aiguilles sont plates, droites, arrondies ou un peu échancrées à l’extrémité. Elles présentent deux bandes blanches de stomates en dessous, mais pas sur le dessus, qui est vert foncé. Elles persistent 6 à 8 ans. Sur les rameaux de cime, les aiguilles sont en brosse et recourbées. Elles contiennent une huile essentielle dont les principaux composants sont le limonène et le phellandrène, deux monoterpènes monocycliques, mais aussi du camphène et de l'alpha-pinène.

Bois

Le bois est blanc ou un peu jaunâtre, plutôt mat, sans aubier différencié. Il ne contient pas de canaux résinifères. Les cernes sont très visibles. Le bois est d’autant plus tendre et léger que l'arbre a poussé vite. Il a une odeur rance à l'état frais. Le bois d'œuvre dénommé "sapin" vendu dans le commerce peut aussi être du bois d'épicéa (picea abies) qu'il est difficile de distinguer et dont les caractéristiques sont communes.

Organes reproducteurs

Cônes femelles mûrs. Abies alba, cône sec. Rachis de cônes désarticulés, parfois appelés « bougeoirs »

Le sapin pectiné produit des cônes mâles et femelles en avril et mai,.

Les cônes mâles sont nombreux, ovoïdes à allongés, globuleux. De couleur jaune, ils sont groupés sous des rameaux de l’année précédente.

Les cônes femelles sont isolés, et mesurent avant maturité de 2 à 10 cm de long. Situés vers le milieu de rameaux de l’année précédente, ils sont orientés vers le haut et plutôt localisés vers le sommet de l’arbre. Ils mesurent de 10 à 20 cm à maturité, et ont une forme cylindrique. Des bractées saillantes, triangulaires, dépassent entre les écailles. Ils sont d’abord verts, puis bruns. Ils sont mûrs dans l'année et se désarticulent à maturité (octobre). L’axe du cône persiste durant 1 ou 2 ans.

Les graines sont de forme subtriangulaires, longues de 8 à 13 mm, de couleur jaune-brun, avec une aile de 2 cm soudée. La fructification a lieu surtout tous les deux ans.

Répartition et habitat

Aire d'origine d’Abies Alba. Il a également été introduit largement dans le nord-ouest de l'Europe.

On trouve le sapin blanc principalement dans les bois caducifoliés d'Europe méridionale, occidentale et centrale, montagnards, des substrats stabilisés. Il nécessite une importante humidité atmosphérique. Son implantation typique est sur les ubacs.

Son aire de répartition est périalpine (à tendance méridionale). Elle comprend la Forêt-Noire, les montagnes de Bohême, des Tatras, des Carpates, des Apennins, des Alpes dinariques et du Rhodope. En France, on le trouve en Corse (1000 à 1 700 m), dans les Pyrénées (900 à 1 500 m), le Massif central (700 à 1 500 m), les Alpes (700 à 1 700 m), le Jura (500 à 1 100 m) et les Vosges (400 à 1 100 m). On le trouve généralement à une altitude comprise entre 400 et 1 800 m, de l’étage montagnard à l’étage subalpin inférieur.

Par exception, le sapin de Normandie croît et se reproduit spontanément en plaine dans le pays d'Ouche et le nord du Perche à de faibles altitudes, entre 180 et 310 m. Des botanistes estiment que cet isolat pourrait être un reliquat des dernières glaciations ; la présence du sapin y est en tout cas très ancienne comme l'attestent les toponymes locaux tels que Le Sap-Mèle, Le Sap-André, la Sapaie.

Le sapin pectiné a été largement introduit en Europe du Nord-Ouest pour la sylviculture, où il se développe très bien à des altitudes plus basses, dans les régions suffisamment humides et fraiches : dans les îles Britanniques, dans la façade nord-ouest de la France et le Massif central, en Belgique, dans le nord de l'Allemagne, en Scandinavie, etc. Son importance sylvicole tend cependant a y être bien moindre que celle d'autres conifères qui lui ressemblent plus ou moins (sapin de Nordmann, Sapin de Vancouver, épicéa commun, épicéa de Sitka, douglas, pruche de l'Ouest, etc). Il est parfois aussi planté dans les parcs et les jardins à des fins décoratives ou didactiques, mais moins fréquemment que l'épicéa ou les conifères exotiques.

Pathologies

Chaque essence connaît différentes adversités.

La résistance du sapin pectiné à la plupart des ravageurs et pathogènes est d’abord déterminée :

Dégâts du gibier

Le sapin est très abrouti par les cervidés (beaucoup plus en hiver qu’en été) et pendant de longues années (de 12 à 16 ans dans le massif vosgien). Il est également frotté, mais avec moins d’acharnement. De plus les lièvres et les lapins peuvent provoquer des dégâts au niveau des pousses et cela entraîne des fourches.

La pollution

Le Sapin pectiné est très sensible au fluor, avec des mortalités fréquentes.

Les champignons pathogènes

Il existe différentes altérations dues à l’action des champignons pathogènes :

Les insectes

Pissodes piceae adulte.

Divers insectes sévissent et occasionnent des dégradations au niveau du bois, des aiguilles ou des cônes et graines.

La seule technique de lutte véritablement efficace consiste en une exploitation et une extraction rapides hors des forêts des sapins attaqués. Les écorces et rémanents d’exploitation doivent être incinérés ou éventuellement traités à l’insecticide de type Deltaméthrine, sauf à proximité des ruisseaux ou points d’eau.

Le parasitisme

Le gui (Viscum album) est un hémiparasite qui s’accroche aux branches grâce à un disque adhésif pourvu en son centre d’un suçoir. Il s’enfonce dans le cortex du Sapin jusqu’aux tissus conducteurs avec lesquels il assure une efficace connexion pour dériver une partie de la sève de sa victime. Le gui prélève essentiellement de l’eau et des sels minéraux car c’est une plante chlorophyllienne. L’extension des suçoirs peut se faire sous l’écorce et peut conduire au développement de plusieurs touffes de Gui à partir d’une seule graine.

Taxonomie et systématique

Cette espèce a été scientifiquement décrite pour la première fois en 1759 par le botaniste écossais Philip Miller dans la 7e édition de The Gardeners Dictionary.

Utilisation

Statut de protection légale

Cette espèce est, en 2012, classée en catégorie « LC » (préoccupation mineure) sur la liste rouge de l'UICN, mais l'Union internationale pour la conservation de la nature reconnaît que ce classement, qui date de 1998, mériterait d’être ré-évalué.

Notes et références

  1. (fr) Arbres - Jaromir Pokorny - P. 32 - Éditions Gründ - 1987  (ISBN 2-7000-1818-4)
  2. Margot Spohn (ill. Roland Spohn), 350 arbres et arbustes, Paris, Delachaux et Niestlé, 2008, 256 p. (ISBN 9782603015308), p. 18
  3. (en) C. P. Khare, Indian Herbal Remedies : Rational Wester Therapy, Ayurvedic and Other Traditional Usage, Botany, Springer, 2004, 523 p. (ISBN 3540010262, lire en ligne), p. 3
  4. (en) J. Čermák, « Monoterpene hydrocarbon contents of the resin from seeds of silver fir (Abies alba Mill.) », Trees, vol. 1, no 2,‎ juin 1987, p. 94–101 (ISSN 0931-1890 et 1432-2285, DOI 10.1007/BF00203577, lire en ligne, consulté le 21 janvier 2023)
  5. Images de quelques arbres et arbustes communs en Lozère, Maurice Reille
  6. Marie-Christine Trouy, Anatomie du bois. Formation, fonctions et identification, Éditions Quae, 2015, p. 61
  7. « Conserver les ressources génétiques du sapin pectiné en France – Abies alba » (consulté en septembre 2014).
  8. François de Beaurepaire, Les Noms des communes et anciennes paroisses de l'Eure, Paris, A. et J. Picard, 1981, 221 p. (ISBN 2-7084-0067-3, OCLC 9675154)
  9. (en) Solla A. & Camarero J.J., « Spatial patterns and environmental factors affecting the presence of Melampsorella caryophyllacearum infections in an Abies alba forest in NE Spain », Forest Pathology, vol. 36,‎ 2006, p. 165–175 (DOI 10.1111/j.1439-0329.2006.00446.x, lire en ligne)
  10. Commission d'études des ennemis des arbres, des bois abattus et des bois mis en œuvre, « Le "Chaudron" ou "Dorge" du sapin », Bulletin du Ministère de l’agriculture, Administration Des Eaux Et Forêts, no 10,‎ 1931, p. 189-196 (lire en ligne)
  11. Daniel Adam, « Le cryphale du sapin », sur agriculture.gouv.fr, ONF, septembre 2004 (consulté le 16 novembre 2010).
  12. Tropicos, « Abies alba Mill. », Missouri Botanical Garden (consulté le 4 décembre 2012).
  13. Red List of Threatened Species, « Abies alba », sur www.iucnredlist.org, UICN, 2012 (consulté le 4 décembre 2012).

Liens externes