Cet article ne s'appuie pas, ou pas assez, sur des sources secondaires ou tertiaires (mai 2024).
Pour améliorer la vérifiabilité de l'article ainsi que son intérêt encyclopédique, il est nécessaire, quand des sources primaires sont citées, de les associer à des analyses faites par des sources secondaires.
Pierre RosenbergFauteuil 23 de l'Académie française | |
---|---|
depuis le 7 décembre 1995 | |
Henri Gouhier | |
Président-directeur du musée du Louvre | |
octobre 1994 - 14 avril 2001 | |
Michel LaclotteHenri Loyrette | |
Président Société de l'histoire de l'art français | |
1982-1984 |
Naissance |
13 avril 1936 Paris |
---|---|
Nom de naissance | Pierre Max Rosenberg |
Nationalité | française |
Formation |
École du Louvre Lycée Charlemagne de Paris |
Activités | Historien de l’art, professeur d'université, collectionneur d'œuvres d'art, commissaire d'exposition, conservateur de musée |
Conjoint | Béatrice de Rothschild (d) (depuis 1981) |
A travaillé pour |
École du Louvre Université de Cambridge |
---|---|
Membre de |
Académie américaine des arts et des sciences (1990) Académie française (1995) Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti (en) Académie des Lyncéens Accademia di San Luca Académie du dessin de Florence |
Distinctions |
Pierre Rosenberg, né le 13 avril 1936 à Paris, est un conservateur, historien de l’art et collectionneur français.
Réfugié durant l’occupation allemande en Lot-et-Garonne, à Auriac-sur-Dropt, et en Gironde, à Cazaugitat, avec ses parents Charles Rosenberg, avocat, et Gertrude Nassauer. Georges Cadapeaud et son épouse Jeanne les ont cachés et leur ont sauvé la vie. Ils sont Justes parmi les Nations.
Pierre Rosenberg est citoyen d’honneur de la commune de Duras en Lot-et-Garonne.
Pierre Rosenberg fait ses études secondaires au lycée Charlemagne à Paris. Licencié en droit (1960) et diplômé de la section supérieure de l’École du Louvre (1961), il a fait depuis 1962 toute sa carrière au musée du Louvre, comme conservateur puis conservateur général, chef du département des Peintures de 1987 à 1994,, puis président-directeur de 1994 à 2001. Il a participé puis dirigé, à la suite de Michel Laclotte et aux côtés de Ioeh Ming Pei (1994-2001), les travaux de rénovation des salles du musée, la complète mutation du musée. Il a créé le service du mécénat et attacha une importance prioritaire à la politique d’acquisition du musée. Le Dictionnaire amoureux du Louvre paru en 2007 rend compte de son implication quotidienne dans la vie et la transformation du Louvre.
Il a été, de 1981 à 1993, conservateur du musée national de l’Amitié franco-américaine à Blérancourt. Il est président de la maison d’édition Arthena (aux côtés de Christian Volle) et a été président du Festival de l'histoire de l’art de Fontainebleau et de l’Alliance française à Venise. Élu à l’Académie française, le 7 décembre 1995, au fauteuil d’Henri Gouhier (23e fauteuil), il est reçu le 14 novembre 1996 par José Cabanis.
Boursier Focillon à l’université de Yale en 1961-1962, Pierre Rosenberg a été l’invité de « l’Institute for Advanced Study » à Princeton en 1977 et à l’université de Cambridge, Slade Fellow (1987). Il a occupé la chaire de peinture française à l’École du Louvre en 1970-1971. Président de la Société de l’histoire de l’art français en 1982-1984, il a été élu président du Comité français d'histoire de l'art (d) en 1984. Il fait partie des comités de rédaction de la Revue de l’art depuis sa fondation en 1969, de la revue XVIIe siècle, de Print Quarterly, d’Artibus et Historiae, de la Revue du Louvre et des musées de France, du Burlington Magazine et de Master Drawings.
Il est membre étranger de l’American Academy of Arts and Sciences, de l’American Philosophical Society, de l’Accademia Nazionale dei Lincei et de l’Accademia Nazionale di San Luca (Rome), ainsi que de l’Accademia del Disegno (Florence), de l’Accademia Pietro Vanucci (Pérouse), de l’Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, l’Ateneo Veneto (Venise) et de l’Accademia Clementina (Bologne), honorary fellow de la Royal Academy (Londres).
Pierre Rosenberg se définit comme un collectionneur compulsif, à la différence de collectionneurs qui choisissent méticuleusement chacune de leur nouvelle acquisition. Une fois une œuvre acquise, il l’accroche au mur ou la classe dans ses cartons et attend la nouvelle.
Il a entretenu tout au long de sa carrière des liens amicaux avec quelques-uns des plus grands collectionneurs de dessins et de tableaux de son temps : Henri Baderou, Jacques Petithory, Mathias Polakovitz, Othon Kauffmann et François Schlageter, Fabrizio Lemme… Leurs collections sont entrées partiellement ou intégralement dans les collections publiques françaises. Il a régulièrement collaboré avec un autre grand collectionneur de dessins, Louis-Antoine Prat.
Pierre Rosenberg a fait don de sa collection de peintures (694 tableaux), de dessins (3 500 feuilles) et d’animaux en verre de Murano (680) ainsi que de sa documentation (45 000 livres de sa bibliothèque et 1 500 boîtes d'archives) au musée du Grand Siècle, dirigé par Alexandre Gady, qui ouvrira ses portes à l’automne 2026 dans l’ancienne caserne Sully à Saint-Cloud.
Un projet aux Andelys devait voir le jour, mais celui-ci n'a pas pu aboutir.
Ses travaux d’historien de l’art portent essentiellement sur le dessin et la peinture française et italienne des XVIIe et XVIIIe siècles ainsi que sur l’histoire du collectionnisme. Il a rédigé plus de deux cents articles dans les principales revues spécialisées, a collaboré aux Mélanges dédiés aux principaux historiens d’art français et étrangers de notre temps (R. Bacou, J. Bialostocki, F. Bologna, R. Bossaglia, G. Briganti, R. Causa, A. Chastel, B. Foucart, M. Gregori, W. Hoffmann, M. Laclotte, H. Marx, A. Mérot, K. Oberhuber, C. Pietrangeli, A. Popham, G. Previtali, M. Rœthlisberger, A. Schnapper, S. Slive, Ch. Sterling, Ch. Thiem, M. Winner, P. Zampetti, F. Zeri,...) et a participé à quelques-uns des principaux colloques français et internationaux d’histoire de l’art de ces dernières années (Watteau, Vouet, David, Callot, La Tour, Poussin, Caravage, Tintoret…)
Pierre Rosenberg a organisé un grand nombre d’expositions en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada, en Espagne et au Japon et en a rédigé, parfois intégralement, les catalogues. Il a par ailleurs milité pour la création de l’Institut national d’histoire de l’art, et en faveur de l’enseignement de l’histoire de l’art dans les établissements d’enseignement secondaire. Il a rédigé les catalogues raisonnés des dessins de Poussin, de Watteau et de David, en collaboration avec Louis-Antoine Prat et ceux des tableaux des Le Nain, de Chardin et de Fragonard. Le catalogue de la collection de dessins de Pierre-Jean Mariette (1694-1774) est paru en huit volumes entre 2011 et 2022. Il a prononcé, en avril et mai 1996, à la National Gallery de Washington, les Mellon Lectures.
Depuis l’exposition Poussin et son temps à Rouen en 1961 jusqu’à la publication du catalogue raisonné des tableaux de Nicolas Poussin (quatre volumes) dont la parution est prévue pour 2025, Pierre Rosenberg a toujours accordé sa préférence à Nicolas Poussin (1594-1665) qu’il considère comme le plus grand peintre français de tous les siècles. Artiste difficile d’accès, aimé de tous temps par les artistes et les historiens de l’art de tous pays. Poussin est peu populaire, en comparaison avec ses égaux du XVIIe siècle (Caravage, Rembrandt, Rubens, Vélasquez, Vermeer…). Pierre Rosenberg par ses publications, ses expositions et ses conférences, a mis ses efforts à faciliter l’accès à son œuvre. L’Hiver, dit aussi Le Déluge, est son tableau préféré.
Grand connaisseur de la peinture européenne des Temps modernes, il est reconnu comme l’un des spécialistes de Nicolas Poussin. Il en a publié le catalogue des dessins, et va en publier le catalogue raisonné des peintures. Il est à ce titre intervenu dans plusieurs affaires dont la presse s'est fait l'écho.
Jeune conservateur, Pierre Rosenberg identifie un tableau de Poussin non attribué au peintre, dans une vente aux enchères. Ce tableau a été redécouvert en 1969, acheté par le musée du Louvre puis rendu à ses propriétaires à la suite d'une procédure judiciaire en 1978, pour erreur sur le consentement. Le tableau a été remis en vente et adjugé avec les frais pour 8 142 500 francs le 12 décembre 1988. Cette affaire judiciaire va profondément marquer le jeune conservateur. En effet, ce jugement ne récompense pas l'étude, le savoir et l'œil de l'expert, mais au contraire la propriété des vendeurs, qui n'ont fait aucun effort pour valoriser leur œuvre.
Le Déluge, de Nicolas Poussin, musée du Louvre. Il s'agit du tableau préféré de Pierre Rosenberg. L'œuvre parle de la mort, des bienheureux sauvés dans l'Arche de Noé et de tous les autres êtres sur terre, qui seront engloutis par la montée des eaux. L'Arche échouera sur le mont Ararat, en Arménie. La Fuite en Égypte découverte par les frères Pardo, musée de Lyon. Olympos et Marsyas de Nicolas Poussin.Son expertise est en revanche critiquée dans l'affaire du tableau de Nicolas Poussin La Madone à l'escalier. Alors que la conservation du Louvre évitait délibérément la donation proposée par le propriétaire français, il est tenu pour responsable de la dévalorisation du tableau en doutant de son authenticité. Celui-ci est finalement vendu au musée de Cleveland et reconnu comme l'œuvre originale.
Le sociologue Bernard Lahire a étudié la sociologie du monde de l'art, et notamment les démarches visant à la découverte puis la cession du tableau de Nicolas Poussin La Fuite en Égypte, acquise par le musée des Beaux-Arts de Lyon. Dans son étude Ceci n'est pas qu'un tableau, il indique que Pierre Rosenberg a fait mine de douter de l'attribution à Poussin lors de la vente aux enchères de Versailles. La vente aux enchères sera finalement annulée pour erreur sur la substance, ruinant la galerie des frères Pardo, et le tableau cédé au musée des Beaux-Arts de Lyon en 2007 pour une somme de 17 millions d'euros.
De 1985 à 1988, il est impliqué dans l'affaire de l'acquisition contestée d'une œuvre de Murillo, en lien avec l'affaire judiciaire Suzanne de Canson. Pierre Rosenberg connaissait bien cette toile, qu'il avait examiné dix ans plus tôt. En 1981, il avait fait connaître le vœu du musée de l'acquérir. Entre-temps, la toile avait été sortie en fraude de France et mise en vente par Christie's à Londres,. Le Louvre déclare alors à Christie's que le tableau avait été sorti illégalement du pays, mais du fait de l'impossibilité d'un recours légal contre Christie's, accepte de ne pas alerter le bureau des douanes s'il pouvait acheter le tableau pour un million de dollars, soit environ la moitié de sa valeur.
Le « scandale devint énorme » quand il fut révélé que le Louvre avait acheté, en 1985, le tableau de Murillo, Le Gentilhomme sévillan, vendu par Joëlle Pesnel, principale inculpée de ce dossier, alors qu'il appartenait en réalité à Suzanne de Canson, qui séquestrée, était décédée en 1986 dans « une mort atroce ». Chef du département des peintures du musée du Louvre, Pierre Rosenberg est inculpé, le 13 décembre 1988, de recel par Jean-Pierre Bernard, juge d'instruction à Toulon, chargé de l'affaire de cette succession. La décision du magistrat instructeur se fondait sur le soupçon que, lors de cette transaction, Pierre Rosenberg ne pouvait ignorer le caractère douteux du titre de propriété de Joëlle Pesnel, qui est notamment inculpée de vol,.
Les accusations sont abandonnées par la suite. Au terme d'une longue procédure, la justice finit par délivrer un quitus au musée.
Pierre Rosenberg a épousé en premières noces Françoise Viatte, conservateur au département des Arts graphiques au musée du Louvre. Depuis 1981, il est le mari de Béatrice de Rothschild, fille du baron Alain de Rothschild et de Mary Chauvin du Treuil. Il a adopté Marie Brandolini d’Adda (1963-2013), fille d’Armand Angliviel de La Beaumelle (1929-1964) et mère de Guido, Marcantonio et Gioacchino Brandolini d'Adda. Pierre Rosenberg se rend une semaine par mois à Venise. Il habite la maison où Richard Wagner a composé le second acte de Tristan. Pierre Rosenberg adore les chats (Tristan à l’heure présente). Le chat et la palette,(1987) illustre cette passion.