Dans l'article d'aujourd'hui, nous allons approfondir Académie française, un sujet qui fait l'objet d'intérêt et de débats depuis longtemps. Académie française est un sujet qui couvre une grande variété d'aspects, depuis ses origines historiques jusqu'à sa pertinence dans la société contemporaine. Au fil des années, Académie française a suscité l'intérêt des professionnels, des universitaires et des passionnés, conduisant à de nombreux débats et recherches autour de ce sujet. Dans cet article, nous allons analyser différents aspects de Académie française, en examinant son impact, ses implications et son évolution au fil du temps. De plus, nous explorerons également les différentes perspectives et opinions qui existent autour de Académie française, dans le but de fournir une vision globale et complète sur ce sujet. Préparez-vous à entrer dans le monde fascinant de Académie française !
« À l'immortalité » |
Fondation |
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Type | |
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Forme juridique |
Personne morale de droit public à statut particulier |
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Objectif |
« Veiller sur la langue française et accomplir des actes de mécénat. » |
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Membres |
40 membres élus par leurs pairs |
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L'Académie française, fondée en et officialisée en par le cardinal de Richelieu, est une institution culturelle française dont la mission est de « contribuer à titre non lucratif au perfectionnement et au rayonnement des lettres » et a pour fonction de tenir à jour un dictionnaire de référence du français, et d'approuver la publication au Journal officiel d'équivalents francophones de termes techniques étrangers dans la langue française. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs, et est la première des cinq académies de l'Institut de France.
La mission qui lui est assignée à l’origine, et qui sera précisée par lettres patentes de Louis XIII le , est de travailler à « donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Dans cet esprit, elle compose un Dictionnaire de l'Académie française, dont la première édition est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d'élaboration. Elle attribue également des prix littéraires, dont le plus renommé est le Grand prix de littérature de l'Académie française.
L'Académie française rassemble des personnalités qui ont illustré la langue française : poètes, romanciers, dramaturges, critiques littéraires, philosophes, historiens, scientifiques, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.
Il n'existe aucune condition de titres ou de nationalité pour entrer dans la Compagnie, sinon celle d'avoir illustré la langue française.
L'utilité de l'Académie française, qui n'a plus d'autorité normative mais seulement morale aujourd'hui, est parfois contestée. Sa légitimité est aussi remise en question : un seul linguiste a compté parmi les membres (qui sont pour la plupart écrivains), Gaston Paris, mort en 1903. Les critiques concernent également l'éthique de l'institution, qui offre de nombreux avantages à ses membres.
Les origines de l'Académie se trouvent dans les réunions informelles d'un groupe littéraire, le « cercle Conrart », qui se rassemblait depuis 1629 au numéro 135 de la rue Saint-Martin, domicile de Valentin Conrart, protestant calviniste et néanmoins conseiller de Louis XIII et habitué de l'hôtel de Rambouillet où se rencontraient déjà ces hommes de lettres. Ces réunions littéraires secrètes (comme auparavant l’Académie de musique et de poésie fondée en 1570 par Jean-Antoine de Baïf et Joachim Thibault de Courville sous le règne de Charles IX et qui, tout en restant secrète, devient en 1574 l’Académie du palais sous Henri III) inspirent à Richelieu, dont les idées prennent un caractère de grandeur, le projet de créer l'Académie française en transformant ces réunions en une compagnie littéraire sous l'autorité royale, prenant pour modèle l’Accademia della Crusca fondée à Florence en 1582 et ayant déjà publié son Vocabolario en 1612. Les registres des réunions sont tenus par Conrart dès le ,.
Les statuts sont élaborés durant toute l'année 1634, statuts à caractère prescriptif visés par le Cardinal en 1635. Conrart en dresse les lettres patentes signées par Louis XIII le (date traditionnellement attribuée pour la naissance officielle de l'Académie française) et enregistrées par le Parlement de Paris en 1637. Les statuts et règlements sont signés le . Treize nouveaux membres, appelés jusqu’en 1636 du nom d’« Académistes » (« académiciens » à partir du ), sont admis à siéger avec le groupe initial des 9 membres. Valentin Conrart en devient le premier secrétaire perpétuel de 1634 à 1675, Richelieu est nommé « père et protecteur » de ces lettrés au départ quelque peu rétifs (depuis le protectorat de Louis XIV, chaque chef de l'État français demeure le protecteur de l'Académie, approuvant ou non l'élection d'un membre). Un des premiers travaux de cette Académie est d'arbitrer la querelle entre Georges de Scudéry et Pierre Corneille concernant Le Cid. En 1637, sur l'insistance de Richelieu, Jean Chapelain rédige Les sentiments de l'Académie Française sur la tragi-comédie du Cid,.
Le livre Histoire de l'Académie françoise (premier volume paru en 1653) écrit par un de ses membres, Paul Pellisson (le second de l'abbé d'Olivet relatant son histoire est paru en 1729), rédigé à partir des registres de l'Académie française et sous l'influence des académiciens (d'autant plus que Pellisson souhaite intégrer la compagnie), est la source unique sur la fondation de l'Académie. Pellisson considère qu'elle n'a aucune finalité savante — comme l'académie de Baïf fondée en 1570 et l'académie de Mersenne — ou finalité politique — comme l'académie des frères Dupuy —, mais son récit omet que le cercle Conrart réunit des hommes de plume, de grands aristocrates et a aussi pour vocation de s'échanger des informations pour offrir au groupe une position privilégiée sur l'espace socio-politique de l'époque. De plus, l'Académie donnant son avis sur les œuvres littéraires (voir son intervention dans la « querelle du Cid »), Richelieu y voit un moyen de contrôle sur la vie intellectuelle et littéraire française. Dans sa volonté de rassembler, Richelieu veut que la langue française soit l'affaire des représentants des divers domaines du savoir (ecclésiastiques, militaires — le premier est le duc Armand de Coislin en 1652 —, diplomates, puis écrivains et philosophes — le premier est Montesquieu en 1727 — sous Louis XV qui menace de supprimer l'Académie qui prend son indépendance grâce aux Lumières) et décide que l'Académie s'ouvre à quarante membres égaux et indépendants, donc qu'elle ne soit pas subventionnée.
Le caractère officiel de cette compagnie de « beaux esprits » étant établi, elle se réunit d’abord chez tel ou tel de ses membres, puis chez le chancelier Pierre Séguier, rue du Bouloi, à partir de 1639. Elle est hébergée à la mort de Richelieu en 1642 par Anne d'Autriche grâce à l'intervention de l'académicien Vincent Voiture, interprète de la reine mère, sur les conseils de Colbert elle est transférée au Louvre à partir de 1672.
En 1694 paraît la première édition du Dictionnaire de l'Académie française.
En 1793, par décret daté du , la Convention supprime toutes les académies royales (« royaume des lettrés, titrés, mitrés » selon la formule de Chamfort), y compris l'Académie française, et confirme l'interdiction d'élire de nouveaux membres pour remplacer ceux décédés. Pendant la Terreur, l'abbé Morellet sauve les archives de l'Académie en les cachant chez lui. En 1795, par décret daté du , ces Académies sont remplacées par une seule entité : l'Institut de France, dont la loi Daunou arrête l'organisation.
En 1803, par arrêté du 3 pluviôse an XI (), le Premier consul Bonaparte décide de restaurer les anciennes académies, mais simplement comme classes (divisions) de l'Institut de France. La seconde « classe de langue et littérature françaises » correspond de facto à l'ancienne Académie française. Bonaparte avait en 1800 opposé un refus à son frère Lucien, alors ministre de l'Intérieur et rêvant d'être académicien, qui lui avait suggéré de restaurer l'Académie.
En 1805, l'Académie s'installe enfin au collège des Quatre-Nations — devenu Institut de France en 1795 —, où elle demeure toujours.
Le patriotisme issu de la Première Guerre mondiale favorise l'élection de plusieurs maréchaux, dont le premier est le maréchal Lyautey en 1912.
Sous l'Occupation, certains membres de l'Académie s'engagent dans la collaboration (Charles Maurras, Abel Bonnard, Abel Hermant, et le maréchal Pétain). Élu provisoirement secrétaire perpétuel en 1942, Georges Duhamel fait suspendre les élections, comme en 1790, évitant ainsi la subordination de l'Académie au régime de Vichy. Une légende veut que François Mauriac ait été l'âme de la Résistance académique. À la Libération, le monde intellectuel est dans les mains du Comité national des écrivains qui est actif dans l'Épuration et souhaite supprimer l'Académie. Georges Duhamel défend avec succès la cause de l'institution auprès du général de Gaulle, la loi d'indignité nationale prévoyant que toute personne frappée d'indignité nationale et appartenant à un corps constitué soit automatiquement exclue, excluant de fait les collaborateurs de l'Académie.
L'Académie s'est longtemps montrée très réticente à permettre à des femmes de la rejoindre. En 1980, l'historien Pierre Gaxotte va jusqu'à affirmer : « Si on élisait une femme, on finirait par élire un nègre... » La majorité de ses collègues partageait cette position, sans pour autant l'exprimer aussi crûment. Cette même année l'Académie a élu Marguerite Yourcenar, puis Léopold Sédar Senghor en 1983.
Dans les années 1980, l'institution refuse la féminisation des noms de métier, jugeant le genre féminin « discriminatoire ».
L'Académie retrouve sa pleine indépendance (politique et financière) vis-à-vis de l'Institut de France par la loi de programme pour la recherche de 2006.
La création de l'Académie française s'inscrit dans la continuité de l'institution du français comme langue officielle de la nation, traduite en particulier par l'ordonnance de Villers-Cotterêts édictée par François Ier en 1539, dont les articles 110 et 111 sur la langue française sont toujours en vigueur. Son rôle est de contribuer à l'harmonisation de la langue française, pour qu'elle soit compréhensible par tous les Français et aussi par tous les Européens qui l'adoptent alors comme langue commune. L'Académie est donc garante de la précision de la langue française, en ayant pour objectif d'éviter qu’une confusion dans les mots n'entraîne une confusion dans les idées.
L’article 24 de ses Statuts précise que « la principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ».
L'accomplissement de cette mission de normalisation de la langue française se traduit par trois principales actions :
L’article 26 des Statuts demande que soient composés « un Dictionnaire, une Grammaire, une Rhétorique et une Poétique sur les observations de l’Académie ». Le Dictionnaire a été et continue d'être édité, la Rhétorique et la Poétique n'ont jamais été publiés. Une première Grammaire de l'Académie française a été publiée en 1932. La rédaction a été dirigée par Abel Hermant, aidé de prêtes-plumes inconnus. Vivement critiquée, notamment par le linguiste Ferdinand Brunot dans son ouvrage Observations sur la grammaire de l'Académie française, l'Académie réagit en publiant une seconde édition corrigée et quelque peu augmenté dès l'année suivante,.
L'Académie française exerce sa mission de normalisation de la langue en recueillant les us et coutumes et en les codifiant en lois sans se donner le droit d'en changer les dispositions, et en participant à la création de nouveaux mots dans les commissions de terminologie, mais elle s'est toujours défendue d'être la créatrice de la langue. Toutefois, la langue étant vivante et donc en constante évolution, l'Académie est aussi parfois perçue comme une autorité déterminant le bon usage de la langue. Cette autorité est concurrencée par les ministères français tels que celui de l'Éducation nationale qui a autorité pour définir les usages acceptés aux examens, par les autorités d'autres pays francophones tels que le Canada et son Office québécois de la langue française, très vigilant à l'usage des anglicismes, voire par une conception libérale qui donne une égale autorité linguistique à tous les éditeurs privés.
En 2019, l'Académie met pour la première fois son Dictionnaire à disposition du public sur un site Internet dédié, en accès gratuit. Son ambition première est de rendre accessible sa dernière édition, la neuvième, en cours d'achèvement. Ce site permet aussi de parcourir l'intégralité des neuf éditions du dictionnaire.
La seconde mission de l'Académie est l'illustration de la langue française. Elle est accomplie notamment à travers le mécénat, non prévu dans les statuts d'origine, qui procède de l'exécution des dons et legs qui lui ont été faits et ce dès l'Ancien Régime.
Chacun dans sa spécialité, les membres de l'Académie ont contribué par leurs ouvrages à l'illustration et au prestige de la langue définie par la Compagnie, tels que Corneille, Racine, La Fontaine ou Bossuet.
C'est en 1671 que pour la première fois sont attribués des prix par l'Académie : un prix d'éloquence et un prix de poésie.
L’Académie française décerne actuellement chaque année environ soixante prix littéraires, dont les dotations sont financées par des donateurs souvent en exécution de legs, parmi lesquels :
L’Académie attribue des subventions à des sociétés littéraires ou savantes, des œuvres de bienfaisance, des aides à des familles nombreuses, aux veuves, aux personnes défavorisées ou qui se sont distinguées par l’accomplissement d’actes de dévouement ainsi qu’un certain nombre de bourses d'études : Zellidja, Neveux, Corblin, Damade.
L'Académie française est une personne morale de droit public à statut particulier gérée par ses membres en assemblée, c'est-à-dire une institution publique centrale de l'État français.
Elle élit son secrétaire perpétuel qui, comme son nom l'indique, le reste jusqu'à son décès ou à sa démission. Cette permanence en fait le personnage le plus important de l'institution. Après la mort d'Hélène Carrère d'Encausse le 5 août 2023, le poste a été confié à Amin Maalouf le 28 septembre 2023.
Elle élit également, tous les trois mois, un président chargé de présider les séances.
D'après l'annotation des statuts et règlements de l'Académie française,, l'Académie comporte cinq commissions :
L’Académie française se compose de 40 membres élus par leurs pairs. Depuis sa fondation, elle a reçu en son sein plus de 700 membres (733 membres en 2019). Elle rassemble des poètes, des romanciers, des dramaturges, des philosophes, des historiens, des médecins, des scientifiques, des ethnologues, des critiques d’art, des militaires, des hommes d’État et des hommes d’Église.
L'origine des fauteuils de l'Académie française est racontée ainsi par l'académicien Charles Pinot Duclos :
« Il n'y avait anciennement dans l'Académie qu'un fauteuil, qui était la place du directeur. Tous les autres académiciens, de quelque rang qu'ils fussent, n'avaient que des chaises. Le cardinal d'Estrées, étant devenu très infirme, chercha un adoucissement à son état dans l'assiduité à nos assemblées : nous voyons souvent ceux que l'âge, les disgrâces, ou le dégoût des grandeurs forcent à y renoncer, venir parmi nous se consoler ou se désabuser. Le cardinal demanda qu'il lui fût permis de faire apporter un siège plus commode qu'une chaise. On en rendit compte au roi Louis XIV, qui, prévoyant les conséquences d'une telle distinction, ordonna à l'intendant du garde-meubles de faire porter quarante fauteuils à l'Académie, et confirma, par là et pour toujours, l'égalité académique. La compagnie ne pouvait moins attendre d'un roi qui avait voulu s'en déclarer le protecteur. »
En 1639, les académiciens passent de 39 à 40 fauteuils.
Surnommés « les immortels », les académiciens doivent ce surnom à leur devise « À l’immortalité ». Celle-ci figure sur le sceau donné à l’Académie par son fondateur, le cardinal de Richelieu, et vise à l'origine la langue française et non les académiciens. Rapidement, cette notion s'est étendue aux académiciens pour leur gloire posthume, l'immortalité littéraire étant conférée par le roi en échange de l'unification linguistique du royaume et son autonomisation par rapport à l'Église. À partir du XVIIIe siècle, les académiciens comme tous les écrivains développent une éthique qui ne se veut plus être au service du pouvoir mais gardent ce titre d'« immortels ».
La qualité d’académicien est une dignité inamovible. Celui qui se déclare démissionnaire n’est pas remplacé avant son décès : Pierre Benoit, Pierre Emmanuel et Julien Green en sont des exemples. Des exclusions peuvent être prononcées par l'Académie pour de graves motifs, notamment des motifs entachant l’honneur. Ces exclusions au cours de l’histoire ont été rarissimes. Plusieurs furent mises en œuvre après la Seconde Guerre mondiale pour faits de collaboration, à l'endroit de Philippe Pétain, Charles Maurras, Abel Bonnard et Abel Hermant. Les fauteuils de Pétain et Maurras ne furent pas pourvus avant leur mort, à l'inverse de ceux de Bonnard et Hermant, par mesure exceptionnelle.
Au premier acte (sc. II) de Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand (qui entrera lui-même à l'Académie trois ans après la première de la pièce) se moque de cette « immortalité » en mettant dans la bouche d'un bourgeois nommant à son fils les spectateurs du théâtre de l'hôtel de Bourgogne :
c'est-à-dire une série d'académiciens de l'époque où se passe l'action, tombés dans un oubli total depuis lors.
Quand un fauteuil est laissé vacant par la mort de son titulaire, l'Académie déclare la vacance à l'issue d'un délai de décence de plusieurs mois, et une élection est alors organisée dans les trois mois qui suivent. Les candidatures sont déposées par les candidats avec un courrier adressé au secrétaire perpétuel, ou sont présentées par un ou plusieurs académiciens. Les aspirants à une élection peuvent déclarer leur candidature à la date de leur majorité et au-delà, sans restriction.
L'élection est effectuée à bulletins secrets, et requiert la majorité absolue des suffrages exprimés. Un quorum de 20 votants est fixé. Les votes blancs ne sont pas pris en compte pour l'établissement de la majorité absolue, à l'inverse des bulletins blancs marqués d'une croix.
L'élection ne devient définitive qu'après l'approbation du protecteur de l'Académie, le roi puis le président de la République, qui manifeste celle-ci en donnant audience au nouvel élu. C'est ainsi que l'élection de Paul Morand a été différée jusqu'en 1968, car le général de Gaulle s'y était jusqu'alors opposé en raison des postes occupés par l’intéressé sous le régime de Vichy.
Le nouvel élu est alors installé dans une cérémonie à huis clos. Une semaine après, il est officiellement reçu dans la Compagnie en habit vert, qu'il se sera fait confectionner. Au cours de cette cérémonie publique, il prononce un discours de remerciement où il fait l'éloge de son prédécesseur, auquel répond le directeur du trimestre où la vacance a été notifiée. Cette tradition remonte à Olivier Patru, reçu en 1640 :
« À sa réception, rapporte Pellisson, Patru prononça un fort beau remerciement dont on demeura si satisfait qu’on a obligé tous ceux qui ont été reçus depuis d’en faire autant. »
— René de La Croix de Castries, La Vieille Dame du Quai Conti.
L'habit des académiciens, avec bicorne, cape et épée, qu'ils revêtent lors des séances solennelles sous la Coupole, a été dessiné sous le Consulat. Grand amateur d'uniformes, Bonaparte avait d'abord pensé à un habit jaune, mais c'est un uniforme noir avec des broderies vertes en forme de rameaux d'olivier qui fut finalement choisi par une commission de trois membres : Houdon, Vincent et Chalgrin, sur un dessin attribué au peintre Jean-Baptiste Isabey.
Cet uniforme est commun à tous les membres de l’Institut de France.
Les femmes et les ecclésiastiques sont dispensés du port de l'uniforme et de celui de l'épée. Mmes de Romilly, Carrère d'Encausse, Delay, Veil, Sallenave, Bona et Cassin ont cependant opté pour l'« habit vert » lors de leur réception. Mme Carrère d'Encausse a été la première femme à porter l'épée, arme créée pour l'occasion par l'orfèvre géorgien Goudji. Les femmes élues ensuite ont opéré le même choix, à l'inverse de Jacqueline de Romilly, qui avait cependant reçu une broche symbolique après son élection à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1975.
La première femme élue à l'Académie française est Marguerite Yourcenar, en 1980. Elle a été suivie par Jacqueline de Romilly en 1988 et Hélène Carrère d'Encausse en 1990, qui fut secrétaire perpétuel de l'institution jusqu'à son décès,, puis par d'autres. En 2019, l’Académie compte cinq femmes.
Le premier homme noir élu est Léopold Sédar Senghor, en 1983. Il est suivi par Dany Laferrière en 2015.
La nationalité française n'est pas formellement une obligation pour être élu à l'Académie, rien n'étant prévu à ce sujet dans le règlement de l'institution. Plusieurs académiciens sont ainsi originaires d'autres pays que la France. Si la plupart d'entre eux ont été naturalisés avant leur élection — comme Joseph Kessel ou Eugène Ionesco —, certains ont été élus avec une autre nationalité — comme Julien Green. Peu de temps avant son élection en 1980, Marguerite Yourcenar, devenue citoyenne des États-Unis en 1947, avait repris la nationalité française. Des académiciens français sont également nés dans un pays étranger, sans toutefois avoir la nationalité de ce pays — comme Valéry Giscard d'Estaing, né en 1926 en Allemagne.
Cette liste recense les académiciens citoyens d’un pays autre que la France à un moment quelconque de leur vie (que cette nationalité soit par la naissance ou par la naturalisation et même s’ils ne l'avaient plus au moment de leur élection, leur entrée à l’Académie ou leur décès) :
Année d'élection | Académiciens | Nationalités autres que française | Situation relative à la nationalité française |
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1881 | Victor Cherbuliez (1829-1899) | Suisse | Acquisition par naturalisation en 1880. Premier académicien ayant eu une nationalité étrangère. |
1894 | José Maria de Heredia (1842-1905) | Espagne | Né à Cuba, citoyen de l'Espagne, naturalisé français en 1893. |
1931 | Gal Maxime Weygand (1867-1965) | Belgique | Naturalisé français en 1888. |
1959 | Henri Troyat (1911-2007) |
Russie | Russe d'origine arménienne, naturalisé français en 1935. |
1962 | Joseph Kessel (1898-1979) | Russie | Né en Argentine, citoyen de Russie, naturalisé français en 1919. |
1970 | Eugène Ionesco (1909-1994) | Roumanie | Naturalisé français en 1950. |
1971 | Julien Green (1900-1998) |
États-Unis | Le président Georges Pompidou lui propose en 1972 la nationalité française, mais il décline la faveur. Premier académicien à n’avoir jamais possédé la nationalité française. |
1973 | Jean d'Ormesson (1925-2017) | Liban | A obtenu la nationalité libanaise en 1989 lors d'un séjour durant la guerre civile libanaise. |
1975 | Félicien Marceau (1913-2012) | Belgique | Naturalisé français en 1959. |
1980 | Marguerite Yourcenar (1903-1987) | États-Unis | Née en Belgique d'un père français, elle est naturalisée américaine en 1947 et renonce à sa nationalité française. Elle la recouvre en 1980. Première femme élue à l'Académie. |
1983 | Léopold Sédar Senghor (1906-2001) | Sénégal | Indigène sujet français à sa naissance, puis pleinement citoyen français à partir de 1933 et enfin citoyen sénégalais à partir de 1960. Il ne possédait plus la nationalité française au moment de son élection. Premier Africain élu à l'Académie. |
1996 | Hector Bianciotti (1930-2012) | Argentine | Naturalisé français en 1981. |
1999 | René de Obaldia (1918-2022) | Panama | Né à Hong Kong de parents panaméens : père consul du Panama à Hong Kong et mère, née picarde, ayant perdu sa nationalité française par son mariage. Lui-même, donc panaméen, arrivé en France en bas âge en 1919 avec sa mère, optant aussi pour la nationalité française à sa majorité, fin 1939 (malgré la conséquence d'être incorporé dans l'armée française). |
2002 | François Cheng (né en 1929) |
République de Chine | Naturalisé français en 1971. |
2005 | Assia Djebar (1936-2015) |
Algérie | Née en Algérie française, sujet colonial français puis citoyenne de l’Algérie à l'indépendance de celle-ci en 1962. Elle ne possédait plus la nationalité française au moment de son élection. |
2009 | François Weyergans (1941-2019) | Belgique | Né en Belgique d'un père belge et d'une mère française, possède donc la double nationalité. |
2011 | Amin Maalouf (né en 1949) |
Liban | Chrétien maronite réfugié en France en 1975, naturalisé français en 1981. |
2012 | Jules Hoffmann (né en 1941) |
Luxembourg | Naturalisé français en 1970, ce qui lui fit perdre sa nationalité luxembourgeoise. |
2013 | Michael Edwards (né en 1938) |
Royaume-Uni | Naturalisé français en 2003. |
2013 | Dany Laferrière (né en 1953) |
Haïti et naturalisé Canada |
Naturalisé canadien, il vit au Québec. Deuxième académicien après Julien Green à n'avoir jamais possédé la nationalité française. |
2016 | Andreï Makine (né en 1957) |
Union soviétique puis Russie | Naturalisé français en 1996 après avoir remporté le prix Goncourt. |
2020 | Maurizio Serra (né en 1955) |
Italie | Né au Royaume-Uni. Troisième académicien après Julien Green et Dany Laferrière à n’avoir jamais possédé la nationalité française. |
2021 | Mario Vargas Llosa (né en 1936) |
Pérou et naturalisé Espagne |
Né au Pérou et naturalisé espagnol. Prix Nobel de littérature en 2010. Possède la particularité de n’avoir jamais écrit d’œuvre en français. Quatrième académicien après Julien Green, Dany Laferrière et Maurizio Serra à n'avoir jamais possédé la nationalité française. |
2022 | Antoine Compagnon (né en 1950) |
Belgique | Né en Belgique de père français et de mère belge. Possède de fait la double nationalité. |
L'âge moyen d'entrée à l'Académie, d'après les calculs du démographe Jacques Véron, était de 44 ans entre 1635 et 1757, de 50 ans pour les promotions de 1758 à 1878 et de 60 ans pour les promotions de 1880 à 1983. L'âge moyen d'entrée des 19 académiciens élus entre 2005 et est de 68 ans. Depuis 2010, l'âge limite d'entrée à l'Académie est de 75 ans à la date du dépôt de la candidature, mais une exception a été faite pour Mario Vargas Llosa.
Le nombre de 40 académiciens n’a été atteint que cinq ans après la création de l’Académie, avec l’élection de Daniel de Priézac le .
Jusqu’à la fin de la première moitié du XIXe siècle, l’effectif de l’Académie française était souvent complet, chaque décès étant rapidement suivi par une élection et le nouvel académicien était rapidement reçu.
Depuis, les délais d’élection et de réception se sont considérablement allongés. Il se passe aujourd’hui environ un an entre un décès et une élection, et encore un an entre l’élection et la réception, de sorte que le chiffre de 40 académiciens est peu souvent atteint. L'Académie fut au complet pour la dernière fois du (élection de Marc Lambron) au (décès d'Assia Djebar).
Mais si l’on ne tient compte que des académiciens reçus, et non pas seulement élus, alors l’Académie n’a été complète que pendant 24 jours au cours du XXe siècle, et ne l’a encore jamais été au XXIe siècle. Les périodes où l’Académie était complète ont été :
Si l’on ne tenait pas compte de l’exclusion de facto de Charles Maurras et Philippe Pétain pour cause de condamnation à l'indignité nationale, alors il y aurait eu deux autres périodes pendant lesquelles l’Académie aurait été au complet :
Le nombre d'académiciens élus a été au plus bas avec 28 membres du au . Le nombre d'académiciens reçus a été au plus bas avec 26 membres du au ,.
L’expression 41e fauteuil a été forgée en 1855, par l’écrivain Arsène Houssaye, lui-même candidat malheureux, pour désigner ces auteurs qui n'ont jamais siégé à l'Académie, malgré leur notoriété ou leurs qualités généralement reconnues, tels Descartes, Molière, Pascal, La Rochefoucauld, Rousseau, Diderot, Beaumarchais, André Chénier, Balzac, Dumas père, Gautier, Flaubert, Stendhal, Nerval, Maupassant, Baudelaire, Zola, ou Daudet.
Certains ne songèrent pas à introduire une candidature, tels Giraudoux ou Larbaud. D’autres sont décédés avant leur élection probable : Apollinaire, Proust ou Péguy.
De nombreux écrivains, intellectuels ou scientifiques ont décliné l'invitation à se présenter à l'élection parmi les « immortels ». Sollicité par François Mauriac en 1950, Marcel Aymé lui répond ainsi :
« Je vous suis très reconnaissant d'avoir pensé à moi pour le Quai de Conti . Avec beaucoup d'émoi, je réponds à votre « clin d'œil » qui me rend très fier. Pourtant, je dois vous dire que je ne me sens pas l'étoffe d'un académicien. En tant qu'écrivain, j'ai toujours vécu très seul, à l'écart de mes confrères mais pas du tout par orgueil, bien au contraire, plutôt par timidité et indolence aussi. Que deviendrais-je si je me trouvais dans un groupe de quarante écrivains ? J'en perdrais la tête et à coup sûr, je n'arriverais pas à lire mon discours. Ainsi feriez-vous une piètre acquisition. »
De même Georges Bernanos refusa que l'on pût seulement lui proposer d'y entrer, car, écrit-il, s'il n'en était déjà dégoûté, la présence au sein de l'Académie « d'un vieil imposteur comme Claudel-Turelure » l'en éloignerait. De Bernanos, on cite souvent la phrase : « Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie ».
Edmond Rostand a ironisé sur l'immortalité du nom de certains académiciens pourtant aujourd'hui tombés dans l'oubli : « - L'Académie est là ? - Mais… j'en vois plus d'un membre ; Voici Boudu, Boissat, et Cureau de la Chambre ; Porchères, Colomby, Bourzeys, Bourdon, Arbaud… Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c'est beau. » (Cyrano de Bergerac (Rostand), acte I, scène 2). Rostand ne s'en présenta pas moins à l'Académie, où il fut élu en 1901.
Certains, délibérément hostiles à l'Académie et rejetant par principe ce qu’on nomme académisme, ont refusé les avances qui leur étaient faites. Ce fut le cas notamment de Stendhal, Gustave Flaubert, Alphonse Daudet, André Gide, Roger Martin du Gard, Jacques Monod et Françoise Sagan.
Approchés, plusieurs hommes de lettres contemporains dont Daniel Pennac, Jean Echenoz, Simon Leys, J. M. G. Le Clézio, Patrick Modiano, Milan Kundera, Pascal Quignard ou Tonino Benacquista déclinèrent la proposition de se présenter.
Fidèle à sa mission originale d'établissement des normes de la langue officielle, l'Académie française s'oppose à ce qu'il soit fait mention des langues régionales dans la Constitution française, selon une déclaration rendue publique le . En effet, selon les académiciens, cette mention amènerait la France à pouvoir ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, ce qu'elle ne souhaite pas.
Dans son discours du , le Premier ministre Michel Rocard a proposé à la réflexion du Conseil supérieur de la langue française cinq points précis concernant l’orthographe :
C’est sur ces cinq points qu'ont porté les propositions de l'Académie française. Elles ne visent pas seulement l’orthographe du vocabulaire existant, mais aussi et surtout celle du vocabulaire à naître, en particulier dans les sciences et les techniques.
Présentées par le Conseil supérieur de la langue française, ces rectifications ont reçu un avis favorable de l’Académie française à l’unanimité, ainsi que l’accord du Conseil de la langue française du Québec et celui du Conseil de la langue de la Communauté française de Belgique.
Elles ont été publiées au Journal officiel du . Ces rectifications, modérées dans leur teneur et dans leur étendue, se résument ainsi :
La dernière autorité s'avère en fin de compte l'usage : menée par quelques défenseurs inattendus dont François Cavanna et Delfeil de Ton, ordinairement peu enclins à soutenir l'ordre établi, la réforme de 1990 (rectification d'anomalies orthographiques, suppressions de certains accents circonflexes, francisation des noms d'origine étrangère, etc.) fut fortement contestée et l'Académie, tout en indiquant que les modifications proposées possédaient une logique, réaffirma la nécessité de laisser l'usage seul trancher.
L'Académie a longtemps été opposée à la féminisation des noms de métiers.
En , la romancière Marie-Louise Gagneur demande à l'Académie française de féminiser les termes écrivain et auteur. Charles de Mazade répond alors : « La carrière d’écrivain n’est pas celle de la femme » selon Le Matin, tandis que Leconte de Lisle indique que « autrice ou auteuse déchire absolument les oreilles ».
En 2014, elle considérait, par exemple, des mots formés par l'adjonction de -e à des mots en -eur comme des barbarismes.
À la demande de la Cour de cassation en , elle promet de réfléchir à cette féminisation,. En 2019, ses positions sont plus nuancées, elle affirme qu'« il convient de laisser aux pratiques qui assurent la vitalité de la langue le soin de trancher : elles seules peuvent conférer à des appellations nouvelles la légitimité dont elles manquaient à l’origine ».
L'Académie française essuie des critiques depuis sa création tenant tout à la fois à ses positions conservatrices, son mode de fonctionnement et de recrutement, sa légitimité ou encore son expertise.
Son premier dictionnaire est critiqué pour sa lenteur de rédaction : il faut attendre 1694 pour le voir paraître alors que l'institution a été créée en 1635. Tranchant dans les débats de l'époque, l'Académie opte pour une « orthographe ancienne » (c'est-à-dire à tendance étymologique) en ce qu'elle « distingue les gens de lettres d’avec les ignorants et les simples femmes »,.
Avant la parution de la première édition, Antoine Furetière, académicien avant d'être exclu par ses pairs, se vengera de son éviction en décrivant au vitriol les modalités de travail de la commission du dictionnaire :
« Chacun pointille sur chaque article, et le juge bon ou mauvais selon sa connaissance ou son caprice ; très souvent on le réforme au pis, ou on ne fait que changer peu de chose dans l'expression. Mais cela se fait avec tant de bruit et de confusion, que les plus sages se taisent, et que l'avis des plus violents l'emporte. Celui qui crie le plus haut, c'est celui qui a raison(…). Quand un Bureau est composé de cinq ou six personnes, il y en a un qui lit, un qui opine, deux qui causent, un qui dort et un qui s'amuse à lire quelque dictionnaire qui est sur la table »
L'Académie n'a publiée qu'une seule Grammaire en 1932. Ayant fait l'objet de vives critiques, notamment de la part du linguiste Ferdinand Brunot, l'institution n'en a plus rédigé d'autre depuis.
De nos jours, l'académie travaille à la neuvième édition de son dictionnaire. La rédaction n'est pas réalisée par les académiciens eux-mêmes, mais par des agrégés de lettres dont l'identité n'est pas connue par le public. L'actualité de ses définitions est remise en cause : par exemple, la première acception du mot mariage reste « Union légitime d’un homme et d’une femme ».
L’annonce de la candidature de Valéry Giscard d'Estaing en 2003 suscite une opposition de Maurice Druon et de plusieurs membres de l’Académie, parmi lesquels Angelo Rinaldi, Erik Orsenna et Pierre Messmer. Druon écrit un article virulent dans Le Figaro littéraire, où il souligne que jamais un ancien protecteur de l'Académie n'a osé être candidat sous la Coupole, et estime que la politique ne doit pas envahir l'Académie, que les gaullistes n'ont toujours pas digéré l'attitude de Giscard lors du référendum de 1969, et que Giscard n'est pas un écrivain. Giscard d’Estaing est néanmoins élu dès le premier tour, avec 19 voix sur 34,.
L'élection d'Alain Finkielkraut en 2014 divise les académiciens et soulève l'opposition de huit d'entre eux, qui barrent leur bulletin d'une croix. Il est cependant élu dès le premier tour avec 16 voix sur 28, avec 8 bulletins barrés, signe de désaveu rare,. Il succède à Félicien Marceau, dont l'élection avait provoqué la démission d'un autre académicien, Pierre Emmanuel, qui entendait protester contre l'arrivée de cet écrivain sur lequel avaient pesé des soupçons de collaboration avec l'occupant allemand dans les dernières années de la guerre dans son pays d'origine, la Belgique. Condamné par contumace en Belgique en 1946, sa condamnation fut estimée injustifiée par le général de Gaulle qui lui accorda donc la nationalité française en 1959.
Il existe une longue tradition de critique à l'égard de l'institution, souvent portée par des membres du 41e fauteuil. L'un des pamphlets les plus vitriolés contre l'Académie française est « L'Académie sans candidats » de Barbey d'Aurevilly, écrit en 1893.
L'Académie est critiquée, en France comme à l'étranger, pour son manque de compétence linguistique (elle n’a plus eu aucun membre linguiste depuis la mort de Gaston Paris en 1903) ainsi que pour son manque de représentativité,,.
L'Académie dément être une institution normative, mais plutôt le « greffier de l'usage »,. Marc Wilmet, linguiste belge et membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, estime néanmoins qu'à partir du moment où les usages non normés sont délégitimés par les locuteurs et institutions qui se réfèrent à l'Académie, ils sont conditionnés de fait par cette dernière. À titre d’exemple, les articles libellés « emplois fautifs », comme en 2020, quand, alors que le monde francophone parle unanimement du Covid au masculin, l’Académie fait valoir qu’il serait « préférable » de dire la Covid.
Dans un entretien donné en à la revue socialiste Ballast, Maria Candea, professeur de sociolinguistique à l'université Sorbonne Nouvelle et co-autrice du livre L'Académie contre la langue française, ne reconnaît aux académiciens ni légitimité ni compétence linguistique. En , la même revue publie une tribune signée par 77 linguistes intitulée « Que l’Académie tienne sa langue, pas la nôtre », remettant en cause la légitimité des avis de l’Académie sur la langue, et en particulier son texte décrivant l'écriture inclusive comme un « péril mortel », qualifié de « désinformation ». La tribune affirme que la langue doit devenir « un objet de réflexion collective » et que le débat doit être ouvert à tous les locuteurs et non à la seule Académie,,. Celle-ci, par ailleurs, d'après les notices biographiques de ses membres, publiées sur son site, ne compte, en juin 2024, qu'un seul membre titulaire d'un diplôme de philologie. Il s'agit paradoxalement d'Andreï Makine, qui n'est pas né Français mais Russe.
Un rapport de la Cour des comptes en 2015 pointe une « gestion du patrimoine peu rigoureuse » et un « fonctionnement interne marqué par des dérives », ainsi que d'une enquête publiée en 2014 par le journaliste Daniel Garcia,, celle-ci étant mise à jour en 2016. La Cour des comptes signale une politique salariale « opaque » et « non encadrée », un riche patrimoine (le château et la forêt de Chantilly, le musée Jacquemart-André et le musée Marmottan à Paris, la maison et les jardins de Claude Monet à Giverny, la villa Kérylos et la villa Ephrussi de Rothschild sur la Côte d’Azur, le château de Langeais, l’abbaye de Chaalis, la galerie Vivienne à Paris, composée de trente boutiques de luxe en rez-de-chaussée et deux cents appartements dans les étages, La Mer de Sable, et de nombreux immeubles anonymes), plus de 10 000 m2 de locaux habitables gérés selon son bon vouloir. Son patrimoine dormant est estimé à plus 1,1 milliard d’euros par Daniel Garcia.
L'Académie française est critiquée par la Cour des comptes :
Si la convention qui couvre les années 2012 et 2013 fait allusion de manière extrêmement sommaire aux missions des six institutions bénéficiaires de l’aide ministérielle, aucun objectif n’est assigné en contrepartie des sommes allouées et les engagements exigés sont pour le moins minimalistes, l’Institut de France et les académies s’engageant pour l’essentiel à poursuivre l’amélioration de leur gestion conformément aux observations de la Cour. Aucun indicateur de performance n’est proposé pour juger de la mise en œuvre de la convention, laquelle est loin de présenter les caractéristiques d’un contrat d’objectifs et de performance, comme ceux qui lient l’État à ses opérateurs, qualité que l’Institut et les académies ont perdue en 2011.