Orichalque

Apparence déplacer vers la barre latérale masquer Lingots d'« oricalco » exposés au musée de Gela en Sicile, Italie (2017).

L’orichalque (en grec ancien ὀρείχαλκος / oreíkhalkos, littéralement « cuivre des montagnes », de ὄρος / óros, « montagne », et χαλκός / khalkós, « cuivre ») est un métal ou alliage métallique légendaire.

Sous la Rome antique, le mot renvoie principalement à un alliage de cuivre et de zinc, c’est-à-dire le laiton. Cet alliage méconnu a ressurgi dans la tradition des alchimistes et la culture des jeux vidéos, considéré comme un élément central pour l'élaboration de la pierre philosophale. Comme l'explique Victor, co-auteur du Petit Larousse : « c'est désormais un concept qui perd de son ésotérisme et qui est connu par tous ».

L’orichalque dans les textes antiques

Le terme est employé par les auteurs archaïques comme celui du Bouclier d'Héraclès (122, v. VIe siècle av. J.-C.), souvent attribué à Hésiode :

« Ayant ainsi parlé, mit autour de ses jambes les cnémides d’orichalque éclatant, présent de l'illustre Héphaïstos. »

On le trouve également dans le second Hymne homérique à Aphrodite (v. 630 av. J.-C.), en parlant des boucles d’oreille de la déesse (IV, 9). Les auteurs classiques eux-mêmes ignoraient de quoi il s'agissait.

Plus tard, le mot a été appliqué tour à tour au cuivre pur, au laiton (alliage de cuivre et de zinc) et au bronze (alliage de cuivre et d’étain).

Dans le Critias (114e), Platon le décrit comme un métal utilisé couramment par les Atlantes, habitants de la légendaire Atlantide :

« L’île fournissait la plupart des choses nécessaires à la vie. D’abord, tous les métaux, durs ou malléables, extraits du sol par le travail de la mine, sans parler de celui dont il ne subsiste aujourd’hui que le nom, mais dont en ce temps-là il y avait plus que le nom, de cette espèce qu’on extrayait de la terre en maints endroits de l’île, l’orichalque. C'était alors le métal le plus précieux après l’or. »

La description des murs entourant les divers cercles concentriques formant l’Atlantide permet d'affiner cette hiérarchie des métaux : l’enceinte extérieure est recouverte de bronze, l’enceinte intérieure d’étain, l’enceinte de l’acropole d’orichalque, et celle du temple de Poséidon d'or (116c).

L’orichalque se rencontre encore en deux autres endroits de l’île. Ainsi, les voûtes chryséléphantines du temple dédié à Poséidon sont incrustées d’argent et d’orichalque, alors que le pavement et les colonnes sont couvertes d’orichalque seul (116d). Enfin, la loi transmise par Poséidon a été gravée par les premiers rois sur une colonne de ce métal, située au centre de l’île dans le sanctuaire du dieu (119d).

Sesterce de Néron en orichalque, trouvé à Lyon et daté de 65 après J. C.

Ce mystérieux métal brille, dit Platon d’« un éclat de feu » (πυρώδης / purốdês), ce qui peut laisser penser qu’il pouvait s’agir d'un alliage à base de cuivre ou d’or. Cependant, Platon présente l'orichalque non comme un alliage mais comme un métal à part entière, extrait de la terre, ce qui peut plaider pour l'hypothèse du platine, métal précieux et brillant, proche de l'or dans le tableau des éléments, et dont on trouve notamment des gisements en Amérique centrale et du Nord, au Groënland et dans le grand Nord russe.

Dioscoride, un médecin grec, fournit, dans les années 60 ou 70 de notre ère, d'intéressantes précisions sur les plantes et médications utilisées à son époque. Il mentionne notamment une poudre blanche obtenue par calcination de certaines pierres servant à la production de l'orichalque, un alliage jaune à base de cuivre.

Chez les Romains, l'orichalque désigne ordinairement le laiton, alliage employé sous l'Empire pour la frappe du sesterce.

Pour Pline l'Ancien, l'orichalque (aurichalcum) était un minerai qui existait à l'état natif et duquel était extrait du cuivre. Selon ses dires, c'était le minerai le plus réputé et le meilleur pour cet usage. Toujours selon Pline, les filons d'orichalque étaient épuisés à son époque (Ier siècle).

Découvertes récentes

En février 2017, deux casques corinthiens, des amphores et 47 lingots ont été récupérés au large de Bulâla, sur la côte méridionale de la Sicile (Italie). Cette découverte est à mettre au crédit d'une équipe de plongeurs du département aéronaval de la Garde des Finances de Palerme, associés à des unités de la Surintendance à la Mer.

Au début de janvier 2015, 39 lingots de métal en forme de bâtonnet, ont été découverts par Sebastiano Tusa et une équipe d'archéologues, à environ 300 mètres de la côte de la ville de Gela, au sud de la Sicile, à une profondeur d'environ 3 mètres, dans l'épave d'un bateau marchand coulé à la fin du VIe siècle alors qu'il arrivait au port, probablement lors d'une tempête. Les lingots avaient probablement pour destination la ville de Gela, mais leur provenance est plus incertaine, peut-être la Grèce ou l'Asie mineure.

Les lingots ont été analysés par spectrométrie de fluorescence X par Dario Panetta, et se sont avérés composés d'un alliage fait de 75 à 80 % de cuivre, 15 à 20 % de zinc et de faibles pourcentages de nickel, plomb et de fer. Sebastiano Tusa a proposé le rapprochement avec l'orichalque. En effet, la composition de ces lingots se rapproche de celle évoquée dans certaines hypothèses scientifiques basées sur les descriptions concises et peu précises de l'orichalque dans les textes antiques qui nous sont parvenus,,.

En joaillerie, la collaboration entre des chercheurs (professeur Van Humbeeck de l’Université de Louvain) et une maison de joaillerie belge (Maison Holemans) ont permis de développer des bijoux à mémoire de forme (serrer ou desserrer) au contact de la peau, capables de se mouvoir. Le métal utilisé est appelé orichalque par ses inventeurs, et il est essentiellement constitué de titane, mais aussi d'or et de platine,.

Dans la culture populaire

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L'orichalque a été beaucoup utilisé par les auteurs de fiction, en premier lieu en rapport avec le mythe de l’Atlantide, au travers de romans.

Au XXe siècle, de manière de plus en plus déconnectée du mythe de l’Atlantide, de nombreux romans, bandes dessinées, jeux de rôle, films et jeux vidéo de fantasy ou de science-fiction mentionnent l’orichalque comme l'un des métaux les plus précieux de leur univers imaginaire, avec le mithril inventé par Tolkien.

Littérature

Bandes-dessinées

Dessins animés

Mangas

Jeux vidéo

Jeux de rôle

Notes et références

  1. Éditions Larousse, « Définitions : orichalque - Dictionnaire de français Larousse », sur larousse.fr (consulté le 28 juillet 2022).
  2. Serge Hutin, « La tradition alchimique ».
  3. Traduction de Paul Mazon pour les Belles Lettres.
  4. Traduction de Jean-François Pradeau pour les Belles Lettres.
  5. Felice VINCI (trad. de l'italien), Homère dans la Baltique. Les origines nordiques de l'Odyssée et de l'Iliade, Paris, Editions Astrée, 2016, 451 p. (ISBN 979-10-91815-16-1), p. 427-428.
  6. Histoire naturelle , XXXIV, 2.
  7. « De nouveaux lingots d'orichalque trouvés au large de la Sicile », sur Science et avenir, 15 février 2017 (consulté le 16 février 2017).
  8. (en) « Atlantis' Legendary Metal Found in Shipwreck », sur news.discovery.com, 6 janvier 2015 (consulté le 23 janvier 2015).
  9. (es) « Hallan 39 lingotes de oricalco, un metal legendario descrito por Platón en 'La Atlántida' », sur Blastingnews.com, 31 décembre 2014 (consulté le 23 janvier 2015).
  10. (en) « Unusual Metal Recovered from Ancient Greek Shipwreck », sur archaeology.org, 7 janvier 2015 (consulté le 23 janvier 2015).
  11. Pierre De Vuyst, « Un collier vivant! », sur DHnet, 8 août 2023 (consulté le 9 août 2023).
  12. Pierre De Vuyst, « La Princesse et l'orichalque », sur DHnet, 13 juin 2023 (consulté le 13 juin 2023).
  13. Francesco Colonna, « Le Songe de Poliphile, ou Hypnérotomachie de frère Francesco Colonna, littéralement traduit pour la première fois, avec une introduction et des notes, par Claudius Popelin,1883. lire en ligne », sur gallica.bnf.fr.
  14. La négresse blonde, Ed. José Corti, 1948, Réédition du recueil original, Ed. Albert Messein, Paris, 1909. ; (lire en ligne) sur poussiere-virtuelle.com,17 décembre 2018.
  15. « Objets divers — SaintSeiyaPedia », sur www.saintseiyapedia.com (consulté le 7 juin 2024)

Voir aussi

Articles connexes

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