Mythologies (recueil)

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Mythologies (recueil)
Auteur Roland Barthes
Genre Recueil philosophique
Version originale
Langue Français
Version française
Éditeur Éditions du Seuil
Date de parution 1957

Mythologies est un recueil de 53 textes rédigés par Roland Barthes entre 1954 et 1956 au fil des mois et au gré de l'actualité, publié aux éditions du Seuil en 1957.

Dans l'avant-propos, Barthes précise son projet :

« Le matériel de cette réflexion a pu être très varié (un article de presse, une photographie d'hebdomadaire, un film, un spectacle, une exposition), et le sujet très arbitraire : il s'agissait évidemment de mon actualité. »

L'analyse emprunte à la sémiologie, mais aussi à l'observation sociologique. Cet essai a exercé une certaine influence sur des journalistes et écrivains de langue française, par exemple Georges Perec et Jérôme Garcin. Il a été traduit en anglais dans les années 1970, sous le titre de The Eiffel Tower and Other Mythologies (1979), par Richard Howard.

Résumé

Le catalogue des mythes contient un certain nombre de sujets qui peuvent être groupés soit par thème, soit par la forme du message qui véhicule le mythe lui-même.

Les mythes par genre

Classement par nombre d'occurrences (certains mythes sont comptés plusieurs fois, par la nature même de leur mythe) :

Le mythe chez Roland Barthes

En septembre 1956, Roland Barthes écrit un texte intitulé « Le mythe, aujourd'hui » et qui constitue le deuxième volet de Mythologies dans lequel il analyse le phénomène même du mythe. En ouverture, Roland Barthes y définit le mythe (en accord avec l'étymologie) :

« Le mythe est une parole ».
Il précise par la suite :
« Le mythe est un système de communication, c'est un message. »

Ce texte permet à Barthes d'exposer sa vision du mythe et, ainsi, de mettre en perspective sa vision mythologique de l'actualité en exposant aux yeux de tous sa grille d'analyse. Le texte se décompose en onze parties :

Le mythe, pour Barthes, est un outil de l'idéologie. Il réalise les croyances, dont la doxa est le système, dans le discours : le mythe est un signe. Son signifié est un idéologème, son signifiant peut être n'importe quoi : « Chaque objet du monde peut passer d'une existence fermée, muette, à un état oral, ouvert à l'appropriation de la société. »

Dans le mythe, écrit Barthes, la chaîne sémiologique « signifiant/signifié = signe » est doublée. Le mythe se constitue à partir d'une chaîne préexistante : le signe de la première chaîne devient le signifiant du second. Barthes donne l'exemple d'une phrase figurant comme exemple dans une grammaire : c'est un signe composé de signifiant et signifié, mais qui devient dans son contexte de grammaire un nouveau signifiant dont le signifié est « je suis ici comme exemple d'une règle grammaticale. »

Un exemple purement idéologique dans ce recueil est la photo d'un soldat noir regardant le drapeau national, où le signe dans son ensemble devient le signifiant du mythe de l'adhésion des populations colonisées à l'Empire français.

En dernière analyse, la doxa propagée par le mythe, pour Barthes, est l'image que la bourgeoisie se fait du monde et qu'elle impose au monde. La stratégie bourgeoise est de remplir le monde entier de sa culture et de sa morale, en faisant oublier son propre statut de classe historique :

« Le statut de la bourgeoisie est particulier, historique : l'homme qu'elle représente sera universel, éternel ; Enfin, l'idée première du monde perfectible, mobile, produira l'image renversée d'une humanité immuable, définie par une identité infiniment recommencée. »

Liste des mythes

Pour chaque mythe, la première et la dernière phrase du texte sont proposées.

Le reportage sur Fiévet Bichon a paru dans le Paris Match, n° 305 du 29 janvier 1955. L'article s'ouvre de la sorte : « Bichon, le plus jeune explorateur du monde, a aujourd'hui deux ans. C'est exactement le temps qu'a duré sa première expédition. Ce petit blanc est né chez les Noirs, du Nigeria. Ses parents Maurice et Jeanette Fièvet, tous deux professeurs, avaient décidé d'explorer, la palette à la main, les régions les plus primitives de l'Afrique noire,. »

Est joint à la fin du texte un lexique des mythologies individuelles des coureurs, y figurent : Jean Bobet, Louison Bobet, Brankart, Coletto, Coppi, Darrigade, De Groot, Gaul, Geminiani, Hassenforder, Koblet, Ferdi Kübler, Lauredi, Molineris, Antonin Rolland.

« La grande famille des hommes » est une exposition présentée à Paris, réalisée pour le MoMA de New York avec, comme commissaire d'exposition Edward Steichen ; son titre anglais était « The Family of Man ».

Continuateurs

Le sémioticien belge Jean-Marie Klinkenberg a publié de Petites mythologies belges (2003 ; rééditions augmentées en 2009 et 2013, puis en format de poche en 2018). Il a ensuite co-écrit, avec Laurent Demoulin, Petites mythologies liégeoises (2016).

Sur cette lancée, leurs concitoyens Jan Baetens et Karel Vanhaesebrouck ont publié en 2014 Kleine Vlaamse mythologieën (Petites mythologies flamandes).

L'éditorialiste français Jérôme Garcin a dirigé la publication des Nouvelles mythologies (2007), rédigées par divers auteurs, journalistes et éditorialistes, pour célébrer les 50 ans de la parution du recueil de Barthes.

Au Québec, Sarah-Louise Pelletier-Morin a dirigé un hommage québécois aux "Mythologies" de Roland Barthes, auquel ont contribué trente-cinq essayistes, intitulé les "Mythologies québécoises" (2021).

Notes

  1. Rédaction en 1954 de « Le monde où l'on catche ». Erreur de Barthes qui retient 1954. Selon Éric Marty, Les nouveaux chemins de la connaissance, 18 janvier 2010.
  2. Barthes 1957 : 216.
  3. Barthes 1957 : 222-223.
  4. Barthes 1957 : 250-251.
  5. Paris Match, n° 305 daté 29 janvier 1955, page 34.
  6. Son histoire a été reprise 5 ans plus tard en deux épisodes dans les numéros 589 et 590 datés du 23 et 30 juillet 1960.
  7. (en) Mythologies 1957.
  8. La coquille est dans l'édition imprimée.
  9. (en) « Mythologies québécoises | Groupe Nota bene », sur www.groupenotabene.com (consulté le 13 juin 2023)

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