Jean le Presbytre

Jean le Presbytre est un personnage mentionné par Papias et Eusèbe de Césarée et qui serait à l'origine de la communauté johannique d'Éphèse. Eusèbe, se faisant l’écho de traditions anciennes, distingue deux « Jean » : Jean l'apôtre (fils de Zébédée), et Jean le Presbytre (l'« Ancien »), mentionné dans les épîtres. Certains exégètes ont fait de Jean le Presbytre l'auteur de l'évangile selon Jean, mais cette hypothèse n'a plus cours. Il aurait vécu entre l'an 50 et l'an 100 de notre ère et ne serait donc pas un apôtre ni un témoin de la Crucifixion, vers l'année 30 de notre ère.

L'auteur du quatrième évangile et des épîtres ?

Différents exégètes ont soutenu la thèse de l'identification de l'auteur du quatrième évangile avec Jean le Presbytre, et non avec l'apôtre Jean, fils de Zébédée. Selon Jean Colson, Jean aurait été en sa jeunesse un jeune et riche patricien habitant Jérusalem. Depuis, cette thèse a été reprise par Oscar Cullmann, François Le Quéré, Joseph A. Grassi, James H. Charlesworth, Xavier Léon-Dufour. Il habitait Jérusalem.

Les anciennes traditions ecclésiales

Analyse des textes

Jean le Presbytre, auteur de l'Apocalypse ?

Contestation de l'attribution au presbytre Jean

Des arguments ont été avancés pour attribuer les écrits johanniques au fils de Zébédée et contester l'attribution à un presbytre Jean, distinct de ce dernier, et figure emblématique de la communauté johannique à l'origine de la rédaction du quatrième évangile.

Fin de vie de Jean le Presbytre

Le disciple bien-aimé a fini sa vie au début du IIe siècle. La question de savoir si les événements que l'on connaît à ce propos se rattachent à Jean l'Apôtre ou à Jean le Presbytre recoupe celle de l'identité de l'auteur du quatrième évangile. Irénée précise que Jean est mort très âgé sous le règne de Trajan (98-117).

Irénée ne parle d'ailleurs pas d’un apôtre, mais d’un «témoin authentique de la tradition des apôtres». Clément d’Alexandrie précise que Jean, d’abord exilé de l’île de Patmos (où il aurait écrit l'Apocalypse), attendit la disparition de Domitien, mort en 96, pour revenir à Éphèse, avec l'autorisation de l'empereur Nerva. Il quitta Patmos, au grand regret de ses habitants, qu'il avait convertis en très grand nombre, selon le commentateur grec Victorin de Pettau (IIIe siècle). De là, il rayonna dans la région, invité par les églises locales, " tantôt pour y établir des évêques, tantôt pour y organiser des églises complètes, tantôt pour choisir comme clerc un de ceux qui étaient désignés par l’Esprit."

Selon Irénée de Lyon, Jean publia alors son livre, pour contrer les erreurs propagées par Cérinthe et les Nicolaïtes. C'est à Éphèse, ville où il compose ses trois Épîtres et le quatrième Évangile (dont la plus ancienne trace est le Papyrus P52), en l'an 97), qu'il serait mort en l'an 101, à l'âge de 98 ans, alors qu’il travaillait encore sur ses textes. Après sa disparition, un de ses proches édita la version définitive, ajoutant des notes ou variantes de discours trouvés dans ses papyrus, expliquant plusieurs répétitions et absences de suture. Il serait enterré à Selçuk, près d'Éphèse, où il existait une basilique Saint-Jean, hélas aujourd'hui en ruines.

Notes et références

Notes

  1. Cette appellation pourrait également être donnée à chacun des Douze en tant que pontifes institués le jeudi saint, lors de la dernière Cène de Jésus.
  2. Cet argument de nature religieuse est recevable pour les croyants.

Références

  1. Jean Colson, L’Énigme du disciple que Jésus aimait, Paris, Beauchesne, 1969.
  2. Oscar Cullmann, Le Milieu johannique, étude sur l’origine de l’évangile de Jean, Neuchâtel-Paris, Delachaux et Niestlé, 1976.
  3. François Le Quéré, Recherches sur saint Jean, F.-X. de Guibert, 1994.
  4. J.A. Grassi, The Secret Identity of the Beloved Disciple, New York, Paulist, 1992.
  5. J.H. Charlesworth, The Beloved Disciple, Valley Forge, Trinity, 1995.
  6. Xavier Léon-Dufour, Lecture de l’Evangile selon Jean, Paris, Seuil.
  7. Eusèbe, Histoire ecclésiastique, III, 39, 4.
  8. Jean-Christian Petitfils, Jésus, éd. Fayard, décembre 2011, p. 24.
  9. Irénée, Contre les hérésies, III, 1, 2.
  10. Mc 10. 35-40
  11. Marie-Émile Boismard, « Le Martyre de Jean l'apôtre », Paris, éd. Gabalda, coll. Cahiers de la Revue biblique, no 35, 1996.
  12. Ga 2. 9
  13. Matthieu, 20, 28 & Marc, 10, 35-45.
  14. Deuxième et troisième épîtres de Jean, chapitre 1.
  15. Jean-Christian Petitfils, Jésus, éd. Fayard, 2011, p. 525-526.
  16. Jean-Christian Petitfils, Jésus, éd. Fayard, décembre 2011, p. 25.
  17. Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd. Bayard, 2011, p. 859.
  18. Paulin Poucouta, « L'Apocalypse johannique », dans Michel Quesnel et Paul Gruson (dirs.), La Bible et sa culture, éd. Desclée de Brouwere, 2001, vol. II, p. 461.
  19. Martin Hengel, Die johanneische Frage. Ein Lösungsversuch. Mit einem Beitrag zur Apokalypse von Jörg Frey (WUNT 67), J.C.B. Möhr, Tübingen 1993, p. 96-107.
  20. R. Brown, La mort du Messie, p. 670.
  21. Mt 20,20-28 ; Mc 10,35-40.
  22. Thomas d'Aquin "Catena Aurea" Explication suivie sur l'Évangile de Saint Matthieu 20,20-28 ; Explication suivie sur l'Évangile de Saint Marc 10,35-40.
  23. Irénée, Contre les hérésies, III, 11, 1.
  24. Jean-Christian Petitfils, Jésus, éd. Fayard, 2011, p. 534 et 627.