Directeur Conservatoire à rayonnement régional de Lyon | |
---|---|
1921-1924 | |
Marie-Emmanuel-Augustin SavardGeorges Martin Witkowski |
Naissance |
28 septembre 1870 Blâmont |
---|---|
Décès |
17 août 1958 (à 87 ans) Neuilly-sur-Seine |
Sépulture | Cimetière parisien de Bagneux |
Nationalité | française |
Formation | Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris |
Activités | Compositeur, musicologue, critique musical |
A travaillé pour | Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris |
---|---|
Membre de |
Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique (1932) Académie des beaux-arts (1936) |
Mouvement | Musique classique |
Maître |
Jules Massenet, Gabriel Fauré |
Genres artistiques | Symphonie, opéra |
Distinction |
Commandeur de la Légion d'honneur Académie des beaux-arts, Académie royale de Belgique |
Archives conservées par | University of Victoria Special Collections and University Archives (d) (SC297) |
Florent Schmitt est un compositeur français, né le 28 septembre 1870 à Blâmont et mort le 17 août 1958 à Neuilly-sur-Seine.
Florent Schmitt étudia à Nancy puis au Conservatoire de Paris où il fut élève de Massenet et Fauré. En 1900, après 3 tentatives, il reçut le Premier Grand Prix de Rome pour sa cantate Sémiramis. En 1904, Schmitt acheva son grandiose et tonitruant Psaume XLVII, qui lui valut le succès lors de sa création. Pour Norbert Dufourcq, « l’apparition en 1906 du Psaume XLVII a été l’événement le plus important de la musique française depuis Pelléas. » L’humour vache du Sanglier des Ardennes (son surnom), libre et franc voire rude, et sa facétie à la Satie, avec qui il était ami, s’exprimaient aussi en titres mystificateurs : Suite en rocaille, Çançunik, Suite sans esprit de suite, Fonctionnaire MCMXII inaction musicale, Sonate libre en deux parties enchaînées, Habeyssée, etc.
Présent à Toul en 1915, il fait l'objet d'un portrait cubiste par Albert Gleizes intitulé Le Chant de guerre.
Marqué dans sa jeunesse par les mouvements symboliste et impressionniste autant que par Chopin, il développa une esthétique opulente, appuyée sur un savant contrepoint. L’emploi d’effets de percussion primitive l’apparente avant la lettre aux recherches de la musique russe moderne. Son art sans demi-teinte fut à l’image de son caractère dont l’esprit caustique n’excluait nullement la bienveillance. En 1924 la création à l’Opéra du ballet Le Petit Elfe ferme-l’œil révéla un délicieux peintre de l’enfance tandis qu’Antoine et Cléopâtre (1920), Salammbô (1925) et le somptueux Oriane et le Prince d’Amour (1938) consacraient l’orientaliste inspiré et le symphoniste héritier des classiques purs. Membre du cercle des Apaches, Schmitt fut cofondateur en 1909 de la Société musicale indépendante avec Maurice Ravel, Gabriel Fauré, Émile Vuillermoz, Louis Aubert, Charles Koechlin, et Jean Huré.
Edouard Herriot fit appel à lui pour remplacer Augustin Savard au conservatoire de Lyon. Il en fut le directeur de 1921 à 1924, avec notamment pour élève César Geoffray.
Il fut aussi chroniqueur du journal Le Temps de 1929 à 1939.
Personnalité assez rude, indépendante, ennemie des dogmes et des systèmes, avec une fécondité rare favorisée par sa longue vie, il composa dans tous les domaines, excepté l’opéra. Sa musique vigoureuse, caractérisée par un dynamisme rythmique et une ligne mélodique sensuelle, possède un langage harmonique riche et suave d’inspiration aussi bien classique que romantique. L’exotisme apprécié à l’époque se ressent dans plusieurs de ses compositions, telles le lyrique poème symphonique La Tragédie de Salomé, dédié à Igor Stravinsky et honoré par Diaghilev. Ces deux œuvres furent les plus appréciées avec son Quintette pour piano et cordes qui recueillit l’admiration, entre autres, d’un Georges Enesco. Sa Deuxième Symphonie fut créée par Charles Munch quelques semaines avant sa mort.
Florent Schmitt fut nommé membre de l’Académie des beaux-arts en 1936, reçut le Grand Prix musical de la ville de Paris en 1957. Mais cet artiste majeur du XXe siècle qui a laissé une œuvre monumentale est aujourd’hui encore méconnu du grand public français. Sa grande indépendance et son faible attachement à la renommée et aux suiveurs de modes n'y sont pas étrangers. Aujourd’hui on peut considérer qu’il a fortement marqué l’histoire de la musique française de la première moitié du XXe siècle, au même titre que Debussy, Ravel et Roussel. Il est reconnu comme « l’un des piliers du répertoire musical pour le quatuor de saxophones ».
Il est enterré au cimetière parisien de Bagneux.
Son frère, Henri, né le 28 août 1873, fut aussi organiste, critique musical et compositeur.
En dehors de son activité musicale, Florent Schmitt est aussi connu pour ses positions favorables à l’Allemagne nazie dans les années trente. L’épisode le plus connu de cette controverse est le concert parisien du 26 novembre 1933, qui avait au programme trois extraits d’une opérette de Kurt Weill, compositeur juif allemand exilé, et face auquel Schmitt a lancé depuis les rangs du public « Vive Hitler ». Ces propos sont rapportés par Robert Brasillach, puis cités par Lucien Rebatet, deux journalistes qui se marqueront en 1940-1944 par leur participation à la politique collaborationniste. Selon Rebatet, Schmitt aurait ajouté « Nous avons déjà assez de mauvais musiciens pour avoir à accueillir les juifs allemands »,. Si on peut objecter que la politique antisémite d'Hitler n'était pas encore tout à fait en 1933 ce qu'elle devint à partir de la Nuit de Cristal en 1938 puis de la seconde guerre mondiale, cet épisode n'a pourtant pas donné lieu à une clarification publique ultérieurement.
La vie tout entière de Florent Schmitt est rythmée par les voyages qui s’inscrivent dans le cadre de son activité musicale : Italie, Suisse, Autriche, Espagne, Maroc, Grèce, Turquie, Orient. Parmi ses voyages, il s’est aussi rendu en Allemagne pendant les années trente puis sous l’Occupation, où il a été membre de la Section musicale du Comité France–Allemagne, créé en 1935. Il a assisté à une réunion de musiciens français et allemands organisée à Vienne en décembre 1941 pour rendre hommage à Mozart, et a été le coprésident d’honneur de la Section musicale du Groupe Collaboration à partir de décembre 1941.
À la Libération, pour avoir prêté son nom au Groupe Collaboration, il vit engager à son encontre des poursuites judiciaires pour indignité nationale par Joseph-Eugène Szyfer de la section Musique du Comité d’épuration. Cependant, après enquête, comme il s'est toujours positionné d’un point de vue musical, ces poursuites ont été classées sans suite. Toutefois, il a été condamné dans le cadre de l’épuration professionnelle : le 7 janvier 1946 le Comité national d’épuration des gens de lettres, auteurs et compositeurs a prononcé contre lui et pour un an une peine d’interdiction d’éditer ou de faire jouer ses œuvres, interdiction partant du 1er octobre 1944.
Florent Schmitt expliqua son voyage en Allemagne par la volonté de revoir son fils resté prisonnier dans le Stalag XXIII de Pirmasens depuis juin 1940. Il justifia son appartenance au Groupe Collaboration par son souci de défendre la musique française, et souligna son absence d’implication politique dans le groupe. Dans les faits sa position lui aura permis de signer des pétitions en faveur de musiciens israélites tels que la cantatrice Madeleine Grey, le pianiste François Lang, le compositeur Fernand Ochsé, ou de soutenir ses amis Paul Dukas, Alexandre Tansman ou Arnold Schönberg qu’il appréciait et défendait vigoureusement.
Bien que le compositeur fût honoré à plusieurs reprises après la guerre (voir rubrique « Honneurs »), l'exhumation de son passé controversé en 1996 provoqua de nombreuses réactions, dont le changement de nom d'un lycée portant son nom à Saint-Cloud. La salle de concerts du conservatoire à rayonnement régional de Nancy lui avait été dédiée, mais à la suite de polémiques la communauté urbaine prit la décision de la débaptiser.
Le lycée Florent-Schmitt à Saint-Cloud porta son nom de 1968 à 2005. Mais il a été rebaptisé Alexandre Dumas après le développement d'une polémique lancée en 1996 par les enseignants de l'établissement au sujet de ses sympathies, connues mais oubliées, envers l'Allemagne nazie et son antisémitisme,.