Déprise agricole

Vignes à l'abandon dans le Loir-et-Cher.

La notion de déprise agricole décrit tout abandon (définitif ou pour une longue période) de l'activité de culture ou d'élevage dans un territoire, contrairement à la jachère traditionnelle qui n'est qu'un temps provisoire de repos pour le sol.

La déprise agricole désigne le phénomène souvent conjoint :

Territoires les plus concernés par la déprise agricole

Ce sont généralement :

Les territoires qui ne sont plus cultivés ou ne sont plus utilisés par les éleveurs sont rapidement gagnés par la friche, le fourré ou la lande, puis progressivement par des mosaïques de milieux enherbés et boisés, avant que les boisement n'évoluent vers la forêt (climacique), en passant par un stade fortement enrésiné à cause des propagules venues des nombreux boisements de conifères artificiellement plantés en zones de déprise, pour leur rentabilité rapide ou parce que longtemps subventionnés par le fonds forestiers national. Il ne s'agit pas véritablement d'une retour à la naturalité potentielle, ni à la forêt climacique, car :

Ceci est la cause d'apparition de boisements très homogènes, d'une même classe d'âge (dans un premier temps au moins), pauvre en clairières et en mosaïque de sous-habitats, c'est-à-dire bien moins favorable à une haute biodiversité que la forêt naturelle potentielle. La friche qui suit la déprise agricole est parfois bien plus pauvre qu'un agroécosystème bocager idéal, mais elle reste bien plus riche en matière de biodiversité que des parcelles d'agriculture intensive, ce pourquoi certains auteurs dont François Terrasson plaident en faveur d'une réhabilitation de la « friche » en tant que première étape de la résilience écologique. Dans tous ses ouvrages cet auteur interroge ses lecteurs sur le pourquoi de la connotation négative presque toujours associée à cette notion de friche qu'il attribue à une « peur de la nature » qui nous animerait tous (inconsciemment au moins).

En France

Une analyse de l'IFEN de données récoltées en 8 ans (de 1984 à 1992) sur une zone-test franc-comtoise a montré que la déprise agricole, la spécialisation des cultures et l'artificialisation du territoire se faisaient surtout au détriment des espaces complexes et diversifiés (les plus favorables à la biodiversité et importants pour la richesse paysagère).

En France, cette notion est très présente des années 1970 à 1990 alors que les progrès de l'agriculture ont dopé la productivité dans les plaines et plateaux, tout en rendant moins rentable l'agriculture de montagne et basse montagne ; ainsi en 1990, 12 millions d'hectares ont été libérés de l'agriculture par des exploitants en partance, dont huit seulement repris par de nouveaux exploitants. Une politique de gel volontaire est demandée par exemple par G de Benoist, président des céréaliers de France en 1991 : il affirmait qu'il fallait volontairement geler 400 000 à 500 000 ha pour la fin 1991 afin de maintenir les prix agricoles, ou que la CEE imposerait un gel des terres (en plus des quotas, dont quotas laitiers visant à limiter l'effondrement des prix que risquait de produire la surproduction due à une forte augmentation de la productivité).

Articles connexes

Notes et références

  1. Alard D. (1990) La végétation pastorale de Normandie centrale Thèse de nouveau Régime, Biologie des organismes et des populations, Université de Rouen.
  2. Bulletin no 31, septembre 1997, intitulé « Une nouvelle image de la diversité des territoires en France : l'occupation des terres par canton »
  3. Fottorino (E.) 1991. http://www.persee.fr/articleAsPDF/noroi_0029-182x_1991_num_152_1_6398_t1_0462_0000_2/article_noroi_0029-182x_1991_num_152_1_6398_t1_0462_0000_2.pdf La France en friche] Ed Lieu commun ; (compte rendu par Geoffroy Bernard), in Norois, 1991, vol 152 no 1 ; p. 462-463