Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient | |
Insigne du CEFEO. | |
Création | 1945 |
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Dissolution | 28 avril 1956 |
Pays | Union française |
Guerres | Guerre d'Indochine |
Commandant historique | Général Leclerc Général de Lattre Général Salan |
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Le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) est une force des armées françaises prévue initialement pour combattre l'empire du Japon en Indochine française durant la Seconde Guerre mondiale, mais qui s'illustre surtout lors de la guerre d'Indochine contre le Việt Minh.
En juillet 1943, le Comité français de la Libération nationale d'Alger décide d'une participation des Forces françaises combattantes à la guerre du Pacifique avec, dans l'esprit du général de Gaulle, un double objectif : participer à la guerre contre le Japon aux côtés des Alliés et rétablir l'autorité de la France sur ses possessions indochinoises, que les Japonais avaient envahies partiellement en 1940, puis totalement en détruisant l'administration coloniale française lors du coup de force de 1945. Sa mise sur pied est laborieuse et la France manque d'équipements et de bateaux pour l'acheminement et doit faire appel à l'aide américaine.
En juin 1945, Leclerc est placé à la tête de ce corps expéditionnaire. Son prestige va être utilisé en France pour contribuer au recrutement de volontaires. Mais, la capitulation du Japon est annoncée le 15 août 1945 alors que ce corps expéditionnaire n'a pas encore quitté la France. Déjà, en métropole, certains se font écho des doutes sur les objectifs de ce corps expéditionnaire et des changements intervenus dans l'Empire français lors de la guerre. Ainsi, le journal Le Monde du 21 août 1945 indique-t-il que : « La France n'a pas été la dernière à constater que la politique coloniale ne pourrait être menée après la guerre dans les mêmes conditions qu'auparavant. »
L'affiche de recrutement des Forces expéditionnaires françaises d'Extrême-Orient (FEFEO) ne présente pas la campagne indochinoise comme une guerre coloniale, mais comme la poursuite de la libération du territoire français, faisant écho au « devoir de guerre » dont parlait le général de Gaulle dans son allocution du 25 août 1944 lors de la libération de Paris, seulement quelques mois plus tôt. Ainsi, les Français qui se sont portés volontaires pour le corps expéditionnaire pouvaient lire sur l'affiche en question : « Hier Strasbourg, demain Saïgon, engagez-vous dans les FEFEO » ; le héros national qu'était alors le général Leclerc des FFL y était représenté sur un char Sherman de la prestigieuse 2e DB.
L'empire du Japon annonce sa capitulation à la mi-août, prenant de court le gouvernement français et permettant en Indochine une prise de pouvoir par les indépendantistes vietnamiens. Leclerc, arrivé à Kandy (Sri Lanka) le 22 août pour préparer le débarquement de ses troupes, s'entend dire par Lord Mountbatten qu'en application des accords de Potsdam, Britanniques (au sud) et Chinois (au nord) pénètreront les premiers en Indochine. Leclerc demande à Charles de Gaulle d'obtenir que Harry Truman revienne sur cette décision, mais les États-Unis refusent, ne souhaitant pas, entre autres, mécontenter Tchang Kaï-chek. Les premiers éléments du corps expéditionnaire, le Corps léger d'intervention, arrivent en Indochine à la mi-septembre et participent, avec les Britanniques et les Chinois, au désarmement des troupes japonaises. Le gros des troupes du corps expéditionnaire ne peut débarquer que début octobre, notamment grâce à l'aide de la Royal Navy, Leclerc lui-même débarquant le 5 octobre. Le corps expéditionnaire est ensuite bientôt engagé dans des combats contre le Việt Minh, dans ce qui va devenir la guerre d'Indochine. Des commandos français de la DGER (constitués d'anciens participants à l'opération Jedburgh), parachutés par la Force 136 britannique, étaient toutefois déjà sur place depuis plusieurs mois, travaillant avec le concours de tribus montagnardes hmongs du Laos.
Le génocide des Hmongs qui se poursuit de nos jours, comme l'atteste le reportage de Grégoire Deniau en 2005 pour Envoyé Spécial, résulte de ce soutien apporté par les Hmongs à la France, d'abord contre les Japonais, puis contre le Viet minh, et enfin aux États-Unis, toujours contre le Viet minh (guerre civile laotienne et guerre du Viêt Nam).
L'appellation de corps expéditionnaire pour les troupes françaises dans le Sud-Viêt Nam va perdurer jusqu'au 28 avril 1956, jour de la liquidation et de la dissolution du corps expéditionnaire opérées par le général Jacquot.
En effet, bien que les accords de Genève soient signés en juillet 1954, marquant le cessez-le-feu officiel et la partition du Viêt Nam, l'évacuation des troupes françaises en Indochine n'est effective que le 28 avril 1956. Durant ce laps de temps, le corps expéditionnaire fort de plus de 100 000 hommes complète la formation de l'Armée nationale vietnamienne (créée en 1949), et dont les cadres sont majoritairement pro-français, à l'image de son chef, le général Nguyễn Văn Hinh, qui rejoindra la Légion étrangère en 1956. Les États-Unis, qui aidaient déjà matériellement les Français, prennent le relais du fait de la guerre du Viêt Nam.
La France et les États-Unis se livrent lors de cette période une lutte d'influence qui débouche sur une « guerre secrète » par services d'action interposés où les GCMA restent actifs (opération X).
Les tout derniers militaires français quittent Saïgon en mars 1958, soit environ un siècle après les débuts de la colonisation française en Indochine.
Le CEFEO a été constitué d'unités provenant de l'ensemble de l'Union française, aidées par les forces des États associés d'Indochine. En 1954, le CEFEO comprenaient 177 000 hommes dont 59 000 autochtones. Les soldats coloniaux représentaient une part très importante des effectifs. Entre 1947 et 1954, 122 900 Maghrébins et 60 340 Noirs d'Afrique débarquèrent en Indochine soit 183 240 Africains au total. Le 1er février 1954, ils représentaient 43,5 % des 127 785 hommes des Forces terrestres (autochtones non compris).
De septembre 1945 au cessez-le-feu en juillet 1954, 488 560 hommes et femmes débarquèrent en Indochine :
Auxquels, il faut ajouter environ 8 000 militaires déjà basés en Indochine en 1945, internés par les Japonais lors du coup de force du 9 mars 1945, non rapatriés après leur libération.
Au terme de quatre ans d'aide militaire américaine, il dispose en 1954 de 452 chars et chasseurs de chars, 1 985 voitures blindés, half-tracks et véhicules amphibies. Des trains blindés de la Légion étrangère sont mises sur pied à partir de 1948.
Voici l'évolution de l'armement du CEFEO :
Type d'armement | 1945 | 1947 | 1948 | 1950 | 1951 | 1954 |
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Scout-cars | 40 | 140 | 208 | 253 | 191 | 103 |
Automitrailleuses | 19 | 376 | 224 | 225 | 225 | 227 |
Chars | 47 | - | 21 | 26 | 104 | 204 |
Obusiers | 9 | 64 | 32 | 73 | 82 | 73 |
Half-tracks et Universal Carrier | 28 | 183 | 179 | 207 | 422 | 468 |
Vedettes | - | - | - | 36 | 42 | 80 |
Amphibies | - | - | - | 136 | 169 | 230 |
Total | 143 | 763 | 664 | 956 | 1 234 | 1 385 |
Le premier détachement français, constitué d'une compagnie du 5e RIC/CLI, débarque à Saigon le 12 septembre 1945, dans le cadre du Corps léger d'intervention, avec les troupes britanniques du major général Gracey (20e division indienne).
Le 21 septembre, les troupes valides du 11e RIC (1 400 hommes), internées dans leur caserne depuis le coup de force japonais du 9 mars 1945, sont libérées et réarmées.
Le 3 octobre, le commando Ponchardier et le reste du 5e RIC débarquent à leur tour en Indochine.
Le gros des troupes, endivisionné ou non, arrive ensuite :
En décembre 1946, après le départ du colonel Massu et de la 2e DB, 120 soldats démobilisables de la prestigieuse unité choisissent de s'installer dans le Sud de l'Indochine pour mettre en valeur des terres vierges et créer leur propre exploitation agricole. Après le refus de l'administration pour s'implanter au plateau du Tran-Ninh, une nouvelle demande de concession à Dakmil, dans la province du Darlac (Sud-Annam), est acceptée. Elle est accordée au Groupement de colonisation militaire, pour assurer la sécurité et le développement économique d'une partie des plateaux sud indochinois peuplés d'ethnies non-vietnamiennes (Moïs). L'opération Dakmil est soutenue par Leclerc et Massu, les 120 pionniers reçoivent de l'armée le matériel de première installation (tentes, groupes électrogènes), et l'aide de l'agronome Castagnol. Après défrichage de la forêt, sont plantés théiers, caféiers et abrasins, et des routes sont ouvertes. Aux tentes de l'armée succèdent des cases sur pilotis. En 1950, une cinquantaine de colons (anciens de la 2e DB) sont encore membres de la Société d'exploitation agricole du Darlac. Les populations montagnardes prêtent allégeance à Bao Dai et les plateaux montagnards sud indochinois deviennent domaine de la Couronne. Longtemps à l'écart de la guerre d’Indochine, les plateaux montagnards sud indochinois subissent une offensive vietminh en janvier 1954. En 1955, le gouvernement du Sud-Vietnam abolit le statut de domaine de la Couronne et entreprend la vietnamisation brutale des montagnards. Les planteurs subissent les attaques vietminhs, les bombardements américains et la difficulté d'évacuer leur production. En 1965, les 3 derniers vétérans de Dakmil abandonnent leurs plantations et mettent fin à l'aventure.
Évolution et pertes annuelles Allée dans le mémorial des guerres en Indochine.Les valeurs de 1945 à 1951 de ce tableau sont issues du Journal Officiel du 21 mars 1952. Celles de 1952 à 1954 proviennent de l'ouvrage Guerre d'Indochine.
La nécropole des guerres d'Indochine se trouve à Fréjus ; environ 34 000 noms y sont inscrits.
Pertes globales durant le conflitL'ouvrage Guerre d'Indochine estime le nombre de tués et disparus, hors Indochinois, à 47 674 hommes répartis comme suit :
Origine | Tués | Pourcentage |
Métropolitains | 20 524 | 43 % |
Nord-Africains | 12 256 | 26 % |
Légionnaires | 11 493 | 24 % |
Africains | 3 401 | 7 % |
TOTAL | 47 674 | 100 % |
Jacques Dalloz, annonce un total des pertes du CEFEO égal à 37 800 réparties comme suit :
Origine | Tués | Pourcentage |
Métropolitains | 18 000 | 48 % |
Nord-Africains | 8 000 | 21 % |
Légionnaires | 9 000 | 24 % |
Africains | 2 800 | 7 % |
TOTAL | 37 800 | 100 % |
Origine | Effectifs | Pourcentage |
Métropolitains | 43 700 | 38 % |
Nord-Africains | 13 800 | 12 % |
Africains | 8 050 | 7 % |
Indochinois | 35 650 | 31 % |
Légionnaires | 13 800 | 12 % |
TOTAL | 115 000 | 100 % |
Le 1er février 1954, les soldats d'Afrique (Maghrébins et Noirs) engagés dans le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient représentaient 43,5 % des 127 785 hommes des forces terrestres (autochtones non compris).
Maurice Vaïsse donne les effectifs suivants en juin 1954 :
Origine | Effectifs | Pourcentage |
Indochinois | 59 000 | 33 % |
Métropolitains | 50 000 | 28 % |
Nord-Africains | 35 000 | 20 % |
Africains | 19 000 | 11 % |
Légionnaires | 14 000 | 8 % |
TOTAL | 177 000 | 100 % |