Auguste Laurent

Auguste LaurentBiographie
Naissance 14 novembre 1807
Saint-Maurice
Décès 23 avril 1853 (à 45 ans)
Ancien 10e arrondissement de Paris
Nationalité française
Formation École nationale supérieure des mines de Paris
Activité Chimiste
Autres informations
A travaillé pour Université de Bordeaux
Membre de Académie des sciences de Turin (1851)
Académie des sciences
Buste d'Auguste Laurent près des remparts de Langres.

Auguste Laurent, né à La Folie, hameau situé près de Saint-Maurice, le 14 novembre 1807 et mort à Paris, le 15 avril 1853 est un chimiste français qui fut l'un des créateurs de la notation atomique et un précurseur de la chimie organique moderne et de la théorie atomique.

Auguste Laurent fut le prédécesseur et le maître de Charles Gerhardt.

Après des études classiques, Laurent fut diplômé de l'École des Mines de Paris.

À partir de 1830, il fut assistant dans le laboratoire de Jean-Baptiste Dumas, alors professeur à l'École centrale des arts et manufactures.

Après quelques emplois dans l'industrie, et une tentative de créer une école privée de chimie à Paris, Laurent fut nommé professeur de chimie à l'université de Bordeaux en 1838.

Cette même année, il épousa Anne-Françoise Schrobilgen, de nationalité luxembourgeoise.

Laurent était malheureux de son "exil" en province, mais les sept années passées à Bordeaux furent les plus productives de sa carrière.

Travaux et contributions

La carrière de Laurent commence alors que le chimiste allemand Friedrich Wöhler a découvert l'isomérie, en 1828.

Dès ses débuts, Laurent cherche à comprendre quelles caractéristiques des composés organiques permettent d'en faire une classification.

Quand Laurent commence à travailler pour Dumas, en 1830, son patron venaient de proposer une étude systématique des dérivés chlorés. Dumas avait exprimé ses résultats en termes de "dualisme électrochimique", théorie selon laquelle un composé était vu comme le résultat d'une attraction entre un composé électropositif (en l'occurrence, le "radical") et un composé électronégatif (le chlore, ici). Les radicaux semblaient exister comme des unités stables, au sein des composés organiques.

Laurent poussa l'analyse des dérivés chlorés, notamment à propos du naphtalène, étudiant ses dérivés par substitution entre 1830 et 1835. Et il en vint à rejeter l'idée de Dumas, de radicaux hydrocarbonés. Il vit que la substitution correspondait au remplacement successif de l'hydrogène par le chlore dans le "noyau" hydrocarboné de la molécule.

Dans sa théorie de 1835, qui prit une forme plus aboutie en 1844, il proposa que la réaction chimique soit si draconienne que la chimie ne puisse jamais déterminer l'arrangement des atomes dans les molécules. Il proposa des formules symboliques, et donna ainsi une base à sa classification des composés organiques à partir de leur partie hydrocarbonée. Plus tard, August Kékulé reconnut que la classification de Laurent avait été le précurseur des systèmes ultérieurs.

D'autre part, Laurent attira l'attention sur la stabilité de ce qui est aujourd'hui considéré comme le squelette carboné, dans les séries de substitution.

Enfin, il fut le premier à comprendre que, dans un noyau dérivé, le chlore joue le rôle de l'hydrogène.

Laurent put disposer d'un congé sabbatique à partir de 1845, lequel fut renouvelé jusqu'à ce qu'il soit nommé à la Monnaie, en 1848. Il poursuivit alors ses études de chimie organique, en plus de ses travaux d'analyse minérale, mais il produisit alors moins d'idées nouvelles. Son influence sur les chimistes français fut limitée, en partie en raison de l'hostilité de Dumas, qui était un membre influent de l'Académie des sciences. Notamment, le fait que Laurent accepta la théorie d'Avogadro eu peu d'influence sur la communauté française.

En 1850, il fut classé premier pour une chaire au Collège de France, mais sa nomination fut bloquée par l'Académie des sciences, dont plusieurs membres étaient heurtés par ses idées républicaines radicales.

Il continua donc son travail à la Monnaie, et mourut de tuberculose à l'âge de 44 ans.

Parmi ses accomplissements :

Il découvre les imides, la dulcite, l'anthracène, l'acide phtalique et identifie l'acide carbolique (phénol).

Il invente une nomenclature systématique pour la chimie organique fondée sur le regroupement des atomes en molécules et détermine comment les molécules se combinent dans les réactions chimiques.

Il étudie avec Jean-Baptiste Dumas les phénomènes de substitution et est un des pionniers de la théorie atomique. Il travaille également avec Charles Frédéric Gerhardt.

Louis Pasteur eut la chance de le rencontrer. D'après Yves Robin et Gerald L. Geison et Hervé This, Auguste Laurent fut l'initiateur des thèses de cristallographie de Louis Pasteur, présentées en 1847. D'après George B. Kauffman et Robin D. Myers, Louis Pasteur reconnaissait, au départ, l'apport d'Auguste Laurent pour ses travaux de cristallographie mais ce fut pour l'ignorer ensuite.

Citations

Titres et distinctions

Œuvres

Voir aussi

Bibliographie

Correspondance

Livres où Auguste Laurent est cité :

Articles où Auguste Laurent est cité :

Notes et références

  1. Dans sa Méthode de chimie, qui est de 1854, Laurent écrit : « Je montrais à M. Pasteur des cristaux de tartrate de chaux dont j’avais pu déterminer les angles… » (Méthode de chimie, p. 175 ; cité dans Compléments à l'article « Auguste Laurent (1807-1853) : chimiste bicentenaire et inconnu », de Marika Blondel-Mégrelis, L’Actualité chimique, 2007, no 314, p. 36, en ligne.)
  2. Yves Robin, Lettre ouverte à Monsieur Louis Pasteur, éd. France Europe Éditions, 2002, p. 60.
  3. Gerald L. Geison, The Private Science of Louis Pasteur, éd. Princeton University Press, 1995, p. 58-62, 64-65, 70, 76-77, 79-89.
  4. Hervé This, « Des cristaux d’Auguste Laurent et des techniques d’analyse optique de Jean-Baptiste Biot furent directement à l’origine de la découverte de la chiralité par Louis Pasteur », sur www.academie-agriculture.fr, 3 décembre 2021 (consulté le 19 janvier 2022)
  5. (en) George B. Kauffman, Robin D. Myers, Pasteur’s resolution of racemic acid : a sesquicentennial retrospect and a new translation, The chemical education, 1998, vol 3, no 6
  6. Gerald L. Geison, The Private Science of Louis Pasteur, éd. Princeton university Press, 1995, p. 372 (voir l'index du livre à Laurent, Auguste (nombreuses pages du livre)).
  7. Louis (1822-1895) Auteur du texte Pasteur, Oeuvres de Pasteur. Tome 1 / réunies par Pasteur Vallery-Radot,..., 1922-1939 (lire en ligne)
  8. C'est-à-dire des thèses de Louis Pasteur.
  9. Sous-entendu la marginalité d'Auguste Laurent.
  10. Auguste Laurent, Précis de cristallographie, suivi d'une méthode simple d'analyse au chalumeau
  11. Yves Robin, Lettre ouverte à Monsieur Louis Pasteur, éd. France Europe Éditions, 2002, p. 60
  12. Pierre-Louis Laurioz, Louis Pasteur - la réalité après la légende, éd. De Paris, 2003, p. 70.
  13. (en) Gerald L. Geison, The Private Science of Louis Pasteur, éd. Princeton University Press, 1995, p. 86.
  14. Hervé This, « Des cristaux d’Auguste Laurent et des techniques d’analyse optique de Jean-Baptiste Biot furent directement à l’origine de la découverte de la chiralité par Louis Pasteur | Académie d'Agriculture de France », sur www.academie-agriculture.fr (consulté le 22 janvier 2022)

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