André Latreille

André LatreilleFonctions
Doyen
Faculté des lettres de Lyon (d)
1956-1959
Président
Association des amis des « Sources chrétiennes » (d)
1956-1982
Jean Pouilloux
Fondateur
Cahiers d'histoire
à partir de 1956
Biographie
Naissance 29 avril 1901
3e arrondissement de Lyon
Décès 25 juillet 1984 (à 83 ans)
Neuville-sur-Saône
Sépulture Cimetière de Neuville-sur-Saône (d)
Nom de naissance André Auguste Latreille
Nationalité française
Formation Université de Lyon
Activités Historien, professeur des universités, professeur d'université
Père Camille Latreille
Enfant Geneviève Latreille
Autres informations
A travaillé pour Ministère des Cultes (29 novembre 1944 - 27 août 1945)
Université Lumière-Lyon-II
Université de Poitiers
Membre de Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon (1949-1984)
Académie des sciences morales et politiques
Distinctions
Archives conservées par Archives municipales de Lyon (154II)

André Latreille, né le 29 avril 1901 à Lyon et mort le 25 juillet 1984 à Neuville-sur-Saône est un intellectuel et historien français.

Biographie

Jeunesse et études

André Latreille effectue ses études au lycée Ampère. Il s'inscrit ensuite à la faculté des lettres de Lyon, deux établissements où son propre père, Camille Latreille, avait été professeur. Il passe à 22 ans l'agrégation d'histoire et géographie avec succès.

Après la publication de sa thèse de doctorat, il est nommé en 1937 maître de conférences en histoire contemporaine à la faculté des lettres de Poitiers.

Parcours professionnel

Il enseigne d'abord au Lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, au lycée Thiers de Marseille, puis au lycée Ampère de Lyon.

Durant l'Occupation, il aide des familles juives à échapper à la déportation,,,. Gaulliste de la première heure, il se déplace à Paris dès décembre 1940 afin de mettre en garde le cardinal Suhard contre les risques que représentait l'inféodation à Vichy,,.

Il est membre du Comité de libération du département de la Vienne d'août à novembre 1944, puis appelé par le Général De Gaulle en novembre 1944 comme directeur des Cultes au Ministère de l'Intérieur du gouvernement provisoire. Il y est notamment chargé de régler l'épineux problème des évêques ayant collaboré avec le régime de Vichy. Il accomplira cette tâche avec doigté et modération aidé par le nouveau nonce nommé à Paris, Monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII.

En août 1945, il est élu à la chaire d’histoire moderne de la faculté des lettres de l'Université de Lyon, où il enseignera jusqu’à sa retraite en 1971, refusant, à plusieurs reprises, un poste à la Sorbonne. Il est doyen de la Faculté de 1956 à 1959, puis doyen honoraire.

Pour autant son activité professionnelle ne se limite pas aux murs de sa Faculté :

De 1945 à 1974, il est membre du Comité consultatif des Universités, ancêtre de l'actuel Conseil national des universités.

Après la Seconde Guerre mondiale, il donne un cours sur le christianisme aux côtés d'Étienne Gilson et de Gabriel Le Bras à l'Institut d'études politiques de Paris.

Contemporain de l'« École des Annales », il garde comme historien une ligne très personnelle, exigeante, qui lui fait critiquer toutes les facilités que se donnent aussi bien les « essayistes en mal d'Histoire » que tel théoricien qui décrit « des modes de vie et non des vivants ». De septembre 1945 à novembre 1972, à la demande de son ami Hubert Beuve-Méry, fondateur du journal Le Monde, il tient régulièrement dans ce journal une chronique de critique historique (plus de 230 articles publiés), aussi appréciée des amateurs d'Histoire que redoutée des auteurs d'ouvrages. En 1956, il fonde la revue Les Cahiers d’histoire, et en 1962 le Centre régional interuniversitaire d'histoire religieuse, qui organisa de 1953 à 1980 plusieurs colloques internationaux. En 1974, à la suite de la scission de l'Université de Lyon, le centre est rattaché à l’Université Lumière Lyon 2, associant des chercheurs de six Universités de la région Rhône-Alpes. Ce centre de recherches jouera un rôle important dans la lutte contre le négationnisme, dans les années 1978-1980, lors de la première affaire Faurisson. Il porte depuis 1984 le nom de Centre André Latreille.

Durant toute sa carrière, il ajoute à ses activités d'enseignement et de publication une intense activité de conférencier, en France et à l'étranger. La rigueur et la clarté de ses exposés en font un orateur très demandé. Son talent d'orateur et ses qualités de pédagogue ont séduit des générations d'étudiants et d'amateurs d'Histoire.

Profondément catholique, membre actif dès sa jeunesse de la Chronique Sociale, et à ce titre très engagé dans la société, il fut une des figures du Centre catholique des intellectuels français (CCIF), du Cercle Tocqueville, de la Paroisse Universitaire (association des chrétiens de l'Enseignement public). Convaincu que « la laïcité de la société n'est que l'expression juridique de la liberté de l'acte de foi », il défendit toute sa vie la participation des chrétiens à l'enseignement public, et ses analyses faisaient référence dans les débats relatifs à l'école libre (Loi Barangé, Loi Debré), ce qui lui valut des ennemis dans les deux camps.

Membre de l'Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées sous le nom de Auguste Plante-Vigne il ne dédaignait pas la culture de sa ville de Lyon. L'Almanach des Amis de Guignol, le Littré de la Grand'Côte et La plaisante sagesse lyonnaise lui étaient aussi familiers que les œuvres d'Alexis de Tocqueville ou de Paul Claudel. Cet amour du terroir lié à une compétence universitaire rare en a fait une figure lyonnaise particulièrement estimée.

Il était officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'Ordre des Palmes académiques, membre émérite de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon (qu'il présida en 1972), membre correspondant de l'Institut de France (Académie des sciences morales et politiques), commandeur de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, docteur honoris causa de l'Université Laval (Québec) et membre de l'Académie de Mâcon.

Il a épousé le 13 septembre 1924 Suzanne Ruplinger, dont il eut dix enfants entre 1925 et 1944. Il disparut peu avant de pouvoir fêter leurs noces de diamant.

Publications

Ouvrages

Plusieurs de ces ouvrages ont été traduits, en espagnol, en portugais ou encore en japonais.

Ouvrages collectifs

Distinctions

Sources

Notes et références

  1. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr (consulté le 18 juin 2023).
  2. Isabelle SOULARD, Les FEMMES du POITOU sous L’OCCUPATION (lire en ligne), p. 106

    « A vélo, elle parcourt la ville de Poitiers, aidée par le professeur Latreille. Tous deux téléphonent à tous les Juifs réfugiés un peu partout, il y en avait vers Colombiers notamment, et leur disent : "Partez sinon vous risquez votre vie". »

  3. Isabelle Soulard, Les femmes de l'Ouest sous l'Occupation, Geste Editions, 2002, 283 p. (ISBN 978-2-84561-063-7), p. 185.
  4. Paul Lévy, Élie Bloch : Être juif sous l'Occupation, FeniXX, 1999, 336 p. (ISBN 978-2-402-03475-3, lire en ligne)

    « Habitant le même immeuble que le professeur André Latreille qui enseigne l'histoire à la faculté des lettres, elle lui confie ses préoccupations. Il décide de former un comité avec d'autres enseignants catholiques... »

  5. Hellen Kaufmann, Thierry Marchal et Bernard Lhoumeau, « Hélène-Durand », sur www.ajpn.org (consulté le 27 septembre 2018) : « Dès les premières mesures anti-juives et notamment le port de l'étoile, elle décide avec le professeur d'histoire, André Latreille, de former un comité composé d'enseignants catholiques. »
  6. J.-M. MAYEUR, « UN LIVRE D'ANDRÉ LATREILLE L'Église de France à la libération », Le Monde,‎ 27 mars 1978 (lire en ligne, consulté le 3 août 2020)
  7. À ce sujet, voir son ouvrage De Gaulle, la Libération et l’Église catholique, Paris, les Éd. du Cerf / CNRS éd., 2011, 219 p. (ISBN 978-2-271-07245-0)
  8. « LATREILLE André, Auguste - Maitron », sur maitron.fr (consulté le 27 mars 2019)
  9. Archives départementales de la Vienne, Comité départemental de libération 1942-1950, avril 2005, 21 p. (lire en ligne)
  10. Bernard Lecomte, Les Derniers Secrets du Vatican, Paris, Perrin, 2012, 334 p. (ISBN 978-2-262-03410-8)
  11. v. Histoire de l'Université Laval, op. cit., p. 183 sqq.
  12. Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, 2022 (ISBN 978-2-7246-3915-5)
  13. chronique dans Le Monde, 30 mars 1961
  14. Bernard Hours et Claude Prudhomme, « L’histoire religieuse à Lyon : Du Centre d’Histoire Religieuse à l’Équipe RESEA », Chrétiens et sociétés, no 11,‎ 2004 (DOI 10.4000/chretienssocietes.2589, lire en ligne, consulté le 24 juillet 2023).
  15. Rapport Rousso, Septembre 2004
  16. cf. Étienne Fouilloux, « Avant-propos », Cahiers d'Histoire, nos 41-4,‎ 1996 (ISSN 1777-5264, lire en ligne, consulté le 28 avril 2018)
  17. Sans oublier ses propres enfants, puisque cinq d'entre eux devinrent agrégés, deux normaliens, trois universitaires
  18. Toupin-Guyot, Claire., Les intellectuels catholiques dans la société française : le Centre catholique des intellectuels français, 1941-1976, Presses universitaires de Rennes, 2002, 374 p. (ISBN 978-2-7535-2428-6 et 2753524289, OCLC 826631251, lire en ligne)
  19. « Claude Bernardin », sur Musée du Diocèse de Lyon (consulté le 27 mars 2019)
  20. cité par J.M.Mayeur dans sa notice pour l'Encyclopedia Universalis
  21. À Vaise, la salle de spectacle municipale (utilisée par le théâtre Nouvelle Génération) porte son nom.
  22. Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Lyon, C. Palud (Lyon), 1975 (lire en ligne), p. 7
  23. « André Latreille membre de l'Académie de Mâcon », sur academiedemacon.fr (consulté le 10 décembre 2017)
  24. sœur d'André Ruplinger
  25. « Articles d'André Latreille », sur esprit.fr (consulté le 25 janvier 2024)
  26. « Notice de André Latreille », sur Bibliothèque nationale de France

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes