Dans le monde d'aujourd'hui, Symbolisme des noms est un sujet pertinent qui a acquis une grande importance dans différents domaines. De la politique à la science, Symbolisme des noms a attiré l'attention des experts et des gens ordinaires. Tout au long de l’histoire, Symbolisme des noms a fait l’objet de débats, de recherches et d’analyses approfondis qui ont mis en lumière son importance et sa pertinence dans la société. Dans cet article, nous explorerons différents aspects liés à Symbolisme des noms, depuis ses origines jusqu'à son impact aujourd'hui, dans le but de donner une vision globale et complète de ce sujet qui nous préoccupe tant.
Le symbolisme des noms concerne la portée, la signification symbolique des noms, soit noms propres soit noms communs, alors qu'ils semblent conventionnels, arbitraires. À l'instar des autres mots pleins (adjectif, verbe et adverbe), le nom produit du sens, mais c'est en outre la seule catégorie (à l'exception toutefois de certains pronoms et de certains adverbes) à pouvoir être associée à un référent (ou référence), c'est-à-dire, à un objet de la réalité extralinguistique. De là vient la possibilité pour un nom d'être symbole. Un nom est symbole quand il a un lien naturel avec autre chose en vertu d'une correspondance analogique. Soutenir l'existence d'un symbolisme des noms, c'est affirmer une corrélation directe entre un nom et son sens.
Par exemple, le psychanalyste Charles Baudouin, relevant les grands noms de la psychanalyse (Freud, Adler, Jung), a fait observer qu'il est curieux qu'en allemand le nom de Freud signifie "joie", celui d'Adler "aigle" et celui de Jung "jeune", alors que ces trois auteurs se sont respectivement intéressés au plaisir, à la volonté de puissance et aux prises de position métaphysiques qu'impose la deuxième moitié de la vie. Évidemment, ce genre de raisonnement est très contestable, mais il plaît aux poètes, aux ésotéristes, aux psychanalystes.
Pour les Anciens Égyptiens, donner un nom -ren- à un être ou à une chose revient à lui donner la vie et à lui donner une forme. Ainsi, ils lui attribuaient une puissance profonde et pensaient qu’en possédant le nom d’une personne ou d’une divinité, ils pouvaient profiter de son pouvoir et, dans le cas d'un être humain, avoir une influence sur son Kâ, avant et après la mort. Un des pires châtiments pour les Égyptiens -en dehors du démembrement de leur corps qui rendait leur passage vers l’au-delà impossible- était la suppression de leur nom, qui plongeait ainsi leur Kâ dans l’oubli car, effacer un nom, c’est anéantir l’entité qu’il représente. À l’inverse, nommer un défunt ou une divinité, lors d’offrandes quotidiennes, c'est conserver sa mémoire. Le nom avait une telle importance et une telle puissance, qu’il est arrivé que des Pharaons fassent effacer les stèles de leurs prédécesseur, par peur de leur influence, même après la mort, sur les affaires du royaume. Ce fut ce qui arriva à Akhénaton, et à Hatchepsout, la seule femme qui fut Pharaon. Un des rites magiques les plus puissants associé au nom a vu le jour dès l’Ancien Empire. On inscrivait alors les noms des ennemis de Pharaon sur des vases -ou sur des statuettes- qui étaient ensuite brisés ("tués") puis enterrés. La puissance de l'image était aussi inextricablement liée à la puissance du nom : toute représentation d’un être ou d’un objet participe de cet être ou de cet objet. De là vient le pouvoir des amulettes qui étaient portées par les vivants (ou placées sur une momie) et qui représentaient des divinités ou des objets chargés de force magique. Ainsi, celui qui portait cette amulette mettait sa puissance à son propre service.
Les philosophes grecs essaient de trouver du sens dans l'étymologie ou les homophonies. Par exemple, Platon (Phédon, 80 d), Plotin, Porphyre de Tyr, font dériver le mot "Hadès" ('Aidês, le dieu de la mort, les Enfers) de aidês ("invisible"). Platon, dans le Cratyle s'interroge sur l'origine conventionnelle ou naturelle des noms. Hermogène et Cratyle, deux personnages du dialogue, représentent deux courants de pensée opposés. Hermogène est partisan d’une thèse conventionnaliste, il affirme que le langage et les noms sont le fruit d’une convention (thesis). "Par convention, on pose le nom sur la chose." Cratyle, lui, défend la thèse naturaliste, il affirme que les noms sont formés selon la nature (phusis) même des choses. "De la chose, émane son nom." Socrate accepte de discuter de la question de la justesse des noms (onoma).
Les stoïciens soutiennent que le nom (onoma) signifie la qualité propre (idiôn poîon), alors que l'appellatif (prosêgoria) signifie une qualité commune (koinôs poîon) (Diogène Laërce, VII, 58).
Le néo-pythagoricien Nigidius Figulus (vers 50 av. J.-C.) a insisté sur "la rectitude des noms" (leur qualité naturelle, leur conformité à la raison) :
Philon d'Alexandrie, un philosophe juif mort en 54, grand spécialiste de l'interprétation allégorique de la Bible, soutient que les noms des Patriarches (Abraham, Isaac et Jacob) laissent entendre "une réalité moins apparente et bien supérieure à celle des objets sensibles" (D'Abraham, § 52). Dieu a changé "Abram" en "Abraham" (Du changement des noms, § 60-76)[3].
Au début du Ve siècle et dans l'école néoplatonicienne d'Athènes, il était courant d'appeler les noms des dieux des agalmata, ou statues, c'est le cas de Proclus, mais aussi de Syrianus, Hermias, Damascius... Le nom divin est en quelque sorte une statue sonore. On retrouve cela chez le pseudo-Denys l'Aréopagite (Les noms divins) (vers 490).
La kabbale joue un grand rôle. En kabbale juive, schem ha-meforasch est la science des 72 Noms de Dieu. En kabbale chrétienne, Johannes Reuchlin définit la kabbale comme "une théologie symbolique où lettres et les noms sont non seulement les signes des choses, mais encore la réalité des choses"[4]. Le nom sacré de Dieu, chez les Juifs, est YHWH (יהוה), ce Nom est composé des quatre lettres yōḏ (י), hē (ה), wāw (ו) hē (ה) : c'est le Tétragramme sacré. Johannes Reuchlin, grand nom de la kabbale chrétienne, dans le De verbo mirifico (Le verbe admirable, 1494), déclare que le nom de Jésus, traduit en hébreu s'écrit avec les quatre lettres de YHVH, en ajoutant au centre de ces quatre lettres (regardées comme voyelles, dans un alphabet consonantique), une consonne, shin, qui permet de dire le nom de Dieu, jusqu'alors ineffable. Le nom de Dieu à l'époque de la nature était le trigramme Sadaï, à l'époque de la Loi (Moïse) c'était le tétragramme ineffable Adonaï, enfin, à l'époque de la grâce (avec Jésus), c'est le pentagramme Jhesu. Agrippa de Nettesheim affirme dans sa Philosophie occulte (édition 1533), III, chap. 12 que toute la puissance de produire des prodiges réside dans le seul nom de Jésus.
James Frazer, dans le Rameau d'or (1911-1915) a étudié de près le tabou onomastique, l'interdit de dire certains noms de personnes : les degrés de parenté, les noms des morts, les noms des rois et d'autres personnages sacrés, les noms des dieux, les noms communs[5]. Des groupes spéciaux de termes sont employés pour parler des personnes de sang royal en Birmanie, au Cambodge, à Samoa, ou pour les rois et chefs de Tahiti, des Fidji, de Tonga.
Il y a deux niveaux dans l'art de décoder (identifier et interpréter) les symboles, leur code : le déchiffrage et le décryptage. Quand on déchiffre, on connaît le code ; quand on décrypte : on ne le connaît pas.