Dans le monde d'aujourd'hui, Serial Experiments Lain a acquis une pertinence incontournable. Son impact se fait sentir dans tous les domaines de la vie, de la politique à la technologie, en passant par la culture et le divertissement. Serial Experiments Lain a suscité des débats passionnés, généré de profonds changements et posé le cap de nombreux événements. Dans cet article, nous explorerons le phénomène Serial Experiments Lain, en analysant ses nombreuses facettes et en examinant son influence sur la société contemporaine.
Genres | Cyberpunk[1], horreur psychologique[2],[3], Techno-horror (en)[4] |
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Réalisateur | |
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Producteur | |
Scénariste | |
Studio d’animation | Triangle staff |
Compositeur |
Reiichi Nakaido |
Licence | (fr) Dybex |
Chaîne |
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1re diffusion | – |
Épisodes | 13 |
Autre
Serial Experiments Lain (シリアルエクスペリメンツレイン, Shiriaru ekusuperimentsu Rein ) est une série d'animation japonaise de 13 épisodes diffusée pour la première fois au Japon du au sur TV Tokyo.
Lain présente des images surréalistes et avant-garde et explore des sujets philosophiques tels que la réalité, l'identité et la communication. La série incorpore des influences créatives provenant de l'histoire de l'informatique, le cyberpunk et les théories du complot.
La série reçoit le « Prix d'excellence » du Japan Media Arts Festival en 1998.
Un jeu vidéo du même nom développé par Pioneer LDC sort sur PlayStation en .
Lain Iwakura est une pré-adolescente timide, solitaire et mal dans sa peau. À la suite de la mort d'une de ses camarades de classe, elle se découvre une passion pour l'informatique et pour le Wired (littéralement « câblé », « grillagé »), sorte d'évolution d'Internet. Un courrier électronique envoyé par cette camarade après sa mort explique que seul son corps a cessé de vivre et qu'elle-même vit à présent dans le Wired. Lain va s'immerger dans ce monde d'interconnexions électroniques, jusqu'à s'y « perdre ».
Étant donné qu'il y a trois Lain, la vraie Lain renvoie à celle qui appartient au monde réel, la seconde est celle du Wired, la troisième est celle qui interagit sur les deux mondes.
Les épisodes sont officiellement numérotés en tant que layer (couche, niveau ou calque en anglais, allusion aux couches du modèle OSI), en référence aux phrases de certains personnages qui estiment que le Wired est une dimension parallèle au monde réel, que ces mondes sont des tranches de mondes.
Serial Experiments Lain a été conçue pour être une série originale au point de constituer un « énorme risque » pour son producteur Yasuyuki Ueda (en)[8]. Ce dernier affirme que Lain était une sorte de guerre culturelle contre la culture américaine et le sens des valeurs américaines que le Japon avait adopté après la Seconde Guerre mondiale[9],[10],[11]. Il explique plus tard avoir créé Lain sous un ensemble de valeurs qu'il considérait comme distinctivement japonaises et espérait que les américains ne comprennent pas la série tels que les japonais la comprendraient ; cela aurait mené à une « guerre d'idées » sur le sens de l'anime, avec l'espoir que cela débouche sur une nouvelle communication entre les deux cultures. Pour cette raison, il est désappointé lorsqu'il découvre que le public américain interprète la série de la même manière que le public japonais[11].
La franchise Lain est originellement conçue comme pouvant se décliner à travers plusieurs formes de médias (anime, jeux vidéos, manga). Yasuyuki Ueda déclare que « l'approche choisie pour le projet était de transmettre l'essence de l'œuvre à travers la somme de plusieurs produits médiatiques ». Le scénario pour le jeu vidéo est écrit en premier et produit en même temps que la série d'animation qui sortit pourtant la première. Un dōjinshi intitulé The Nightmare of Fabrication est produit par Yoshitoshi ABe et paru au Japon dans l'artbook An Omnipresence in Wired. Ueda et le scénariste, Chiaki J. Konaka, déclarent que l'idée d'un projet multimédia est courant au Japon, par opposition au contenu de Lain et à la manière dont ils sont exposés[12].
Les auteurs ayant été interrogés sur l'influence des thèmes et du style de Neon Genesis Evangelion, le scénariste, Chiaki J. Konaka, réfute le rapprochement entre les deux œuvres, avançant qu'il n'avait pas vu Evangelion avant d'avoir fini le 4e épisode de Lain. À l'origine scénariste de films d'horreur, Konaka revendique les influences de Godard, particulièrement son usage de la typographie à l'écran, de L'Exorciste, de Hell House et de La Fiancée du vampire de Dan Curtis. Le nom d'Alice, comme les noms de ses deux amies Julie and Reika, proviennent d'une précédente production de Konaka, Alice in Cyberland, largement inspirée des Aventures d'Alice au pays des merveilles. À mesure que la série se développe, Konaka est « surpris » de la manière dont le personnage d'Alice se rapproche de plus en plus du personnage original[13].
Vannevar Bush (et memex), John Cunningham Lilly, Timothy Leary et ses huit circuits de conscience, Ted Nelson et son projet Xanadu sont cités comme des précuseurs du « Wired »[12]. Douglas Rushkoff est également cité, son livre Cyberia devenant le nom d'un club de nuit peuplé de hackers et d'adolescents techno-punks[14]. De même, le deus ex machina de la série repose sur la conjonction des résonances de Schumann et de l'inconscient collectif de Jung, les auteurs préférant ce terme à celui de Kabbale ou d'Annales akashiques[9]. Le Majestic 12 et l'affaire de Roswell sont utilisés comme exemples de la manière dont un canular peut influencer l'Histoire alors qu'il a été démontré comme tel en créant tout une sous-culture[9].
Yoshitoshi ABe confesse n'avoir jamais lu de mangas durant l'enfance, ceux-ci étant interdits dans son foyer[15]. Il est en majorité influencé par « la nature et tout ce qui l'entoure »[14]. Concernant spécifiquement le personnage de Lain, ABe revendique l'influence des mangakas Kenji Tsuruta, Akihiro Yamada, Range Murata et Yukinobu Hoshino[10]. De manière plus générale, il explique avoir été influencé par les artistes japonais Kyosuke Chinai et Toshio Tabuchi[14].
Le personnage de Lain n'était pas sous la seule responsabilité d'ABe. Sa natte droite a par exemple été proposée par le scénariste, Yasuyuki Ueda (en), le but étant de créer une asymétrie afin de refléter l'instabilité de Lain et sa nature déconcertante[5]. Cet élément est conçu comme un symbole mystique, censé empêcher les voix et les esprits d'être entendus de l'oreille droite[10]. Le pyjama qu'elle porte est proposé par le directeur de la character animation (en) Takahiro Kishida. Les ours sont une marque déposée de Konaka brothers, idée à laquelle Chiaki Konaka était à l'origine opposé[13]. Le réalisateur Nakamura explique de quelle manière le motif de l'ours pouvait être utilisé comme un bouclier protégeant des confrontations avec sa famille. Il s'agit également d'un élément clé de la timide Lain du « monde réel »[13]. Lorsqu'elle va pour la première fois dans le club de nuit Cyberia, elle porte un ours pour les mêmes raisons[5]. Rétrospectivement, Konaka déclare que les pyjamas de Lain sont devenus un facteur majeur dans les dessins de fans moe portant sur la série, et remarque que « de tels objets peuvent aussi être importants lors de la création d'un anime »[13].
Le design original d'ABe était globalement plus compliqué que celui qui est porté finalement à l'écran. Par exemple, la barrette à cheveux en forme de « X » devait être un motif imbriqué de maillons dorés. Les liens devaient s'ouvrir en tournant autour d'un axe jusqu'au moment où le « X » devienne un « = », idée qui n'a finalement pas été reprise lorsque Lain retire sa barrette[16]
Serial Experiments Lain n'offre pas une histoire linéaire conventionnelle, mais est décrite comme « un anime alternatif, aux thèmes et à la réalisation modernes »[17]. Les thèmes abordés vont de la théologie à la psychologie et sont traités de différentes manières : du dialogue classique à l'introspection par l'image, en passant par l'interrogation directe de personnages imaginaires.
La communication, dans son sens le plus large, est l'un des thèmes principaux traités dans la série[18],[19], non seulement par opposition à la solitude mais également en tant que sujet en soi. Le scénariste déclare notamment qu'il désirait directement « transmettre les sentiments humains ». Le réalisateur Nakamura désirait montrer au public, et particulièrement les spectateurs âgés de treize à quatorze ans, « la longueur d'onde multidimensionnelle du moi existentiel : la relation entre soi et le monde »[12].
L'isolement, ne serait-ce que parce qu'elle représente un manque de communication, est une thématique récurrente à travers Lain[20]. Lain elle-même est « presque douloureusement introvertie, sans amis à l'école, avec une sœur snob et condescendante, une mère étrangement apathique et un père qui semble vouloir s'intéresser à elle, mais qui est tout simplement trop occupé pour lui accorder beaucoup de son temps »[21]. Les amitiés se transforment à la première rumeur[20],[22] et la seule chanson insérée dans un épisode est intitulée Kodoku no shigunaru, littéralement « signal d'isolement »[23].
Les troubles psychiques, en particulier les troubles dissociatifs de l'identité, sont un thème important dans Lain[16] : le personnage principal est constamment confronté à ses alter egos, au point où le scénariste Chiaki Konaka et la doubleuse donnant sa voix à Lain, Kaori Shimizu, durent se mettre d'accord pour diviser les dialogues des personnages entre trois différentes orthographes[16]. Les trois noms désignent des « versions » différentes de Lain : La version du monde réelle, la Lain « enfantine », timide et portant des pyjamas ; La lain « avancée », sa personnalité connectée, est audacieuse et interrogatrice ; enfin, la Lain « mauvaise » est sournoise et retorse, et fait tout ce qu'elle peut pour blesser Lain ou ses proches[13]. Pour les distinguer, les auteurs écrivent leurs noms en utilisant respectivement les caractères kanji, katakana et rōmaji[24].
La réalité ne prétend jamais être objective dans Lain[25]. Les acceptions de ce terme s'affrontent tout au long de la série, telles que la réalité « naturelle », définie par un dialogue normal entre les individus, la réalité « matérielle » et la réalité « tyrannique », imposée par une personne à l'esprit d'autres personnes[20]. Un des débats majeurs concernant les interprétations de la série consiste à déterminer si la matière découle de la pensée ou l'inverse[20],[26]. L'équipe de production évite soigneusement le « point de vue omniscient divin » afin de souligner le « champ de vision limité » de l'univers de Lain[25].
La théologie joue également un rôle dans le développement de l'histoire. Lain est parfois interprété comme un questionnement des possibilités d'un esprit illimité dans un corps limité[27]. De l'auto-déification à déicide[28], la religion, qui est le titre d'un des « Layer » est une part inhérente de Lain[27].
Lain contient des références étendues aux ordinateurs Apple, la plupart de l'équipe créative utilisant les machines de cette marque, des scénaristes et producteurs à l'équipe d'infographie[13]. Par exemple, le titre de chaque épisode est annoncé par le logiciel de synthèse vocale PlainTalk (en), utilisant la voix « Whisper ».
Serial Experiments Lain est originellement diffusé sur TV Tokyo et le réseau TXN du au . La série est constituée de treize épisodes, désignés dans la série comme des « Layers » (litt. « couches ») de 24 minutes chacun à l'exception du sixième, Kids, durant 23 minutes et 14 secondes.
Le générique d'ouverture de la série, Duvet, est interprété par Jasmine Rodgers et le groupe britannique Bôa. Le générique de fin, Tōi Sakebi (遠い叫び ), est interprété par Reichi Nakaido (en)[23].
Au Japon, la série sort sur LD, VHS et DVD avec un total de cinq volumes. Un coffret DVD, « Serial Experiments Lain DVD-BOX Яesurrection », sort accompagné du DVD promotionnel « LPR-309 » en 2000[29], réédité en 2005 sous le titre « Serial Experiments Lain TV-BOX ». Le Blu-ray « Serial Experiments Lain Blu-ray Box| RESTORE » sort le [30],[31].
La série est licenciée en Amérique du Nord par Pioneer Entertainment en VHS et DVD en 1999. La société ferme sa division américaine en [32], rendant la série épuisée. Lors de l'Anime Expo 2010, Funimation annonce l'acquisition des droits de la série pour une ressortie en 2012[33]. La série est également diffusée aux États-Unis le sur Funimation Channel[34].
En France, la série est doublée par le Studio Chinkel[6]. Elle est diffusée du [35] au [36] dans La Nuit Manga[37] sur Canal+.
Le , Pioneer LDLC sort un jeu vidéo du même nom que l'anime pour PlayStation[39].
En mars 2025, l’équipe MJM a annoncé qu'ils allaient sortir Signal, un jeu de rôle officiel sur le thème de l’occulte dérivé de la série Serial Experiments Lain. Prévu pour une sortie le 30 avril 2025, le jeu sera disponible pour Windows et macOS via Steam et itch.io services, avec une édition limitée sur CD-ROM également prévue[40].