Pollution radioactive

La Pollution radioactive est définie par une norme ISO 11074-4, reprise par le nouveau (2011) Guide sur la Gestion des sites potentiellement pollués par des substances radioactives. Il s'agit de l'« Introduction, directe ou indirecte, par l’activité humaine, de substances radioactives dans l'environnement, susceptibles de contribuer ou de causer un danger pour la santé de l’homme, des détériorations aux ressources biologiques, aux écosystèmes ou aux biens matériels, une entrave à un usage légitime de l’environnement ».

On parle de « Radioactivité naturelle renforcée » (NORM/TENORM) pour désigner les « Matières premières naturellement riches en radionucléides exploitées pour leurs propriétés non radioactives (naturally occuring radioactive material). Les procédés industriels mis en œuvre peuvent contribuer à augmenter l’activité massique ou volumique des radioéléments jusqu’à atteindre des niveaux qui nécessitent la mise en place de précautions spéciales (Technologically enhanced naturally occuring radioactive material). À titre d’exemple, il s’agit de la production d’engrais phosphatés, de la combustion de charbon en centrale thermique, les établissements thermaux… ».

Les mines produisant des radionucléïdes, les Installations Nucléaires de Base (INB), Installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) sont soumises à des dispositions spécifiques qui peuvent varier selon les pays.

Enjeux

Ce sont des enjeux de santé publique et de santé environnementale, et plus largement environnementaux, mais aussi d'information et d'implication des parties prenantes, qui s'évaluent via des diagnostics et évaluations environnementales, quantitatives (des expositions radiologiques et à la toxicité chimique des radionucléides).

Ils concernent à la fois l'évaluation des risques (immédiats et différés, dans l'espace et le temps), ce qui implique de considérer la toxicité chimique et la décroissance radioactive au regard d'éventuels phénomènes de bioconcentration, bioturbation et au regard des voies de transferts existantes ou potentielles dans le futur, dont accidentelles. « L’identification des voies de transfert actives participe à la définition du périmètre sur lequel la démarche de gestion doit être conduite. Il peut être largement supérieur aux limites foncières du lieu sur lequel a été mise en œuvre l’activité à l’origine de la pollution. Il pourra s’affiner dans le temps en fonction des connaissances acquises » rappelle l'IRSN dans son guide.

Origines

Elle peut avoir plusieurs origines. Il s'agit surtout de :

Origines des polluants et contaminants radioactifs :

Article détaillé : Retombées radioactives.

Diagnostic

Il est nécessaire pour évaluer la gravité de la pollution, les solutions possibles, le plan d'action et un éventuel plan de suivi dans le temps ; Il doit être orienté en fonction de la pollution avérée et/ou suspectée. Il doit être exhaustif et porter sur des zones d'intérêt (« zone sur laquelle la présence d’une pollution est avérée ou suspectée ») et sur un périmètre plus large, mais « adéquat » (L'IRSN rappelle dans son guide que « le retour d’expérience montre en effet que lorsque la phase de diagnostic est menée avec une exigence d’exhaustivité insuffisante, elle conduit fréquemment à une analyse lacunaire des situations et à l’adoption de décisions inadaptées »).

Il se fait sur trois bases :

L'IRSN recommande que le diagnostic fasse l'objet, chemin faisant d'une « information continue et adaptée des différentes parties prenantes ».

Les niveaux de contamination des produits situés en bas de chaîne alimentaire sont généralement faiblement contaminé, nécessitant d'adapter la quantité analysée et d'utiliser les méthodes analytiques les plus sensibles pour les polluants considérés.

Ce travail permet aussi de prévoir les conditions d'un chantier, afin que ce chantier ne contribue pas lui-même à exposer au risque ou à diffuser des radionucléides dans l'environnement.

Après une première phase de diagnostic, « la définition des options de réaménagement et des objectifs d’assainissement associés peut conduire à engager de nouvelles phases de diagnostic, prenant généralement la forme d’investigations complémentaires. La démarche de diagnostic devient alors itérative ».

Toxicologie

La nocivité pour l'homme de la pollution radioactive est due au fait que les radioéléments ont une durée de vie plus ou moins longue et se désintègrent en émettant des rayonnements dangereux.

Lorsque des radio-éléments sont fixés sur ou à l'intérieur du corps humain, ils peuvent être dangereux même si la quantité totale de rayonnements émis est relativement faible, car ils atteignent les cellules environnantes de manière très concentrée, pouvant créer des tumeurs (Cf. caractère mutagène des radiations).

Le corps humain peut être amené à fixer des radio-éléments de plusieurs manières :

Via le transport par l'eau ou l'air ou la circulation de gibier ou d'aliments contaminés, certains effets peuvent être « différés » dans l'espace ou dans le temps, par exemple l'apparition d'une augmentation des cas d'hypothyroïdisme a été constaté près d'industries manipulant des produits radioactifs, mais aussi après la catastrophe de Tchernobyl, ou à la suite des essais nucléaires atmosphériques et notamment pour la thyroïde,, le fœtus pouvant aussi être exposé in utero,.

Plus récemment, selon une étude publiée en 2013, les résultats d'un test-diagnostic de l'hypothyroïdie systématiquement pratiqué chez les nouveau-nés de Californie depuis plusieurs années (mesure de la TSH), montrent (en additionnant les cas limites et les cas confirmés d’hypothyroïdie à la naissance) que le taux de bébés concernés par une anomalie hormono-thyroïdienne a été multiplié par 7 dans les 9 mois et demie qui ont suivi le passage du nuage radioactif de Fukushima au-dessus des États-Unis au printemps 2011 (et dont la mère a donc pu être exposés à des retombées durant la grossesse) ; 4670 cas ont été détectés en quelques mois en Californie après le passage du nuage,. La Californie faisait partie des États où une augmentation de la radioactivité bêta avait été observée (décuplement environ par rapport à la normale). Les auteurs n'ont pu trouver aucune autre explication à cette hausse des cas d'hypothyroïdie du nourrisson. Ces derniers estiment qu'au regard de la sensibilité du fœtus et de l'enfant à l'exposition aux rayonnements, « une analyse plus approfondie du potentiel de Fukushima à causer des effets néfastes sur la santé des nouveau-nés est nécessaire » notamment parce que la bonne construction du cerveau dépend des hormones et du système thyroïdiens.

Action de protection de la population et de l'environnement proche

Elles se font souvent en deux temps, avec :

En France

Notes et références

  1. Norme ISO 11074-4 "Qualité du sol - Vocabulaire - Partie 4 : termes et définitions relatifs à la réhabilitation des sols et sites", décembre 1986.
  2. IRSN, Gestion des sites potentiellement pollués par des substances radioactives, 2011, PDF, 122 p.
  3. Arrêté du 25 mai 2005 relatif aux activités professionnelles mettant en œuvre des matières premières naturellement radioactives mais non exploitées en raison de leurs propriétés radioactives
  4. Tav J (2017) Etude du dépôt de radionucléides par les gouttelettes de brouillards et de nuages sur les végétaux à partir d'expérimentations in situ (Doctoral dissertation).
  5. Réseau national de mesure de la radioactivité de l’environnement, lancé en février 2010, par l’ASN et l’IRSN ; http://www.mesure-radioactivite.fr/public/
  6. Annexes 2 et 3 de la Note ministérielle "Sites et sols pollués - Modalité de gestion et de réaménagement des sites pollués" du 8 février 2007
  7. Baklanov, A., Mahura, A., Sørensen, J. H., Rigina, O. et Bergman, R. (2002). Methodology for risk analysis based on atmospheric dispersion modelling from nuclear risk sites. Rapport technique 02-16, DMI, Danemark
  8. Belot, Y., Caput, C. et Guenot, J. (1988), Étude bibliographique du lavage par la pluie des radionucléides particulaires et gazeux émis en situation accidentelle. Rapport technique, IRSN et EDF, France
  9. Euratom n°2218-89 du 18 juillet 1989 modifiant le règlement n°3945-87 du 22 décembre 1987.
    Voir aussi : règlement Euratom n°770-90 du 29 mars 1990
  10. Mangano, J.J. (2009) Newborn hypothyroidism near the Indian Point nuclear plant. www.radiation.org/reading/pubs/091125/hypothyroid_ind ianpoint.pdf
  11. Williams, D. (1996) Chernobyl and hypothyroidism. Lancet,348, 476.https://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(05)64570-9
  12. Mangano, J.J. (1996) Chernobyl and hypothyroidism. Lancet, 347, 1482-1483. https://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(96)91716-X
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  17. Beierwaltes, W.H., Hilger, M.T. and Wegst, A. (1963) Radioactive concentrations in fetal human thyroid from fallout. Health Physics, 9, 1263-1269. https://dx.doi.org/10.1097/00004032-196312000-00030
  18. Changes in confirmed plus borderline cases of congenital hypothyroidism in California as a function of environmental fallout from the Fukushima nuclear meltdown Open Journal of Pediatrics, 2013, 3, 370-376 OJPed ; DOI : https://dx.doi.org/10.4236/ojped.2013.34067 ; publié en ligne en décembre 2013 (http://www.scirp.org/journal/ojped/)
  19. Mangano, J.J. and Sherman, J.D. (2013) Elevated airborne beta levels in Pacific/West Coast US states and trends in hypothyroidism among newborns after the Fukushima nuclear meltdown. Open Journal of Pediatrics, 3, 1-9. https://dx.doi.org/10.4236/ojped.2013.31001
  20. Levitssky, L.L. and Straussman, S. (2012) Congenital hypothyroidism—Monitoring thyroid function in infants. European Endocrinology, 8, 53-56
  21. Howdeshell, K. (2002) A model of the development of the brain as a construct of the thyroid system. Environmental Health Perspectives, 110, 337-348
  22. BASOL, Inventaire des sites faisant l’objet de mesures de gestion pour prévenir les risques pour les populations riveraines et les atteintes à l’environnement
  23. Basias, Inventaire des sites qui ont accueilli par le passé une activité industrielle ou de service
  24. Circulaire ministérielle du 3 avril 1996 relative à la réalisation de diagnostics initiaux et de l’évaluation simplifiée des risques sur les sites industriels en activité Circulaire du 10 décembre 1999 relative aux sites et sols pollués et aux principes de fixation des objectifs de réhabilitation
  25. Guide méthodologique de gestion des sites industriels potentiellement contaminés par des substances radioactives (mai 2001 : version 0 puis mai 2008 : version 1 intégrant une modification de certains coefficients de dose).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes