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La phonologie chinoise historique vise la reconstitution des sons et prononciations passées des langues chinoises. Le chinois étant écrit avec des sinogrammes, et non avec un alphabet, un abjad ou un syllabaire, les méthodes utilisées pour ces reconstructions diffèrent sensiblement de celles employées pour les langues dont l’écriture témoigne de la prononciation, dont les langues indo-européennes.
La langue chinoise est très anciennement documentée, avec les premières écritures sur os d'oracles datant de -1250. Cependant, l’écriture n’utilisant pratiquement que des notations logographiques, ne donnant pas d’indication directe de la phonologie, la reconstruction de parler anciens s’avère ardue et dépend essentiellement d’informations externes relatives à la phonologie de la langue. Sur la base de ces sources, la langue chinoise parlée peut être considérée selon trois grandes périodes :
Le sinologue suédois Bernhard Karlgren (1889-1978) fut le principal artisan du développement de la phonologie historique du chinois à partir des outils et méthodes occidentaux.
Le chinois médiéval avait une structure relativement équivalente aux variétés modernes (en particulier les langues conservatrices telles le cantonais), avec des mots essentiellement monosyllabiques, peu de morphologie dérivative, 3 tons, et une structure de syllabe comprenant une consonne initiale, une semi-voyelle, une voyelle principale, et une consonne finale, avec un grand nombre possible de consonnes initiales, et un nombre sensiblement de consonnes finales. Sans compter la semi-voyelle, aucun assemblage ne pouvait intervenir en début ou fin de syllabe.
Le chinois archaïque par ailleurs, avait une structure sensiblement différente. Il n’existait pas de tons, un plus grand nombre possible de consonnes finales, et de plus nombreux assemblages possibles de consonnes en début ou en fin de syllabe. Il existait un système bien développé de dérivatifs et une possibilité d’inflexions morphologiques, en utilisant des consonnes à ajouter en début ou en fin de syllabe. Ce système était équivalent à celui reconstruit du en:Proto-Sino-Tibetan et peut toujours être identifié dans le tibétain écrit. Il est également équivalent à des systèmes se trouvant dans les en:Mon–Khmer languages plus conservateurs, tels le khmer moderne.
La principale modification ayant conduite aux différentes langues chinoises modernes est la réduction sensible du nombre de consonnes et de voyelle, et l’augmentation du nombre de tons en conséquence (et en particulier une scission pan-Asie orientale de ton, qui a permis de doubler le nombre de tons alors que disparaissait la distinction entre les consonnes sonores et les consonnes sourdes). Ce qui a progressivement conduit à une réduction du nombre possible de syllabes. En mandarin standard, cette réduction est plus importante qu’ailleurs, avec seulement 1 200 syllabes possibles. Il en résulte, en mandarin en particulier, que les mots plurisyllabiques se sont multipliés pour remplacer des mots monosyllabiques difficiles à différencier et reconnaître à l’oral, à tel point que la majorité des mots du mandarin comportent désormais deux syllabes.
Les termes « chinois archaïque » et « chinois médiéval » se réfèrent à des périodes couvrant plusieurs siècles, voire un millénaire, pendant lesquelles des changements importants sont intervenus et ont pu être identifiés. Bien qu’il n’existe pas de système unanimement reconnu pour définir plus finement ces périodes, la chronologie ci-dessous illustre les évolutions la langue chinoise depuis les écritures sur os d’oracles jusqu’au mandarin standard :
Une tradition locale de phonologie chinoise s’est développée à l’époque du chinois médiéval. Les linguistes chinois ont longuement compilé des dictionnaires et tenté d’identifier la prononciation de sinogrammes difficiles en spécifiant des caractères homophones. Au cours des premiers siècles de notre ère par ailleurs, la méthode fanqie fut inventée, qui permit de spécifier la prononciation sans ambiguïté en utilisant un caractère pour décrire l’initiale, et un autre pour le surplus de la syllabe. Vers le VIe siècle, des tentatives de compilation exhaustives des prononciations de tous les caractères via le fanqie, culminant avec la synthèse que constituent les dictionnaires de rimes tel le Qieyun (année 601).
Au cours des siècles suivants, l’influence grandissante du Bouddhisme et des érudits bouddhistes mirent les linguistes chinois en contact avec la tradition de la grammaire sanskrite, ayant déjà développé des connaissances avancées de phonologie et de phonétique, dont un système d’analyse des sons par les traits distinctifs, dont le point d'articulation et le type de phonation. Ce qui permit l’établissement de tableaux de rimes tels le Yunjing (vers 1150), une analyse sophistiquée du système phonologique du Qieyun.
Au cours de la dynastie Qing (1644–1912), des érudits tels que Duan Yucai étudièrent soigneusement les systèmes phonologiques du chinois archaïque et du chinois médiéval. Par l’examen attentif des tableaux de rimes et des dictionnaires de rimes, et la structure de rimes dans les poèmes de diverses époques, ces érudits parvinrent à en déduire les catégories de rimes du chinois archaïque, et découvrirent de nouvelles catégories dans le chinois médiéval. Cependant, ces études parvinrent rapidement à leurs limites de par leur défaut de conceptualisation phonétique, tel que le phonème — c'est-à-dire une unité de base de son, c'est-à-dire voyelle et segments de voyelles, ainsi que les consonnes. Ce qui rendait impossible d’aller au-delà des catégories de rimes pour retrouver une reconstruction de sons.
D’une certaine façon, le défaut de développement du concept d’unités sonores par les Chinois est étonnant, car il avait été précédemment développé par des grammairiens sanskrits tels Pāṇini dès le IVe siècle av. J.-C. au moins, et l’analyse phonologique du Yunjing montre une proximité avec les traditions de la grammaire sanskrit. De plus, certains systèmes d’écriture non chinois dans l’aire culturelle chinoise, telle l'écriture coréenne et en particulier l’écriture tibétaine, furent développés sous l’influence des systèmes d’écriture indiens, intégrant la notion de phonème (également, l'écriture ’phags-pa, une écriture alphabétique d’origine tibétaine, fut utilisée pour écrire le chinois lui-même au cours de la dynastie mongole Yuan, vers 1270-1360, mais tomba plus tard en désuétude).
Dès lors, les premières reconstructions des systèmes phonologiques contemporaines du chinois archaïque et médiéval ne furent réalisées qu’au début du XXe siècle, par le sinologue suédois Bernhard Karlgren. Fort de sa connaissance de la linguistique comparée occidentale, il alla étudier en Chine entre 1910 et 1912, créant une liste d’environ 3.100 caractères et recueillant des données phonologiques sur la prononciation de 19 dialectes mandarins ainsi que des dialectes de Shanghai (wu), Fuzhou (min oriental), et du Guangdong (cantonais). Il combina ses travaux avec les prononciations du vocabulaire sino-japonais et sino-vietnamien, ainsi qu’avec des travaux précédemment publiés sur 9 dialectes, et finalement avec l’analyse fanqie du dictionnaire de rimes Guangyun (un texte dérivé du Qieyun de 601). En 1915, il publia sa reconstruction du chinois médiéval, qui servit de base aux travaux de reconstructions plus tard publiés. Walter Simon et Henri Maspero contribuèrent également grandement à ces premières reconstructions. Karlgren lui-même n’eut pas directement accès au Qieyun, qui était supposé perdu à l’époque ; cependant, des extraits du Qieyun furent retrouvés dans les années 1930 dans les grottes de Dunhuang, et une copie quasi complète fut découverte en 1947 à la Cité interdite.
Karlgren tenta également de premières reconstructions du chinois archaïque. Ses premiers travaux sur le chinois médiéval comprenaient diverses hypothèses pour le chinois archaïque, et une première reconstruction détaillée fut publiée à l’occasion de Grammata Serica (1940), un dictionnaire de reconstruction du chinois archaïque et médiéval. Une version plus développée, Grammata Serica Recensa, fut publiée en 1957 et est toujours une référence classique et contemporaine.
La reconstruction du chinois médiéval fut établie à partir des sources suivantes (par ordre approximatif d’importance) :
Karlgren suggéra que le chinois médiéval du Qieyun fut la langue des dynasties Sui et Tang. De nos jours, grâce à l’accès direct au Qieyun, cette notion a été remplacée par l’hypothèse que le système phonologique du Qieyun représente ou propose une lecture littéraire adoptée par la classe sociale éduquée à travers le pays, et non pas une langue vivante existante à l’époque. Par exemple, en certains cas une distinction entre traits A, B et C parmi les initiales ou finales a pu donner naissance dans une langue de l’époque Qieyun à une fusion des traits A et B, avec un trait C conservé, alors qu’une autre langue fusionnera plutôt les traits B et C face à A. Dans ce cas, le Qieyun posait A, B et C comme tous distincts alors même qu'aucun dialecte de l’époque ne posait une telle distinction : toute langue de l’époque qui aurait opéré une telle distinction l’aurait fait d’autres manière que le système du Qieyun.
La reconstruction du chinois archaïque est plus controversée depuis que celui-ci a été extrapolé depuis des données du chinois médiéval. Les informations phonologiques relatives au chinois archaïque sont principalement issues :
Il y a des désaccords quant à ce à quoi ressemblait une syllabe du chinois archaïque (OC, pour Old Chinese). Les hypothèses suivantes sont un consensus approximatif, basées sur les systèmes de William H. Baxter et (précédemment) Li Fang-kuei :
Les principaux développements depuis le chinois archaïque (OC) vers le chinois médiéval précoce sont les suivants (EMC, pour Early Medieval Chinese) :
Dans une large mesure, le chinois médiéval tardif (LMC, pour Late Middle Chinese) vers 1000 ap. J.-C. peut être considéré comme l’ancêtre direct de toutes les langues chinoises modernes à l’exception des langues min. En d’autres mots, reconstruire la langue parente des langues chinoises modernes en excluant les langues min ne mène pas au-delà de la reconstruction du chinois médiéval tardif. Voir ci-dessous pour plus d'informations.
Identifier précisément quels changements sont intervenus entre le chinois médiéval précoce et le chinois médiéval tardif dépend du système de reconstruction de ces langues que l'on adopte. Par la suite, la reconstruction du chinois médiéval précoce de Baxter sera comparée avec celle de Pulleyblank du chinois médiéval tardif. Pour mesurer combien ces deux systèmes reflètent la réalité, ils pourraient être aussi distants l'un de l'autre que les quelque 400 ans séparant le chinois médiéval précoce du chinois médiéval tardif, le système de Baxter ayant l'ambition d'harmoniser le chinois archaïque alors que le système de Pulleyblank entend plus particulièrement décrire une langue proche des développements récents du mandarin. De plus, Baxter considère que le Qieyun est une langue effectivement parlée, alors qu'il s'y trouve clairement plusieurs anachronismes qui ne figuraient plus en aucune langue parlée en 600 de notre ère. Finalement, certains des « changements » identifiés pourraient ne pas en être, car résultant plus d'une reconstruction que d'un état effectif de la langue décrite.
Les changements concernent essentiellement les initiales, les médianes et la voyelle principale :
Il y eut peu de changements dans les consonnes finales ; les principaux sont la disparition de /j/ après une voyelle haute, la disparition de /ɨ/ (en tant que consonne finale ou non) dans la rime /-ɛɨ/, et éventuellement l’apparition de /jŋ/ et /jk/ (suspecte pour diverses raisons, voir infra).
Les tons n'ont pas phonétiquement changé. Cependant, allophoniquement, ils se sont scindés en un ton haut dans des syllabes avec des initiales voisées, et ton bas dans des syllabes avec des initiales non voisées. Toutes les variétés modernes de chinois présentent cette distinction, aboutissant in fine à de nouveaux ton non corrélés avec le voisement, cette distinction voisé / non voisé ayant généralement plus tard disparu.
Les changements suivants se sont approximativement succédé.
Les labiales (/p, ph, b, m/) du chinois médiéval précoce devinrent en chinois médiéval tardif (LMC) des labiodentales (/f, f, v, mv/), incluant en certaines circonstances une semi-voyelle. Le cas échéant, la semi-voyelle disparaît, et /p/ et /ph/ se transformant en /f/. Suivant la reconstruction de Baxter, cela se produit lorsqu’une labiale est suivie d’une semi-voyelle /j/ et que la voyelle principale est une voyelle postérieure. D’autres reconstructions formulent parfois d’autres hypothèses.
Dans leur ordre approximatif d'apparition :
Chinois médiéval précoce | Chinois médiéval tardif | Mandarin standard |
---|---|---|
/ʔ/ | /ʔ/ | disparu |
ng /ŋ/ | /ŋ/ | disparu |
ny /ɲ/ | /r/ | r |
nr /ɳ/ | /ɳ/ | n |
l | l | l |
labiales (p,ph,b,m) | idem | labiales (p,b,m) |
labiodentale (f,v,mv) avant /j/ + back vowel | f,w | |
velaire (k,kh,g,x,h) | idem | velaire (k,g,h) |
palatale (j,q,x) avant /i/ ou /y/ | ||
sifflante alvéolaire (ts,tsh,dz,s,z) | idem | sifflante alvéolaire (z,c,s) |
palatale (j,q,x) avant /i/ ou /y/ | ||
arrêt alveolaire (t,th,d) | idem | arrêt alvéolaire (t,d) |
sifflante palatale (tsy,tsyh,dy,sy,zy) | sifflante rétroflexe | sifflante rétroflexe (zh,ch,sh) |
sifflante rétroflexe (tsr,tsrh,dr,sr,zr) | ||
arrêt rétroflexe (tr,trh,dr) | arrêt rétroflexe |
Et plus spécifiquement :
En général, le mandarin a gardé le système du chinois médiéval tardif en matière de consonnes initiales et de voyelles (mieux d’ailleurs que d'autres langues chinoises modernes), mais a drastiquement diminué la variété des consonnes finales. Les changements systématiques en début de syllabe sont la perte de la distinction chongniu de i/ji et y/jy (qui apparait dans toutes langues chinoises modernes), et la perte de la distinction entre /a/ et /a:/. Toutes consonnes finales d'arrêt sont perdues, et les distinctions de finales nasales se limitent à la distinction entre /n/ et /ŋ/.
Les changements exacts intervenus touchant les finales sont complexes et pas nécessairement explicables et prévisibles, avec différentes issues. La liste suivante est un résumé sommaire. Plus d'informations peuvent être trouvées dans le tableau des finales du chinois médiéval précoce.
Changements aux voyelles médianes :
Changements pour la voyelle principale :
Changements aux codas (consonne finale) :
Une scission de ton est apparue à la suite de la perte de la distinction voisée / sourde dans la consonne initiale. Les tons distingués fusionnèrent cependant de nouveau sauf pour le ton 1 du chinois médiéval ; les tons 1, 2 et 3 du chinois médiéval devinrent les ton 1, 2, 3 et 4 du mandarin (certaines syllabes présentant le ton 3 acquirent le ton 4 ; voir infra). Les syllabes avec un arrêt final, à l'origine sans ton, ont acquis l'un des 4 tons modernes du mandarin ; pour les syllabes présentant une consonne initiale sourde du chinois médiéval, cette acquisition d'un ton donné fut aléatoire.
Ci-dessous les évolutions détaillées de ton chinois médiéval vers le mandarin :
V- = consonne initiale voisée
L = consonne sonore initiale
V+ = consonne initiale voisée
chinois médiéval | ton | Ping (平) | Shang (上) | Qu'(去) | Ru (入) | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Initiale | V- | L | V+ | V- | L | V+ | V- | L | V+ | V- | L | V+ | |
Mandarin standard | Nom de ton | Yin Ping (陰平, 1) |
Yang Ping (陽平, 2) |
Shang (上, 3) |
Qu (去, 4) |
redistribué sans règle particulière |
Qu | Yang Ping | |||||
Contour de ton | 55 | 35 | 214 | 51 | 51 | 35 |
Il est connu que si les deux morphèmes d'un mot composé ne peuvent être ordonnés par la grammaire, l'ordre des deux est généralement déterminé par ton - Yin Ping (1), Yang Ping (2), Shang (3), Qu (4), et Ru, qui est la finale plosive qui a déjà disparu. Ci-dessous figurent quelques mots composés auxquelles cette règle s'applique. Les numéros de ton sont indiqués entre parenthèses, et R indique Ru.
La plupart des langues chinoises modernes descendant du chinois médiéval tardif de l'an 1000 de notre ère. Par exemple, toutes les langues autres que les langues min ont des consonnes labiodentales fricatives (par exemple /f/), un changement intervenu au chinois médiéval précoce des environs de l'an 600. En fait, certains changements intervenus après le chinois médiéval tardif se retrouvent dans toutes ces langues modernes, tels la perte des distinctions figurant dans le chongniu (entre par exemple /pian/ et /pjian/, tel que dans la transcription de Edwin Pulleyblank). D'autres caractéristiques présentes dans les langues chinoises modernes, telle la perte consonne constrictive initiale et la scission du ton correspondant, sont des caractéristiques spécifiques qui ont survécu dans les différents dialectes.
Les langues min, par ailleurs, sont connues pour s’être séparées avec l’apparition du chinois médiéval précoce (EMC), vers 600 de notre ère. Cela n’atteste pas seulement le développement des fricatives labiodentales ou d’autres changements spécifiques du LMC, mais un nombre important de caractéristiques présentes dans le EMC apparaissent ne pas avoir été développées. Un exemple en est la série d’arrêts rétroflexes présents dans le EMC, qui se sont développés à partir des précédents arrêts alvéolaires suivis de /r/, et qui ont plus tard fusionné avec des consonnes sifflantes. Dans les langues min, les mots correspondants présentent toujours des arrêts alvéolaires. La différence peut notamment être observée dans le nom « thé » tel qui a évolué dans différentes langues : en espagnol te, en anglais tea, face au portugais cha voire l’anglais chai, issus de la langue Amoy (min méridional) /the/, face au mandarin standard /tʂha/.
Dans le cas de différences qui n'ont jamais été développées dans les langues min, il peut être envisagé que ces différence sont bien été développées, mais pour disparaître ensuite. Par exemple, il pourrait être envisagé que les langues min descendent d'une variété du chinois médiéval où les arrêts rétroflexes reviennent vers des arrêts alvéolaires, au lieu de devenir des sifflantes rétroflexes. Cependant, cet argument n'est pas pertinent si des distinctions existent en langues min et n'apparaissent pas en chinois médiéval précoce, ce qui est effectivement le cas. En particulier, le proto-min, la langue min ancienne reconstruite et ancêtre des variété des modernes de langues min, présent six variétés différentes d'arrêts, qui correspondent à trois séries (sourdes, sourdes aspirées, voisées) du chinois médiéval. Les trois séries additionnelles sont les aspirées voisées (ou murmurées), les sourdes « légères », et les voisées « légères ».
Il y a des preuves que les arrêts aspirés voisés viennent d'une distinction tonale entre les arrêts. Quand les stops voisés devinrent sourds dans divers parlers et déclenchèrent une scission de ton, les mots avec ces arrêts prirent un nouveau ton bas (appelé yang), alors que des mots avec des arrêts sourds avec des arrêts aspirés et non aspiré prirent un ton haut (appelé yin). Il en résulta que le ton yin s’applique à des mots contenant des stops aspirés et non aspiré, alors que les mots utilisant le yang n'en ont qu'un des deux, ce dépendant de la façon dont les arrêts voisés ont évolué. Les variétés min ne présentent pas ces caractéristiques, disposant de mots avec stops aspirés et non aspirés dans les tons yang et yin. Ce qui conduisit les chercheurs à reconstruire les aspirées voisées (probablement des consonnes voisées murmurées) en proto-min, qui développèrent des aspirées sourdes pour le ton yang.
De plus, en certaines langues min, certains mots avec des arrêts du chinois médiéval précoce sont réfléchis avec des arrêts alors que d'autres sont réfléchis avec consonnes « adoucies », typiquement des fricatives voisées ou approchant. De tels « arrêts doux » apparaissent dans les classes yin et yang, suggérant que le proto-min possédait à la fois des « arrêts doux » voisés et non voisés.
Les spécialistes considèrent généralement que ces sons proto-min témoigne de distinctions qui se trouvaient en fait dans le chinois archaïque, qui ont disparu dans le chinois médiéval précoce mais sont restées dans le proto-min. Jusque récemment, aucune reconstruction du chinois archaïque n'envisageait les spécificités du proto-min, mais les reconstructions récentes de William Baxter et Laurent Sagart ont pris en compte notamment ces dernières pour l'évolution des consonnes aspirées voisées et les arrêts doux. Selon eux, les aspirées voisées rendent les arrêts du chinois archaïque de mots présentant certaines consonnes-préfixes, alors que les arrêts doux rendent plutôt les arrêts du chinois archaïque de mots présentant un arrêt dans des mots avec un préfixe syllabe mineure (que l'on retrouve notamment dans les Langues môn-khmer), avec donc un arrêt intervenant entre des voyelles. L'hypothèse d'un développement des arrêts doux est très proche du développement des fricatives voisées en langue vietnamienne, que l'on retrouve par ailleurs dans les deux variétés yin et yang, que l'on considère avoir été développées à partir de mots présentant de syllabes mineures.