Dans cet article, nous allons plonger dans le monde fascinant de Karl Polanyi. Que vous soyez un passionné d'histoire, un amateur de littérature, un fan de musique ou simplement intéressé à apprendre quelque chose de nouveau, Karl Polanyi a quelque chose à offrir à tout le monde. Nous explorerons ses origines, ses impacts sur la société contemporaine et ses possibles développements futurs. De ses racines ancestrales à sa pertinence aujourd’hui, Karl Polanyi est un sujet qui ne cesse de surprendre et de fasciner ceux qui se plongent dans son étude. Préparez-vous à vous plonger dans un voyage passionnant à travers cet univers passionnant !
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Polányi Károly |
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Cecília Wohl (en) |
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Laura Striker (d) Michael Polanyi |
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Ilona Duczyńska (en) |
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Kari Polanyi Levitt (en) |
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Karl Polanyi ou Károly Polányi, né Károly Pollacsek (, ) le en Autriche-Hongrie, à Vienne, mort le au Canada à Pickering, au bord du Lac Ontario, est un économiste austro-hongrois, généralement considéré comme étant d'obédience politique socialiste ou marxiste occidentale chrétienne (hétérodoxe), chercheur à l'université Columbia à New York, naturalisé américain et canadien, spécialiste d'histoire et d'anthropologie économiques.
Son livre majeur, La Grande Transformation, souligne l'absence de naturalité et d'universalité de concepts comme l'« Homo œconomicus », « le marché » et la « compétition », souvent présentés comme évidents ou ayant une valeur et une signification uniques ou intemporelles. Vision erronée et utopique qui résulte selon lui du « désencastrement » de l'économie (opéré par le libéralisme), terme signifiant son autonomisation vis-à-vis de toutes les lois sociales, morales, éthiques ou même juridiques des sociétés humaines traditionnelles. Polanyi défend au contraire une vision de l'économie construite sur les solidarités assumées entre les hommes.
Un autre ouvrage, La Subsistance de l'homme, publié à titre posthume en 1977 sous le titre original anglais The Livelihood of Man, se veut une contribution à l'élaboration d'une histoire économique générale comparative rassemblant les recherches sur les sociétés antérieures à la « société de marché », qui est la nôtre depuis deux siècles seulement. S'inspirant des fondateurs de l'anthropologie comme des grands théoriciens de l'histoire économique, Polanyi y déploie et précise sa conception originale en l'appliquant aux économies de l'Antiquité. Développant le concept de « substantivisme », il y défend le fait qu'une société doit garantir à chaque individu les conditions matérielles et morales de sa subsistance.
Son idéal – d'après son traducteur québécois B. Chavance – est celui d'un socialisme démocratique où les activités seraient soumises à une réglementation politique de la société, conformément aux exigences de la « Liberté dans une société complexe ». Les marchés y auraient toute leur place pour les produits, mais non pour la détermination des revenus liés au travail ou à la terre ; la prétendue autorégulation de l'économie de marché serait ainsi remplacée par une combinaison plus équilibrée de la redistribution, de la réciprocité et de l'échange.
Intellectuel juif, issu d'une famille ashkénaze, Karl Polanyi soutient cependant un socialisme séculariste et laïc. Dans l'exercice privé de sa foi, il se convertit au christianisme, par conviction politique et éthique en 1922, et pour « embrasser l'amour du Christ », selon ses mots. Il voit dans la religion chrétienne l'une des doctrines défendant l'avènement de l'universalisme, de la justice sociale, de la démocratie sociale et de la modernité politique, mais également d'une forme de socialisme autonomisant, où chaque individu est libre de son destin, et endosse la responsabilité morale en découlant, prenant conscience avec lucidité de la charge vertigineuse que cette liberté implique, et est à ce titre attentif aux solidarités nouées avec ses prochains pour les accompagner dans cette épreuve.
Figure intellectuelle du socialisme, son nom est souvent mobilisé par les théoriciens et partisans de l'économie sociale et solidaire et par les défenseurs de l'altermondialisme, notamment par les sociologues du MAUSS, les activistes d'Attac et les économistes de l'école de Toulouse en France (Geneviève Azam, Bernard Maris, etc.). L'héritage de sa pensée a également été diffusé par sa fille, Kari Polanyi-Levitt, doctorante à la London School of Economics, enseignante à l'Université McGill de Montréal et créatrice d'une Fondation Karl Polanyi au Québec.
Né à Vienne, Karl est le fils de Mihály et Cecília Pollacsek (née Cecília Wohl), respectivement des juifs ashkénazes séculiers de Ungvár (alors en Hongrie et maintenant en Ukraine) et de Vilnius, en Lituanie. La famille de son père était composée d’entrepreneurs issu de la bourgeoisie hongroise, tandis que le père de sa mère était le grand-rabbin de Vilnius. La famille part pour Budapest et magyarise son nom en Polányi.
Son père convertit ses enfants au christianisme. Dès les années 1920, Karl Polanyi s'intéresse aux enseignement moraux, aux idéaux de justice sociale et à la doctrine sociale de l'Église catholique. Il développe alors une foi profonde, qui ne cesse de s'intensifier malgré ce qu'il confesse être des moments de doute.
Son père participe alors à la construction d'une grande partie du système ferroviaire hongrois, mais perd la majeure partie de sa fortune en 1899, en raison du mauvais temps qui fait exploser le budget de l'un de ses projets. Il meurt en 1905. Cecília Polányi établit alors un salon qui était très connu parmi les intellectuels de Budapest, et le maintient jusqu'à sa mort en 1939.
Le frère cadet de Karl est Michael Polányi (1891-1976), chimiste, épistémologue et penseur libéral (notamment présent lors du célèbre colloque Walter Lippmann de 1938), et sa nièce Éva Zeisel, une céramiste mondialement réputée.
Karl Polanyi a trois cousins célèbres : l'intellectuel marxiste Ervin Szabó, Ernő Seidler et Ernő Pór.
Il a également une fille, Kari Polanyi-Levitt (née en 1923), professeur d'économie à l'Université McGill à Montréal, au Canada. Kari Polanyi-Levitt fut l'élève de ses contemporains Karl Popper et Friedrich Hayek lors de ses études à Londres dans les années 1950, à la London School of Economics.
Alors qu'il est étudiant à l'université de Budapest (Budapesti Tudományegyetem), il fonde en 1908 le Cercle Galilée, dont il est le premier président, et qui rassemble des étudiants progressistes de cette université. Les caractéristiques affichées de ce cercle de radicaux « éclairés » sont :
Il fréquente Georg Lukacs, Oscar Jászi et Karl Mannheim. Il est diplômé en philosophie en 1908 et en droit en 1912.
En 1914, il participe à la création du parti radical hongrois, et en devient secrétaire. Polanyi sert en tant qu'officier dans la cavalerie austro-hongroise pendant la Première Guerre mondiale, mais est hospitalisé à Budapest puis démobilisé pour incapacité après être arrivé sur le front russe. Après la guerre, il s’installe à Budapest et reprend l'activisme politique. Il soutient le gouvernement républicain de Mihály Károlyi et son régime social-démocrate. La république est de courte durée et, quand Béla Kun renverse le gouvernement Károlyi et crée la République des Conseils de Hongrie, Polanyi est forcé d'émigrer à Vienne en 1919.
Selon Ilona Duczynska Polanyi, une lettre datée de 1950 serait « le document le plus sincère et le plus révélateur sur le cours pris par son existence » :
« D'un point de vue éthique, le Cercle Galilée fut un succès fructueux. Pour la première fois depuis 1848, probablement, les masses étudiantes se voyaient confrontées à un “engagement” moral et le mettaient en pratique. Mais, politiquement, un de mes manques fut irrécupérable. (…) C'est à cause de lui que le Cercle Galilée ne trouva pas en 1918 une génération unie avec la paysannerie et les minorités nationales, prête pour de longs et difficiles combats… Qui en porte la responsabilité ? Moi. J'ai conduit le Cercle vers une direction antipolitique. Je n'ai essayé d'agir ni avec la classe ouvrière, ni avec la paysannerie, ni avec les minorités nationales. Je n'ai pas même cherché une unité fondée sur l'action. Je n'ai jamais été un homme politique, je n'avais pas le moindre talent pour cela, ni le moindre goût. »
Rétrospectivement, Polanyi juge amèrement ce qu'il appelle le manque de réalisme dont il a fait preuve : « m'a condamné à l'inefficacité tant sur un plan théorique que pratique. De 1909 à 1935, je n'ai rien accompli. Toutes mes forces tendues vers un pur et vain idéalisme se sont perdues dans le vide ».
De 1924 à 1933, il travaille en tant que journaliste économique et politique entre autres pour le prestigieux Oesterreichische Volkswirt. C'est à cette période qu'il devient économiste. Il organise un séminaire de réflexion sur l'économie socialiste, qui l'amène à polémiquer avec l'économiste Ludwig von Mises, l'un des chefs de file de l'école autrichienne d'économie. Pour ce dernier, l'économie socialiste, centralisée et planifiée, n'est pas viable, car en faisant disparaître le mécanisme des prix, qui donne en temps réel aux agents économiques l'information (notamment sur la rareté des produits) dont ils ont besoin pour prendre leurs décisions, elle rend impossible le calcul économique. Polanyi propose une forme d'économie décentralisée s'appuyant sur des associations coopératives de producteurs et de consommateurs, où les critères d'efficacité économique sont tempérés par des choix sociaux librement déterminés par les associations.
À la fin des années vingt, dans un manuscrit oublié intitulé « Sur la Liberté » (Über die Freiheit), Polanyi formule pour la première fois sa double critique philosophique des religions et du socialisme contemporains. Dans ce texte prennent forme les idées qui seront les pierres angulaires de ses travaux ultérieurs et de sa philosophie de l'existence : « le dépassement de l'éthique individuelle chrétienne, la réalité de la Société, la nature ultime et irrévocable de la Société et la prise de conscience de ce caractère irrévocable ».
En 1933, à la suite de l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en Allemagne, et compte tenu de son influence en Autriche, Polanyi quitte Vienne pour Londres. Il y travaille comme enseignant pour adultes au sein de la “Workers Education Association”.
Il enseigne l'histoire économique, l'histoire du début du capitalisme en Angleterre. « Et il recueillait les souvenirs dont ses étudiants étaient richement dotés grâce à la tradition orale en vigueur dans leurs familles. Le souvenir des « dark, satanic mills » (« sombres fabriques diaboliques ») que dénonçait William Blake se transmettait de génération en génération, et la classe ouvrière anglaise - en dépit de l'amélioration qu'elle avait connue - portait encore les stigmates de sa naissance douloureuse ».
Il trouve dans ce pays une communauté d'esprits apparentés au sien et un cercle d'universitaires éminents qui alliaient à leur vision chrétienne une sympathie non critique envers l'Union soviétique. Leurs efforts communs aboutissent au « Symposium christianisme et révolution sociale ».
En 1940 lors d’un voyage aux États-Unis, il accepte l’offre du Bennington College dans le Vermont d'y enseigner l’économie politique. Cette expérience est à l'origine de la rédaction de son principal ouvrage : La Grande Transformation. Le retentissement de ce livre lui permet d'être nommé, en 1947, professeur émérite à l'université Columbia, poste qu'il conserve jusqu'en 1953, date de sa retraite.
Ces années seront le vrai tournant de sa vie :
« J'avais cinquante ans quand les circonstances en Angleterre me conduisirent à étudier l'histoire économique. C'est ainsi que je gagnais ma vie comme professeur. Car j'étais né pour être enseignant. Je n'imaginais guère alors qu'une autre vocation m'attendait et que je m'y préparais. Quelque trois ans plus tard, apparemment encore sous la pression des circonstances, j'ai écrit un livre (La Grande Transformation) par lequel j'essayais de nouveau d'interpréter l'histoire récente… Mais cette fois j'ai soutenu le cours de mes pensées par une perspective d'histoire économique. ».
K. Polanyi prend sa retraite universitaire à l'âge de 66 ans en 1953. Il poursuit et publie en 1957 des travaux de recherche : Trade and Market in the Early Empires, parus en français sous le titre Les Systèmes économiques dans l'Histoire et dans la Théorie.
Dans une conférence donnée en 1963 à l'Institut des relations culturelles de Budapest, Polanyi affirme : « Si, dans le cours de l'histoire, l'économie change de place à l'intérieur de la société, alors se pose nécessairement la question de savoir d'où elle part et où elle va ».
Karl Polanyi meurt le . Sur son cercueil sont inscrits des vers du poète et intellectuel hongrois Attila József : « Mon Dieu, je t'aime très tendrement. Si tu étais un jeune vendeur de journaux, je t'aiderais à les crier dans les rues ».
La thèse centrale de Karl Polanyi est que « la naissance du marché et de l'Homo œconomicus apparaissent étroitement corrélées » et que cette association est de nature tout à fait singulière :
La rupture réalisée par la consécration unilatérale de l'économie de marché provoquée par les économistes libéraux consiste en une forme de « dérégulation (qui) demeure utopique, car la Société réagit en protégeant ses membres, ce qui entre en contradiction avec les exigences du marché autorégulé en opérant des “ré-encastrements” volontaristes ». Ce qui va se traduire concrètement par :
Face à cette utopie qui conduit à des impasses, Karl Polanyi s'efforce de « dégager les conditions de possibilité d'un socialisme non bureaucratique, associationniste, qui n'abolisse pas le marché, mais le ré-encastre dans le rapport social et les régulations démocratiques ».
Polanyi s'est distingué notamment avec son ouvrage The Great Transformation - La Grande Transformation (qui ne fut traduit que quarante ans plus tard en français).
Cette étude renouvelle fortement l'approche et l'analyse de l'histoire du capitalisme, du XVIIIe siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, sur la base d'une description documentée des rouages économiques des sociétés industrielles, depuis les prémices des Révolutions industrielles anglo-saxonnes. En réaction au courant de l'école classique (Adam Smith, David Ricardo, Jean-Baptiste Say…), Polanyi renouvelle l'approche économique par une réflexion qualifiée de « substantiviste », par laquelle il décrit et met en avant ce qu'il dénomme la position fondamentalement « encastrée » de l'économie dans la société.
Selon Karl Polanyi, la présentation traditionnelle du rôle de la technologie dans l'histoire économique doit être dénoncée : pour lui, la révolution industrielle ne résulte pas seulement des innovations techniques, mais plutôt de ruptures sociales provoquées par l'usine et le concept de marché libre. La mécanisation de la production au sein des usines nécessite la création d'un marché libre où les marchandises et le travail sont à la fois disponibles à tout instant et peuvent s'écouler rapidement.
De ce fait, la terre, le travail et la monnaie - trois éléments qui sont la « substance de la société » -, se trouvent être transformés en marchandises circulant sur le marché. Or, ces trois éléments constituent des marchandises fictives : elles ne peuvent être considérées comme marchandises puisqu'une marchandise se définit comme quelque chose qui est en premier lieu produit pour être vendu, ce qui à l'évidence n'est pas le cas de ces trois éléments.
En justifiant et en consacrant l'émergence d'un « marché autorégulateur », l'idéologie libérale a permis le « désencastrement » de l'économie et de la technique, soit leur séparation et leur autonomisation d'avec la société globale : les sphères de la production et de la distribution des biens ne sont plus désormais sous le contrôle de la population, ni sous un contrôle politique et social comme dans les sociétés traditionnelles. Elles apparaissent dorénavant être aux mains d'intérêts privés qui se trouvent en concurrence pour obtenir le gain maximum.
Or, cette dérégulation est pour Polanyi utopique (« Entreprise utopique par laquelle le libéralisme économique a voulu créer un système de marché autorégulateur »[réf. nécessaire]). En effet, le coût social en étant trop important, la société va réagir pour protéger ses membres par la montée des protections sociales et interétatiques protectionnistes.
Cette réaction va entrer en contradiction avec les exigences du marché autorégulé : crise des années trente, effondrement des systèmes monétaires, montée des régimes autoritaires (nazisme, fascisme, stalinisme) et intervention accrue de l'État (New Deal). Dans cette crise, qui débouche sur la Seconde Guerre mondiale, Polanyi voit la fin du libéralisme économique et la montée de la bureaucratie comme nouvelle classe responsable de l'économie.
Cet ouvrage lui vaut d'être nommé à l'université Columbia, qu’il quitte en 1953 pour Toronto où il continue son travail jusqu'à sa mort en 1964.
Un institut portant le nom de Karl Polanyi a été fondé en 1987 à Montréal et entend encourager cette approche nouvelle et originale du monde et de ses mécanismes.
En France, de nombreux mouvements de l'économie sociale et solidaire font état d'analyses et réflexions s'inspirant plus ou moins directement de la pensée de Karl Polanyi,.