Johannes Trithemius

Johannes TrithemiusFonction
Abbé
Benediktinerkloster Sponheim (d)
Biographie
Naissance 1er février 1462
Trittenheim
Décès 13 décembre 1516 (à 54 ans)
Wurtzbourg
Nom de naissance Johann Heidenberg
Formation Université de Heidelberg
Activités Cryptographe, astrologue, bibliographe, écrivain, mathématicien, magicien
Autres informations
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Personne liée Willibald Pirckheimer (épistolier)
Influencé par Jacques Wimpfeling

Jean Trithème (en latin : Johannes Trithemius, en allemand : Johann von Tritheim ou Trittenheim), né le 1er février 1462 à Trittenheim et mort le 13 décembre 1516 à Wurtzbourg, est un abbé bénédictin allemand célèbre pour ses découvertes en cryptologie, pour ses chroniques, mais aussi comme ésotériste. Le nom de Trithème provient de sa ville natale.

Johannes Trithemius; Musée Condé, Chantilly, H Meister

Biographie

Jean Trithème est né Johannes von Heidenberg, le 1er février 1462 à Trittenheim (d'où son pseudonyme de « Trithemius »), dans l'électorat de Trèves, au bord de la Moselle. Du fait d'un beau-père brutal, il peut à peine lire à quinze ans. D'une curiosité insatiable, il étudie très jeune à Trèves, puis, de 1480 à 1482, à l'université de Heidelberg. En 1480, à Heidelberg, il crée avec quelques étudiants une société initiatique, la Confrérie celtique (Sodalitas celtica) ; le fameux hébraïsant et kabbaliste Johannes Reuchlin en fait partie. L'hiver 1482, en rendant visite à sa mère dans son village, il est surpris par une tempête de neige, il se réfugie dans l'abbaye des bénédictins de Sponheim près de Bad Kreuznach, dans le diocèse de Mayence. Il décide d'y demeurer et de se faire novice. Il prononce ses vœux le 21 novembre 1482. Il est élu abbé, à 22 ans, en 1483. Trithème se lance alors dans un projet ambitieux : rénover l'abbaye, qui était dans un état lamentable, y instaurer la discipline et en faire un lieu d'études. L'abbaye avait été mal dirigée pendant de nombreuses années, les bâtiments tombaient en ruine et les moines étaient oisifs la plupart du temps. Grâce à Trithème, la bibliothèque de l'abbaye passe de moins de 50 manuscrits à plus de 2 000, notamment en grec, en latin et en hébreu. Renommée dans toute la Germanie, elle attire de nombreux érudits. En 1492, il rédige un De laude scriptorum qui fait l'apologie des scribes et démontre la supériorité du manuscrit sur le livre imprimé.

Gravure représentant Jean Trithème

Il écrit des ouvrages de théologie et des ouvrages historiques sur les membres éminents de son ordre, tout en se passionnant pour l'astrologie, la magie et les sciences hermétiques. Vers 1499, il travaille sur sa stéganographie, en apparence un art de chiffrer les messages. À la suite d'indiscrétions, et comme il utilise des signes étranges dans sa stéganographie, on croit qu'il compose un grimoire de magie et il doit rendre des comptes. Cependant, ni sa foi, ni son orthodoxie ne peuvent être prises en défaut. Durant une visite qu'il rend à Heidelberg au comte palatin du Rhin, Philippe l'Ingénu, en 1505, ses moines, qui ne supportent pas l'austérité de sa discipline, se saisissent de l'occasion pour se révolter en brûlant sa bibliothèque magique.

Jean Trithème ne revient pas au monastère et pose sa démission en 1506. Il accepte l'offre de l'évêque de Wurtzbourg, Lorenz von Bibra (évêque de 1495 à 1519), qui le place comme abbé du Schottenklöster (monastère écossais) de l'abbaye Saint-Jacques de Wurtzbourg, où il demeure jusqu'à la fin de sa vie. Il y reprend ses travaux et ses enseignements secrets, mais avec beaucoup plus de prudence. Il fait croire qu'il n'achèvera pas sa stéganographie et il rédige sa Polygraphie, qui forme la suite. Il continue aussi à approfondir la kabbale et à étudier la magie en protégeant ses travaux au moyen de ses méthodes de chiffrement. Il a un savoir immense, mais son goût immodéré pour les mystères et le fantastique lui vaut des ennemis, comme des protecteurs. Il déconcerte : d'un côté, il est l'auteur d'ouvrages de piété, de théologie et d'histoire religieuse, et, d'un autre côté, sa Stéganographie et ses autres ouvrages hermétiques lui donnent une réputation de magicien. Charles de Bovelles, passé par Sponheim en 1503, considère la stéganographie comme de la sorcellerie.

Parmi ses disciples se trouve Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, qu'il rencontre avant 1510. Il aura une forte influence sur Paracelse, qu'il ne rencontra pas. Il est mort le 16 décembre 1516, au monastère de Wurtzbourg.

Chroniques

Jean Trithème a laissé de nombreuses chroniques, qui concernent particulièrement son ordre monastique, celui des bénédictins. Il procède à la façon des Humanistes, dont il est un des premiers représentants, c'est-à-dire de façon érudite.

Stéganographie

La Polygraphie de Trithemius. Page de la Polygraphie de Trithemius, édition de 1550. Theban Alphabet, Polygraphie

Son ouvrage le plus connu est Steganographia (Stéganographie), composé vers 1499 et publié à Francfort en 1606. Cet ouvrage en trois volumes se présente comme un traité d'angélologie d'inspiration kabbaliste, avec des explications pour communiquer sur de longues distances avec les esprits. Le véritable contenu, concernant la cryptographie, est dissimulé par un procédé stéganographique. Première clef : "le changement des voyelles avec les consonnes dans certains mots : A = b, E =c, etc/, de sorte que "Trdthcmc" = "Trithème". Deuxième clef : le premier mot et le dernier du message ne comptent pas, seuls interviennent les mots pairs, et dans chaque mot ne jouent que les lettres paires ; ainsi, le message "aceo atsrhiqt psalr chaetmce ulgp" devient "atsrhiqt psalr chaetmce", puis "atsrhiqt chaetmce", enfin "Tritheme".

En 1606, la méthode pour déchiffrer les deux premiers tomes est publiée. Le troisième volume fut considéré pendant longtemps comme un ouvrage de magie, mais les incantations dissimulaient également un contenu sur la cryptologie.

En Allemagne, au XVIIe siècle, de nombreux auteurs ont prétendu qu'il était l'inventeur du carré de Vigenère. Un tel tableau se trouve dans son ouvrage Polygraphia (La Polygraphie), paru en 1518. C'est la première fois que cette méthode, le chiffre de Trithémius, apparaît.

Dans les Ave Maria de Trithème chaque lettre est remplacé par un groupe de mots : le message codé devient un poème évoquant la vie du Christ ressuscité  : A perpétuité, dans les cieux, toujours, éternellement, dans la béatitude.

Astrologie cyclique

Le De septem secundeis (Des causes secondes, 1508) présente un schéma d'histoire du monde déterminé planétairement. Il pense que Dieu gouverne le monde avec sept Esprits, Intelligences, correspondant aux sept planètes. L'histoire du monde, sa "chronologie mystique" (Chronologia mystica), est répartie en périodes de 354 ans 4 mois, sous l'influence d'une des planètes.

Cette idée a été probablement empruntée à Pietro d'Abano. Dans un cycle de 2480 ans se suivent les règnes de Saturne et de l'ange Orifiel, de Vénus et l'ange Anaël, Jupiter et Zachariel, Mercure et Raphaël, Mars et Samaël, la Lune et Gabriel, le Soleil et l'ange Michaël, puis à nouveau Saturne, etc. Le monde fut créé le 15 mars de l'an premier sous Saturne et 5199 ans plus tard, en l'an 245 du troisième retour de Saturne naquit Le Christ. En 1508, quand Trithemius écrit son traité, approche la fin du troisième règne de Mars et selon sa prédiction une nouvelle religion apparaîtra avant 1525.

Magie angélique

Le troisième livre de la Stenographia relève de la magie : il s'agit de prononcer un message au-dessus de l'image d'un ange planétaire à un moment déterminé par des calculs astrologiques. Les procédés kabbalistiques utilisés sont ceux de la science des lettres des kabbalistes, gematria (valeur numérique des lettres) et notarikon (utiliser les lettres initiales, intermédiaires et finales comme abréviations de termes, expressions ou énoncés). Les anges sont évoqués en modelant des figures de cire auxquelles il faut adresser des invocations ; ou bien c'est l'opérateur qui doit écrire son nom sur son front avec de l'encre mélangée à du suc de roses.

Selon Luther (Tischreden. Propos de table, 1566, n° 4450), Jean Trithème aurait réussi une évocation d'esprits illustres devant l'empereur germanique Maximilien Ier, dont celui de son épouse, Marie de Bourgogne, décédée en 1482. Trithème étant opérateur, le spectre de Marie, dit-on, se montra ; Maximilien s'élança vers elle, il trouva même une verrue qu'il savait être située à la nuque de la princesse.

Bibliographie

Autobiographie

Correspondance

Ouvrages historiques ou monastiques

(par ordre alphabétique)

Catalogus illustrium virorum Germaniae, 1495

Ouvrage d'astrologie mondiale

Ouvrages de cryptographie (et de théurgie)

Ouvrages de magie

Compilations


Études sur Jean Trithème

(par ordre alphabétique)

Notes et références

  1. Certains auteurs disent en 1485.
  2. (en) Extraits du De laude scriptorum
  3. Comme prieur selon une autre source.
  4. P. A. Riffard, Dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, 1983, p. 317.
  5. Daniel P. Walker, Spiritual and Demonic Magic from Ficino to Campanella, Londres, 1958, p. 86-90. Nicholas H. Clulee, John Dee's Natural Philosophy, Londres, 1988, p. 137.
  6. Daniel-P. Walker, La Magie spirituelle et angélique. De Ficin à Campanella (1958), trad., Dervy, 1988, p. 80-82.
  7. https://play.google.com/books/reader?id=RbZKAAAAcAAJ&printsec=frontcover&output=reader&hl=en&pg=GBS.PA63
  8. https://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0004/bsb00040384/images/
  9. « ALO docView - Liber octo quaestionum ad Maximilianum Caesarem de fide et… », sur literature.at (consulté le 20 avril 2023).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes