Directeur Maison franco-japonaise | |
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1939-1946 | |
Léon Mazeaud | |
Président Société de l'École des chartes |
Naissance |
24 avril 1892 Rennes |
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Décès |
13 février 1975 (à 82 ans) Cannes |
Sépulture | Cimetière du Nord |
Nom de naissance | Frédéric Marie Denis Georges Joüon des Longrais |
Nationalité | française |
Formation |
École nationale des chartes Faculté de droit de Paris Université d'Oxford |
Activité | Historien |
Père | Frédéric-Louis-Marie Joüon des Longrais (d) |
A travaillé pour |
École pratique des hautes études École nationale des chartes |
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Propriétaire de | Fort la Latte |
Membre de |
Société de l’histoire de France (1920) Académie japonaise des sciences |
Distinctions |
Frédéric Joüon des Longrais, né le 24 avril 1892 à Rennes, Ille-et-Vilaine, et mort le 13 février 1975 à Cannes, est un historien français, spécialiste du droit médiéval anglais, français et japonais.
Frédéric Joüon des Longrais est né dans une famille d'ancienne bourgeoisie originaire de Bretagne issue de Jean Joüen, sieur de La Brosse (né en 1590), bourgeois de Poligné, (Ille-et-Vilaine). *René Joüon, sieur du Bas-Feil (1636-1690), était notaire et procureur fiscal à Poligné. *Thomas Joüon (1695-1738), était sénéchal, procureur fiscal de La Cochetière.
Frédéric Joüon des Longrais est né à Rennes le 24 avril 1892. Il est le fils de Frédéric-Louis-Marie Joüon des Longrais (1841-1918), (École des Chartes-Promo-1880), archiviste-paléographe, président de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, et de Marie-Louise Potier de La Ferrière.
Voyageant à plusieurs reprises dans son enfance (Espagne, Italie...), il fit ses études dans sa ville natale, obtenant deux licences ès lettres et en droit et intégra avec succès l’École des chartes en 1913. Malgré l’interruption de ses études lors de la guerre, il put achever ses études et obtint le diplôme d’archiviste paléographe en 1920. Poursuivant ses travaux dans l’étude du droit anglais, français et breton, et du droit historique au Moyen Âge, il obtint un doctorat en droit à la faculté de Paris en 1924. Il bénéficia de l’enseignement de professeurs anglais à Oxford durant ses études.
Il orienta ainsi la première partie de sa carrière sur l’étude du droit anglais, gagnant une certaine renommée qui lui valut ultérieurement la chaire de droit civil et canonique de l’École des chartes en 1946, où il avait eu l’occasion d’enseigner dès 1923. Dès lors, il partagea son temps de recherche entre la France et l’Angleterre, où il donnait des conférences notamment à Oxford et Cambridge. En 1934, il prit également part à la mission Jacques Cartier au Canada.
La deuxième partie de son parcours académique prit une nouvelle trajectoire en se tournant vers l’Asie de l'Est, et principalement le Japon. Il avait en effet effectué un long voyage en Asie de l’Est au lendemain de sa thèse, qui lui avait inspiré un ouvrage précis en 1927, Extrême Asie, de Yokohama à Singapore, ainsi que Jeune Chine et Japon moderne en 1934. Il avait pris alors de nombreux contacts avec des juristes locaux, afin de nourrir sa compréhension de l’archipel, comme Naojirō Sugiyama et Saburō Yamada. Par suite, il fut nommé en 1939 directeur de la Maison franco-japonaise à Tokyo et séjourna sept ans sur l’archipel. Il put s’intéresser à diverses sources historiques en langue locale malgré les vicissitudes dues à la guerre, qui l’obligèrent à se réfugier dans les régions montagneuses au nord de Tokyo. Il dut également après la guerre plaider pour le maintien d'une double gouvernance (France et Japon) de la Maison franco-japonaise. Ce séjour lui inspira en 1958 sa monographie L’Est et l’Ouest, sous-titrée Six Études de sociologie juridique ; il y développa ses travaux passés sur le pays du soleil levant. Plusieurs autres études du Japon, notamment médiéval (époque de Kamakura et des samouraïs), vinrent s’ajouter à la somme de ses publications, parfois en japonais.
Frank, Boussard, Pocquet du Haut-Jussé ou McAleavy évoquent tous son intérêt et son amour du Japon, et soulignent que les impressions nées de son séjour sur l’archipel l’ont si fortement marqué qu’elles sous-tendirent longtemps toute son œuvre, n’hésitant pas désormais à comparer les institutions et le droit japonais, français et anglais, en regard des mœurs et des hommes. Son ouvrage L’Est et l’Ouest s’inscrit pleinement dans cette nouvelle approche féconde. Ses publications durant les quelque deux décennies qui suivirent son séjour lui apportèrent une réputation mondiale. Il opéra dans son dernier ouvrage publié, Tashi, le roman de celle qui épousa deux empereurs (Nidai no Kisaki) (1140-1202), la convergence et la synthèse de l’ensemble de ses travaux et de ses conceptions.
Il meurt le 13 février 1975 à Cannes, et ses obsèques se déroulent à Rennes, sa ville natale.
Passionné d'archéologie, Frédéric Joüon des Longrais s'est rendu acquéreur de la forteresse médiévale de fort la Latte, près du cap Fréhel, (Côtes-d'Armor) dont il a entrepris la restauration.
Il fut élu membre honoraire de l’Académie du Japon en 1952, décoré par l’empereur du cordon de l’ordre du Soleil levant en 1954 et nommé docteur honoris causa de l’université de Kyūshū en 1966. En France, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1952 (officier en 1960), président de la Société de l’École des chartes en 1962, et obtint la médaille d’argent du CNRS en 1968.