Fleur de lys

Fleur de lys. Fleur de lys dans la couronne, ordre du Saint-Esprit et armoiries.

La fleur de lys, ou fleur de lis (⚜), est un meuble héraldique. C'est l'une des quatre figures les plus populaires avec les multiples croix, l'aigle et le lion. Elle est habituellement classée parmi les figures naturelles.

La fleur de lys ne représente pas le lys (Lilium sp.) que l'on trouve dans les jardins (utilisé plus rarement en héraldique sous le nom de lys de jardin). Certains auteurs comme Charles Bruneau y voient plutôt une représentation stylisée de l'iris des marais.

Du fait de sa valeur dans la tradition chrétienne, la fleur de lys était symboliquement très présente sous la forme d'aigrette trifide, dans l'Empire byzantin puis dans les royaumes francs et le royaume lombard. Ce symbole fut utilisé par les souverains carolingiens puis par leurs successeurs, empereurs ottoniens et rois capétiens. C'est sous le règne de Louis VII que l'expression « fleur de lis » apparut et que les fleurs de lis d'or sur champ d'azur devinrent les armes de France et l'emblème spécifique des rois de France. Aujourd'hui délaissée en France, elle est encore en Amérique du Nord un symbole de la présence francophone, en particulier au Québec où elle fait office de symbole national.

Une fleur de lys blanche est l'élément central du logo de l'emblème du scoutisme mondial choisi par son fondateur Baden Powell depuis sa création.

Sur les cartes anciennes la fleur de lys est traditionnellement utilisée pour indiquer le nord et souvent additionnée à une rose des vents sur les cartes marines.

Les fleurs de lys de France

Légendes sur l'origine des fleurs de lys de France

De nombreuses légendes ont cherché à expliquer l'origine des armes de France.

Le lys chez les Carolingiens

Le lys apparaît dans le monde franc à la fin du règne de Pépin le Bref (715-768) et au début de celui de Charlemagne (742-814), qui furent précisément en contact de plus en plus étroit avec les Lombards.

Le lys chez les Capétiens

Fleur de lys, collée dans un manuscrit de médecine du XVIIe siècle. Le lys sous les premiers Capétiens directs

Dès les premiers Capétiens directs, le lys est présent dans la symbolique royale : Hugues Capet a sur son sceau une couronne de trois lys ; Robert II le Pieux, sur son deuxième sceau en navette, porte une couronne fleurdelisée et tient un fleuron à trois étages ; Philippe Ier est représenté coiffé d’une couronne à trois lys avec dans sa main droite un fleuron du genre lotus à trois pétales et un long sceptre à lis ; sous Louis VI , est frappé un denier dont la croix est cantonnée de deux lis sous forme de trois pétales sortant d’un triangle ; Louis VII, fut nommé à sa naissance Florus selon Ordéric Vital dans son Historia Ecclesiastica et son sceau le montre avec trois lis sur sa couronne.

Apparition de la fleur de lys sous Louis VII

Il semble que Louis VII ait joué un rôle déterminant dans l'adoption de la fleur de lys comme symbole spécifique de la royauté française. De fait, l'héraldique apparaît sous son règne et, à partir de Louis VII, le décor royal et étatique est criblé de fleurs de lys.

Les armes de France depuis Louis VII

Le baron François-Marie-Claude Richard de Hautesierck (1713-1789) fit établir cette borne-frontière portant fleur de lys près de la cité Bois-Richard de L'Hôpital (Moselle). Cette borne a été déplacée et se trouve placée près de l'église de Lauterbach (Sarre). Représentations

Les fleurs de lys sont couramment représentées sous une forme stylisée, jaune sur fond bleu : d'azur semé de lys d'or ou d'azur à trois lys d'or pour la version « moderne ».

Symbolisme Abolition de la fleur de lys comme symbole de la France

La fleur de lys hors des armes de France

Une fleur d'iris des marais, Iris pseudacorus.

La fleur de lys se retrouve notamment sur des villes dont le nom évoque les mots lys ou fleurs, on parle d'armes parlantes. On la retrouve aussi dans des armes ou des drapeaux indiquant une origine dans la France royale, notamment chez les Franco-Américains.

D'autres villes, familles, organisations, villes, provinces ou États utilisent ou ont utilisé ce symbole. On peut citer par exemple :

Le lys hors du monde franc

Le meuble héraldique

Composants

La fleur de lis est constituée de :

La fleur de lis peut être enrichie de quelques accessoires et produire des variantes sans que soit modifiée sa nature fondamentale (voir quelques exemples dans la galerie ci-dessous).

La fleur de lis, meuble de meuble

La fleur de lis intervient assez peu dans les autres meubles. Ci-contre une croix et un trêcheur fleurdelysés ou fleurdelisés (mais on dit aussi florencés). Le double trêcheur fleurdelisé et contre-fleurdelisé du blason des rois d'Écosse est passé dans le langage héraldique de ce pays sous le nom de « trêcheur royal » (royal tressure). Il est souvent employé comme augmentation.

À noter que pour la croix comme pour le sceptre de Trieste, la fleur de lis perd sa partie inférieure. Elle est dite « nourrie » ou « au pied nourri » (on ne voit pas ses racines, si on les voyait elle ne serait plus « nourrie »). Le terme de « au pied coupé » concernant tout végétal représenté sans racine est parfois utilisé pour la fleur de lis à la place de son terme spécifique.

Différentes représentations

Suivant les époques et les modes, la fleur de lys (comme pratiquement tous les autres meubles héraldiques) s'est vue figurée - et parfois défigurée - selon une très grande variété de styles, des plus simples silhouettes jusqu'aux représentations détaillées, en passant par des figures surchargées, peu compatibles avec la nature de l'héraldique, qui ne manipule que des symboles. Même certaines villes ont adopté leur propre style de fleur de lys (voir galerie).

Galerie

Drapeaux avec fleurs de lys Drapeaux des provinces françaises avec fleurs de lys (symbole du rattachement au Royaume de France)


Armes avec fleurs de lys Différents types de fleur de lys

Encodage informatique

Encodage informatique du caractères de fleur de lys
nom glyphe code HTML décimal code HTML hexadécimal Unicode
fleur-de-lis ⚜ ⚜ U+269C

Notes et références

Notes

  1. Plus tard, les chevaliers porteront leurs armes au même endroit.
  2. Philippe Ier eut un fils nommé Florus.
  3. Sur les monnaies royales, la représentation de fleur de lys sortant d'un triangle perdurera jusqu'à Jean II le Bon ; on les retrouve aussi ce type de représentation sur la fresque de l'ancienne commanderie du Temple de Cressac (du Dognon, Charente) peinte vers 1170-1180 ; la fleur de lis d'or peut être assimilée à un sceptre d'or et dans ce cas, le triangle pourrait être selon Hervé Pinoteau le culot d'insertion de la hampe.
  4. Un passage du Livre de la Sagesse 18-24, apprend que la robe talaire du grand prêtre figurait tout l’univers, en latin totus orbis terrarum.
  5. Les différentes communautés francophones du Canada utilisent la fleur de lys comme témoignage de leur appartenance à la francophonie en la plaçant sur leur drapeau.
  6. Les organisations et événements scouts reprennent la fleur de lys dans leur logo, voir par exemple le Symbole du Jamboree Mondial Scout 1947.

Références

  1. Pernette Rickli-Gros et Béatrice Obergfell, Genève et ses mystères - Flâneries insolites dans l'histoire, 2007.
  2. On peut lire (orthographe respectée:), dans Traité singulier du blason par Gilles-André de la Roque édité à Paris chez Sébastien Mabre-Cramoisy, Imprimeur du Roy, rue Saint-Jacques, aŭ Cigognes. M. DC. LXXIII, Avec privilège de Sa Majesté : Page 41 : Barthelemi Chassanée (Barthélemy de Chasseneuz), après avoir parlé de la Verge de Justice, & du Sceptre ou Baston de commandement, qui est orné à la cime d'une Fleur de Lis, dit que le Roi de France ne peut concéder le port de ses Armes, parce qu'elles lui appartiennent, non par coutume, mais par révélation divine, faite à Clovis, de prendre les Fleurs de Lis envoiées du ciel au lieu des trois Crapaux…
    Page 42 : Robert Gaguin dit expressément que la vie de Clovis premier Roi Chrétien en France, qu'il a appris de la renommée, que les trois Crapaux que le Rois de France portoient pour leurs Armes, furent changez aux Fleurs de Lis d'or en champ d'azur, envoiées du Ciel lors du Baptême de Clovis…
    Mais certains auteurs parlent de 3 croissants, d'autres de 3 abeilles….
  3. Le « Gué de la biche » qui existe toujours sous le nom de « Pas de la biche » au niveau de Châtellerault.
  4. Jean-Baptiste de Vilmorin, Marcel Clébant, Le jardin des hommes : vagabondages à travers l'origine et l'histoire des plantes cultivées, Éditions Belfond, 1991, p. 263.
  5. Relevons également que le nom de cette fleur est « gele lis » en néerlandais moderne, or la langue néerlandaise et le flamand sont issus du bas-francique que parlaient les Francs saliens. (nl) Voir l'article « Gele lis » sur Wikipédia en néerlandais..
  6. La Venise Verte, par Jacques Sigot et J-Pierre Rault, éditions CMD 1997.
  7. Miljenko Jurkovic, « Quelques réflexions sur la basilique carolingienne de Saint-Denis : une œuvre d’esprit paléo-chrétien » , L’abbé Suger, le manifeste gothique de Saint-Denis et la pensée victorine (« Rencontres médiévales européennes » 1), actes du colloque de la Fondation Singer-Polignac en 2000, Turnhout, 2001, p. 37-57.
  8. Pinoteau 2004, p. 91.
  9. Marie-Pierre Laffitte, Charlotte Denoël, Patricia Roger, Art de l'enluminure, mars-avril-mai 2007, Dijon.
  10. Pinoteau 2004, p. 105.
  11. Encyclopædia Universalis, p. 1132.
  12. Pinoteau 2004, p. 109.
  13. Pinoteau 2004, p. 435.
  14. Pinoteau 2004, p. 194.
  15. Pinoteau 2004, p. 436-438>.
  16. Hervé Pinoteau, Thesaurus Index de l'Encyclopædia Universalis, Paris, 1975, t. 2, p. 1132.
  17. Hervé Pinoteau, Héraldique Capétienne, Introduction, 1979, p. II.
  18. Hervé Pinoteau, Communication à la Société nationale des Antiquaires de France le 14 mai 1980.
  19. Hervé Pinoteau, Nouvelles études dynastiques : héraldique, vexillologie, phaléristique (avec la collaboration de Jean de Vaulchier), Le léopard d'or, 2014, p. 21.
  20. Hervé Pinoteau, Nouvelles études dynastiques : héraldique, vexillologie, phaléristique (avec la collaboration de Jean de Vaulchier), Le léopard d'or, 2014, p. 19.
  21. Livre de la Sagesse, 5, 18-21.
  22. Pinoteau 2004, p. 333.
  23. Pinoteau 2004, p. 334.
  24. Pinoteau 2004, p. 330.
  25. Frédéric de Cannart d'Hamale, Monographie historique et littéraire des lis, J. Ryckmans-Van Deuren, 1870, p. 31.
  26. Pinoteau 2004, p. 329-330.
  27. Pinoteau 2004, p. 329.
  28. Pinoteau 2004, p. 440.
  29. Hélène Duccini, Faire voir, faire croire. L'opinion publique sous Louis XIII, Éditions Champ Vallon, 2003, p. 207.
  30. Jean-Bernard CAHOURS D’ASPRY, Des fleurs de lis et des armes de France : Légendes, Histoire et Symbolisme, Atlantica, 25 mai 2006, 138 p. (ISBN 978-2-84394-861-9)
  31. 21 janvier 1948 - Adoption par l'assemblée législative du fleurdelisé comme drapeau officiel du Québec, Bilan du siècle, Université de Sherbrooke, consulté en ligne le 15 novembre 2007.
  32. http://4.bp.blogspot.com/_EUKg0OywzZY/SpbvCvmB_JI/AAAAAAAAAEg/7_sGBZmHQqs/s1600/400+FDL.jpg .
  33. (en) Robert Baden-Powell, Scouting for Boys, Londre, Horace Cox, january–march 1908 (lire en ligne), p. 37
  34. Pinoteau 2004, p. 131.
  35. Jacques Fontaine, Isidore de Séville. Genèse et originalité de ma culture hispanique au temps des Wisigoths, Turnhout, 2000, fig. 56 et 82b.
  36. Maurice Broëns, « L’iconographe des cultes solaires dans la chrétienté médiévale », Chtonia, Barcelone, 1963, no 7-8.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes