Dorothy L. Sayers

Dorothy L. Sayers Description de cette image, également commentée ci-après Dorothy L. Sayers (1925). Données clés
Nom de naissance Dorothy Leigh Sayers
Naissance 13 juin 1893
Oxford, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Décès 17 décembre 1957
Witham, Essex, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Activité principale Romancière, nouvelliste, traductrice, essayiste, dramaturge
Auteur
Langue d’écriture Anglais britannique
Genres Roman policier, nouvelle, essai

Œuvres principales

La Cathédrale Christ Church d'Oxford où le père de Dorothy Sayers occupe un poste de directeur.

Dorothy Leigh Sayers (Oxford, Oxfordshire, 13 juin 1893 - Witham, Essex, 17 décembre 1957) est une femme de lettres et une romancière britannique, également poète, dramaturge, essayiste et traductrice. Elle est aujourd’hui principalement connue pour son travail d’écrivain et notamment pour ses romans policiers, ayant pour héros l'aristocrate dilettante Lord Peter Wimsey, écrits pendant l'entre-deux-guerres.

Le Somerville College d'Oxford où étudie la jeune Dorothy Sayers.

Biographie

Fille unique du pasteur de Witham, Henry Sayers, qui est chef de chœur de la Cathédrale Christ Church d'Oxford, elle « grandit dans l'amour des livres et la culture classique » au petit village de Bluntisham dans le Huntingdonshire où son père est nommé recteur. Elle « fait preuve dès son jeune âge d'un intérêt prononcé pour les langues, apprenant le latin à sept ans et s'initiant au français auprès de sa gouvernante ». Elle entre en 1912 au Somerville College de l'université d'Oxford. Après de brillantes études, « elle devient en 1915 (et avec mention) l'une des premières femmes diplômées d'Oxford ». Elle obtient également, « en 1920, un Master of Arts en littérature médiévale ».

Issue « de la bourgeoisie de province anglaise que va ruiner la Guerre de 14 », elle se destine à l'enseignement et est brièvement professeur de littérature, mais elle se rend compte qu'elle ne supporte pas ce métier. Elle séjourne en France comme professeur-assistante d'anglais, mais cela ne l'enchante pas. Son meilleur souvenir de la France est d'y avoir lu tous les romans d'Arsène Lupin et d'avoir fréquenté, à l'École des Roches, en Normandie, le séduisant Eric Whelpton (en), dont elle s'inspire pour créer Lord Peter Wimsey, le héros de ses futurs romans policiers.

De retour en Angleterre, elle trouve, à partir de 1921, « un travail de rédactrice, assez bien payé, dans une agence de publicité de Londres, la Benson's Advertising Agency ». « Elle va rester dix ans chez Benson » et cette expérience lui sert plus tard à évoquer le milieu des salles de rédaction publicitaire dans Lord Peter et l'Autre. Elle crée notamment des publicités pour la bière Guinness et la moutarde Colman (sans rapport avec le Colonel Moutarde du jeu Cluedo, plus tardif). Après s'être intéressée un temps aux mouvements socialistes qui façonnent la société anglaise de l'entre-deux-guerres, elle publie en 1923 son premier roman policier, Lord Peter et l'Inconnu, qui met en scène l'aristocratique détective Lord Peter Wimsey, flanqué de son fidèle serviteur Bunter, dans une intrigue où Dorothy Sayers « se moque allègrement des sacro-saintes conventions du genre ». Si ses romans s'intègrent dans le cadre du traditionnel roman d'énigme, elle apporte au genre un ton humoristique, quelques traits acérés contre la société bien-pensante de l'époque, et affuble son héros d'une vie sentimentale faisant totalement défaut aux Sherlock Holmes, Dr Thorndyke, Hercule Poirot et autres célèbres limiers de la littérature policière britannique de l'époque. En effet, Lord Peter s’éprend follement de la belle Harriet Vane (en), qu'il sauve de la pendaison dans Poison violent, épouse dans Noces de crime, et dont il a un enfant dans Le policeman a des visions, une nouvelle de la fin de cycle.

Outre le personnage de Lord Peter, Dorothy Sayers consacre, à partir de 1933, une brève série de nouvelles au personnage de Montague Egg (en), démarcheur spécialisé en vins et spiritueux et « un nouvel enquêteur assez drôle », qui se trouve mêlé à des énigmes policières (il découvre souvent un cadavre) qu'il parvient non sans mal à dénouer.

La vie privée de Dorothy Sayers est moins idyllique que celles de ses personnages de roman. Sa vie sentimentale est tumultueuse et décevante. Une « liaison avec un mécanicien en automobiles dont elle aura un enfant en 1924 », se solde par une séparation et la responsabilité d'élever seule son fils, un choix qu'elle assume au mépris des convenances du temps, dont, heureusement, ses succès littéraires lui permettent de s'affranchir. En 1928, elle épouse le capitaine Mac Fleming, un grand buveur et un paresseux notoire. Cette union difficile, sinon ratée, laisse toutefois Dorothy Sayers libre de ses mouvements pour produire, à un rythme soutenu, les aventures de Lord Peter qui lui apportent gloire et fortune.

Dorothy Sayers abandonne Lord Peter en 1940 pour se consacrer à sa passion, la littérature médiévale. Elle fournit notamment des traductions de La Divine Comédie de Dante et de La Chanson de Roland. De ses romans policiers, on retient, outre les titres déjà cité, Lord Peter et le Mort du 18 juin et Le Cœur et la Raison. Pour Romain Brian, « Cependant, qu'on le veuille ou non - et que Sayers elle-même l'ait voulu ou non - Lord Peter Wimsey demeure un acteur majeur sur la scène policière de la première moitié du XXe siècle ».

De 1949 à sa mort, elle préside le Detection Club.

Après avoir toute la journée fait ses emplettes pour Noël, elle meurt d'une crise cardiaque dans sa résidence de Witham le 17 décembre 1957.

Le roman policier selon Dorothy Sayers

« L'œuvre de Dorothy Sayers n'est pas très abondante pour un auteur de romans policiers » : en tout et pour tout, seulement une douzaine de romans et une cinquantaine de nouvelles.

En dépit de l'originalité de son écriture, Dorothy Sayers subit l'influence de plusieurs auteurs du roman criminel. Ses « premières œuvres, par leur tonalité scientifique, semblent parfois sorties de l'imagination d'un R. Austin Freeman, les dernières s'inscrivent résolument dans la tradition de l'école réaliste », car l'auteur y développe un arrière-plan social, souvent inspiré de son expérience. Par ailleurs, les romans policiers de Dorothy Sayers n'obéissent pas toujours aux normes du whodunit, où l'identité du coupable n'est dévoilée qu'à la fin du récit, notamment dans Arrêt du cœur, « au risque de décevoir et même de choquer une grande partie des amateurs de romans problèmes ». Pour elle, comme elle l'écrit en 1928 dans la préface de premier volume de l'anthologie The Omnibus of Crime, « le "comment ?" est aujourd’hui la seule question qui puisse offrir la moindre possibilité nouvelle et qui soit suffisamment ingénieuse pour tenir le lecteur en haleine ». Ainsi l'action de Le Cœur et la Raison se situe dans un collège pour jeunes filles d'Oxford et « les doutes de l'héroïne Harriet Vane concernant son métier d'écrivain de romans policiers sont à n'en pas douter ceux de Sayers elle-même ». Ce roman traduit très tardivement en français est un policier sans meurtre et il attire peu l'attention de la presse française. Ce sera le dernier roman policier de Dorothy Sayers, Busman's Honeymoon ayant d'abord été conçu comme une pièce de théâtre avant d'être réécrit en roman. Autre exemple, l'intrigue du roman Les Neuf Tailleurs se déroule à Bluntisham, le village natal de Sayers dans le Huntingdonshire, et décrit avec acuité le milieu social de cette petite communauté rurale anglaise.

Curieusement, sans parvenir à repousser totalement les limites du genre policier, Sayers sait reconnaître le talent. Ainsi prit-elle la défense de la romancière Agatha Christie, dont le roman, Le Meurtre de Roger Ackroyd, avait offusqué par sa « malhonnêteté » narrative les dignes membres du Detection Club. Pour rendre hommage à celle qui l'avait inconditionnellement soutenue, à la mort de Dorothy Sayers, Agatha Christie lui succède à la présidence du Detection Club. Sayers était aussi connu pour avoir contribué à promouvoir le genre du roman policier et avoir cherché à le « renouveler en encourageant de jeunes auteurs comme John Dickson Carr ».

Œuvre

Romans

Série Lord Peter Wimsey Autres romans

Recueils de nouvelles de la série Lord Peter Wimsey

Nouvelles

Série Lord Peter Wimsey Série Montague Egg Autres nouvelles

Théâtre

Poésie

Correspondances

Traduction de La Divine Comédie de Dante

Autres traductions

Essais sur Dante

Autres publications

Filmographie

Adaptations au cinéma

Adaptations à la télévision

Notes et références

  1. Anne Martinetti, "Le Masque" : histoire d'une collection, Amiens, Encrage, coll. « Références » (no 3), 1997, 143 p. (ISBN 978-2-906389-82-3), p. 94
  2. Claude Mesplède, Dictionnaire des littératures policières, vol. 2 : J - Z, Nantes, Joseph K, coll. « Temps noir », 2007, p. 725.
  3. Anne Martinetti, "Le Masque" : histoire d'une collection, Amiens, Encrage, coll. « Références » (no 3), 1997, 143 p. (ISBN 978-2-906389-82-3), p. 94.
  4. Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret, Le Vrai Visage du Masque, vol. 1, Paris, Futuropolis, 1984, 476 p. (OCLC 311506692), p. 389.
  5. Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret, Le Vrai Visage du Masque, vol. 1, Paris, Futuropolis, 1984 (OCLC 311506692), p. 390
  6. Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret, Le Vrai Visage du Masque, vol. 1, Paris, Futuropolis, 1984 (OCLC 311506692), p. 390.
  7. Claude Mesplède, Dictionnaire des littératures policières, vol. 2 : J - Z, Nantes, Joseph K, coll. « Temps noir », 2007, p. 726.
  8. LeRoy Lad Panek (trad. de l'anglais par Gérard Coisne), British Mystery : Histoire du roman policier classique anglais, Amiens, Encrage, coll. « Travaux no 5 », 1990, 219 p. (ISBN 2-906389-18-8, OCLC 34519906), p. 81.
  9. Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret, Le Vrai Visage du Masque, vol. 1, Paris, Futuropolis, 1984, 476 p. (OCLC 311506692), p. 391.
  10. Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret, Le Vrai Visage du Masque, vol. 1, Paris, Futuropolis, 1984, 476 p. (OCLC 311506692), p. 390.
  11. Liste des membres et des présidents
  12. Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret, Le Vrai Visage du Masque, vol. 1, Paris, Futuropolis, 1984 (OCLC 311506692), p. 391
  13. Cité dans Claude Mesplède, Dictionnaire des littératures policières, vol. 2 : J - Z, Nantes, Joseph K, coll. « Temps noir », 2007, p. 726.
  14. Jean-Marie Planes, « J'irai cracher sur vos toges », Sud-Ouest,‎ 1er juillet 2018
  15. Claude Mesplède, Dictionnaire des littératures policières, vol. 2 : J - Z, Nantes, Joseph K, coll. « Temps noir », 2007, p. 727.
  16. Palmarès prix Anthony 2000

Sources

Liens externes