Assimilation (phonétique)

L'assimilation phonétique est un type très fréquent de modification phonétique subie par un son au contact de son voisin (contexte), qui tend à réduire les différences entre les deux. Elle consiste en l'acquisition par un son d'une ou plusieurs caractéristiques propres à un son voisin. À l'inverse, lorsque deux sons semblables en contact plus ou moins direct s'éloignent l'un de l'autre, on parle de dissimilation entre des sons qui ne sont pas en contact direct ; une action à distance de l'un des sons sur l'autre, se nomme une dilation (l'harmonie vocalique en est un exemple).

Le phénomène de l'assimilation phonétique est liée à une contrainte physiologique, celle de la lenteur des organes de la parole. Pour mettre en évidence une assimilation, il faut pouvoir comparer deux prononciations comme une à lecture lente et une autre à lecture rapide ou courante.

Exemples

« Je ne sais pas » est souvent prononcé comme « chais pas » dans la langue orale familière à la suite d'une assimilation progressive. Néanmoins, tous ces intermédiaires-ci sont couramment utilisés :

Prononciations d'un énoncé

La comparaison de deux prononciations de l'énoncé « des rouleaux de soie » permet de mettre en évidence le phénomène de l'assimilation phonétique :

Remarques

On remarque que la prononciation rapide ou courante donne lieu à deux phénomènes linguistiques :

Hypothèse

Pour expliquer ce phénomène, il faut analyser les caractéristiques des sons , et . Le son est une consonne occlusive lamino-dentale (ou lamino-alvéolaire) sonore et orale. L'élision du /ə/ donne lieu au rapprochement du son avec le son , qui est sourd (ou non voisé). À cause de la lenteur des organes de la parole, le son adopte la surdité, ou le non voisement, du son , qui le suit, et devient . L'analyse phonétique comparée des sons et permet de valider cette hypothèse :

Conclusion

Le son devient donc par assimilation de la surdité, ou du non voisement, du son qui le suit. La notation d'une assimilation phonétique s'effectue avec les diacritiques ; dans cet exemple, le dévoisement du son sera indiqué avec le diacritique  : . En effet, dans une analyse, et /d/ dévoisé ne sont pas identiques : dans le second, les muscles impliqués dans la parole ne sont pas aussi actifs (normalement, un son sonore étant déjà accompagné des vibrations glottales, qui le rendent plus intense) que dans le premier : on dit que est une consonne douce, une forte (comme le sont normalement les sourdes). À l'inverse, un , consonne forte, devient lorsqu'il est voisé, proche de mais fort.

Types

On distingue plusieurs types d'assimilation phonétique en suivant la position des sons qui sont influencés par rapport au son qui influence.

Assimilation régressive

Dans les transcriptions suivantes, le symbole → signifie « se rapproche de » et non « devient ».

Une assimilation régressive est celle par laquelle le son influencé se situe avant le son qui l'influence :

Assimilation progressive

Une assimilation progressive est celle par laquelle le son influencé se situe après le son qui l'influence :

Assimilation double

Une assimilation double est à la fois régressive et progressive :

Critères de régression ou de progression

Il n'est pas possible de prédire avec exactitude l'occurrence des assimilations. En revanche, certains critères permettent de déterminer leur régression ou leur progression :

Assimilation directe

Une assimilation directe est celle dans laquelle deux sons sont en contact. On distingue les assimilations directes au sein d'un même mot et les assimilations directes à l'intérieur d'une phrase.

Au sein d'un même mot

Il est difficile de parler d'assimilation au sein d'un même mot, à la jonction de deux syllabes. On peut ainsi prendre trois exemples qui permettraient logiquement de mettre en évidence ce type d'assimilation :

Or, pour mettre en évidence une assimilation, quelle qu'elle soit, il faut disposer de deux prononciations. Dans les trois cas ci-dessus, il serait nécessaire de faire un découpage syllabique de la prononciation pour mettre en évidence les assimilations :

Cette théorie de l'assimilation directe au sein d'un même mot, entre deux syllabes, est contestée par un certain nombre de linguistes, qui préfèrent parler de corrélation de voisement entre deux consonnes : si la première consonne est sonore, la deuxième le sera également et inversement.

L'assimilation est liée à deux facteurs :

Au sein d'une même phrase

Les assimilations directes au sein d'une même phrase, entre deux mots, sont plus facilement mises en évidence :

Assimilation indirecte

Une assimilation indirecte ne se produit qu'après une élision :

Il faut noter que bien qu'« indirectes », ces assimilations n'en sont pas des dilations, les sons restant en contact direct.

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